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Le docteur Anne-Marie Durand met en garde contre les amalgames entre grippe et coronavirus ©BFM Lyon

Depuis ce mardi, les vaccins contre la grippe sont distribués aux personnes les plus fragiles. Les professionnels de santé et les aidants sont aussi invités à se faire vacciner, pour leur protection, et pour celle de leurs patients ou proches fragiles. Un geste vaccinal encore plus important que les autres années avec l’accélération des cas de contamination au coronavirus. Peut-on se permettre une nouvelle épidémie de grippe ? Le point sur la situation avec le Docteur Anne-Marie Durand, directrice de l’Agence Régionale de Santé publique, invitée de l’émission Votre Santé sur BFM Lyon.

Depuis le début de la pandémie, le coronavirus a fait plus de 33 000 morts en France. Mais, chaque année, la grippe est aussi responsable d’au moins 10 000 morts. Un chiffre d’autant plus inquiétant cette année avec l’aggravation de l’épidémie de Covid-19. En effet, le secteur hospitalier est déjà saturé par les cas de contamination. Les centres de dépistage sont débordés et le personnel soignant épuisé alors qu’un nouveau confinement est instauré depuis le 30 octobre.

La France peut-elle se permettre une « double-vague » ? Comment gérer à la fois la grippe et le coronavirus ? Le Dr Anne-Marie Durand, directrice de l’ARS Auvergne Rhône-Alpes, répond aux questions d’Elodie Poyade et de Pascal Auclair dans l’émission « Votre Santé » sur BFM Lyon.

La grippe, un fléau à vacciner

Pascal Auclair : Parmi ceux qui reçoivent le bon de vaccin gratuit, 33% vont réellement se faire vacciner contre la grippe. Pourquoi ce chiffre si faible ?

Dr Anne-Marie Durand : On a tendance à banaliser un peu trop cette maladie qu’est la grippe. Les symptômes sont assez banals. Ils peuvent incommoder quelques jours mais finissent généralement par passer sans laisser de séquelle. Sauf chez les plus fragiles pour lesquels la grippe peut devenir grave voire mortelle, notamment pour les plus anciens d’entre nous.

Ainsi, il faut absolument chasser cette image d’une pathologie bénigne et dont on a l’habitude. Il est nécessaire de se protéger face à cette maladie. En appliquant les gestes barrières, premiers éléments de protection majeure. Puis en se faisant vacciner, deuxième élément primordial de protection.

Elodie Poyade : Le nombre de vaccins sur la marché a été augmenté de 30 % cette année. Malgré tout, doit-on craindre un risque de pénurie?

Dr Anne-Marie Durand : Les premiers jours montrent un nombre important de personnes allant récupérer le vaccin en pharmacie. Il est donc nécessaire de réguler l’apport du vaccin dans les officines. C’est pourquoi, à la demande de l’Etat, un stock de précaution a été réalisé. Il permettra de réguler l’acheminement des vaccins et prévenir ce risque de pénurie.

En effet, il est essentiel que les personnes les plus fragiles puissent accéder au vaccin dès maintenant. De même, l’ensemble des personnes qui le souhaitent devrait pouvoir également accéder à ce même vaccin.

Les modalités pratiques du vaccin contre la grippe

Pascal Auclair : Concrètement, qui peut se faire vacciner et rembourser ?

Dr Anne-Marie Durand : Les personnes cibles sont les personnes âgées, personnes atteintes de pathologie chronique, d’obésité et enfin les femmes enceintes. Ce sont ces personnes à risque qui reçoivent de la sécurité sociale un bon pour aller se faire vacciner gratuitement. Les professionnels de santé et les aidants sont aussi invités à se faire vacciner, pour leur protection, et pour celle de leurs patients ou proches fragiles.

Pascal Auclair : Quel professionnel de santé peut réaliser l’injection ?

Dr Anne-Marie Durand : Tous les médecins, les sages-femmes, les infirmières et les pharmaciens sont autorisés à réaliser le vaccin.

Grippe et coronavirus : « éviter le cumul » 

Elodie Poyade : Avec la crise sanitaire actuelle, peut-on se permettre d’avoir une épidémie de grippe cette année ?

Dr Anne-Marie Durand : Le coronavirus reste le premier virus à circuler aujourd’hui en France. Malheureusement, il provoque une pathologie qui touche les mêmes personnes, celles habituellement impactées par la grippe. Il faut donc éviter un effet de cumul de ces deux virus, particulièrement chez les personnes plus fragiles.

Elodie Poyade : Est-ce qu’il aurait fallu rendre obligatoire le vaccin contre la grippe ?

Dr Anne-Marie Durand : C’est possible de rendre obligatoire un vaccin, cela a déjà été fait. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait par le gouvernement. Raison pour laquelle il est important que l’on sensibilise la population à risque mais aussi tous les professionnels de santé. Ils doivent être convaincus de la nécessité du vaccin à la fois pour eux-mêmes mais aussi pour l’ensemble des patients.

Pascal Auclair : Risque-t-on d’engorger les centres de dépistage déjà presque saturés ?

Dr Anne-Marie Durand : On a organisé un certain nombre de lieu, d’horaire et de modalités de dépistage afin de fluidifier les fils d’attente. On est également prêt à organiser davantage. Notamment avec des centres spécifiquement prévus pour les personnes prioritaires.

Grippe ou coronavirus, quelle différence ?

Elodie Poyade : Est-ce que le diagnostic entre la grippe et le Covid-19 sera difficile à poser ?

Dr Anne-Marie Durand : Les symptômes sont fréquemment les mêmes. Par chance, le traitement aussi. Faire la différence n’est donc pas d’une importance capitale. Pour autant, on peut réaliser les tests pour l’un et pour l’autre, permettant ainsi de disposer d’un diagnostic certain.

Elodie Poyade : Peut-on envisager une épidémie de grippe quasiment absente, comme l’hémisphère Sud en a été témoin cet hiver ?

Dr Anne-Marie Durand : Il est vrai qu’habituellement l’hémisphère Sud est touché le premier. Cependant, prédire les chiffres dans l’hémisphère Nord est impossible. La grippe arrivera-t-elle « normalement » ? Sera-t-elle décalée ? Peut-être même n’arrivera-t-elle pas ? En revanche, cette raison n’est pas suffisante pour ne pas s’en protéger. Il faut réaliser le vaccin malgré cette incertitude.

A SAVOIR

Cette année, l’objectif du ministère de la Santé est d’atteindre 75 % de vaccinations sur l’ensemble de la population. Le but ? Eviter d’accroître les hospitalisations et mieux protéger les personnes à risque. En effet, trois quarts des personnes admises en réanimation l’année dernière étaient éligibles à la gratuité de la vaccination.

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Experte en sujet psycho, Chloé Robert a évolué plusieurs mois au sein de la rédaction du Groupe Ma Santé. Pendant près de trois ans, elle a mis à profit ses connaissances acquises durant ses études en psychologie pour transmettre des valeurs fortes et décrypte en profondeur toutes les thématiques dans ce domaine : Covid-19, autisme, schizophrénie, burn-out, suicides liés au travail, forme...

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