La grippe saisonnière a déjà fait plus de 2 millions de victimes en France et engendré au moins 72 décès. Devant l’étendue de l’épidémie, le ministère de la Santé vient d’annoncer la mise en œuvre du plan Orsan. Objectif: renforcer les dispositifs en place pour gérer une situation exceptionnelle en libérant notamment des lits dans les hôpitaux.
De mémoire de médecin, il y a bien longtemps que la grippe saisonnière n’avait pas été aussi virulente en France. Depuis la pandémie de 2009/2010 plus précisément. De fait, la semaine dernière, selon le réseau Sentinelles, le cap des 2,4 millions de personnes ayant consulté un médecin généraliste pour des syndrome grippaux a été dépassé. Par ailleurs, toujours la semaine dernière, près de 250 nouveaux cas graves de grippe ont nécessité des hospitalisations en réanimation, portant à 728 le nombre total de victimes de la grippe saisonnière hospitalisées depuis le 1er novembre et à 72 le nombre de personnes décédés à la suite de complications de la grippe, essentiellement d’ordre pulmonaires.
Dans ce contexte de crise épidémique, le ministère de la Santé, par la voix de Marisol Touraine, a annoncé la mise en œuvre d’un plan sanitaire national. Baptisé Orsan (Organisation de la réponse du système sanitaire), ce plan prévoit notamment de renforcer les dispositifs en place et d’apporter une réponse efficace et cohérente à l’engorgement des services. Face à cette situation sanitaire jugée “critique” par les urgentistes, le ministère de la Santé a notamment donné des instructions aux Agences régionales de santé (ARS) pour mettre davantage de lits à disposition des malades de la grippe.
La sur-saturation des services d’urgence est “comparable à celle de l’été 2003“, année de la grande canicule qui avait fait quinze mille morts, a estimé le président du Samu-Urgences de France, Françis Braun. Un afflux massif de patients qui se traduit notamment par une pénurie de lits en soins intensifs et en réanimation, de nombreux contaminés étant en attente de soins durant plusieurs heures sur des brancards ou obligés d’être transférés dans des établissements hospitaliers éloignés de leur domicile.
Des opérations déprogrammées pour gérer l’urgence de la grippe
Dans le cadre du plan Orsan, il sera notamment désormais possible de “déprogrammer des hospitalisations et de les repousser à dans une semaine voire quinze jours, pour réserver les lits d’hôpitaux aux cas les plus urgents“, a expliqué Christophe Prudhomme, président de l’AMUF (Association des médecins urgentistes de France, sur BFMT, le praticien précisant qu'”on ne décale les opérations que lorsqu’il n’y a pas de conséquence néfaste pour la santé du patient évidemment“.
Des propos confirmés par le ministère de la santé qui précise que le plan Orsan doit permettre «de déprogrammer des activités non indispensables, d’ouvrir des lits supplémentaires, de rappeler des personnels et de renforcer ponctuellement les équipes de professionnels de santé dans les établissements en difficulté».
Enfin, en visite hier dans un établissement hospitalier parisien, Marisol Touraine a rappelé “l’importance de la vaccination anti-grippale, en particulier pour les personnes âgées et le personnel de santé“, estimant que le pic épidémique n’était toujours pas atteint.
A savoir
Selon le réseau Sentinelles, certaines régions sont plus touchées que d’autres par l’épidémie de grippe. Le Limousin (1901 cas/100 000 habitants), la Provence-Alpes-Côte-d’AZur (1215/100 00) et Midi-Pyrénées (1 213/100 000) figurent au triste palmarès des régions les plus impactées par le virus juste devant la région Rhône-Alpes où les médecins ont recensé 1 172 cas pour 100 000 habitants, soit l’un des taux de contamination les plus élevés de l’Hexagone. Cette recrudescence du virus n’épargne aucun département rhônalpin, seuls l’Ardèche et à un degré moindre la Loire se situant en dessous du seuil critique de 500 cas/100 000 habitants.