Anti-douleurs, paracétamol, ibuprophène… Si la prise de médicaments semble anodine au quotidien pour les adultes, il s’agit d’une mine de dangers pour le foetus. À tout moment de la grossesse, le bébé peut être exposé à de nombreux risques de malformation ou de maladies. 1200 nouveaux-nés en seraient victimes chaque année, en France. Le guide pour bien se soigner tout en protégeant bébé !
Chaque année, entre 800 et 1200 nourrissons naissent avec des malformations dues à la prise de médicaments pendant la grossesse, en France. Un fléau sous-estimé face à la banalisation de la prise de ces produits chimiques, souvent en vente libre. Les conséquences sur les nouveaux-nés ne sont pourtant pas anodines. Pour sensibiliser à cette information essentielle, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lance pour la première fois une campagne d’informations à l’adresse des futurs parents sous le slogan “Enceinte, les médicaments, c’est pas n’importe comment!“.
Grossesse et médicaments : un risque sous-estimé
Nausées, douleurs, troubles digestifs… Face aux nombreux maux de la grossesse, de nombreuses femmes enceintes se tournent vers des traitements médicamenteux, souvent sans en mesurer le risque. Dans une étude de l’institut Viavoice réalisée pour l’ANSM en novembre 2020, on constate qu’un tiers des femmes considère que les médicaments courants (antidouleur, antinauséeux) sont peu risqués pendant la grossesse. Un danger sous-évalué, encore plus pour les traitements dits “naturels”. Six femmes interrogées sur dix ne sont en effet pas conscientes que les produits à base de plantes ou homéopathiques comportent des risques tout aussi importants que les autres pendant la grossesse.
Or, de nombreux médicaments peuvent entraîner un risque pour les foetus, à tout moment de la grossesse. L’ibuprophène par exemple, un médicament commun en vente libre en pharmacie, favorise le risque de fausse couche et de malformations du foetus. Des effets toutefois pas toujours visibles au cours de la grossesse et pouvant être constatés après la naissance. Les effets sur la santé du foetus diffèrent en effet selon le moment de la prise de médicaments. (Voir en détail l’infographie de l’ANSM en bas de l’article).
- Lors du premier trimestre de la grossesse, la prise de médicaments contre-indiqués peut entraîner des malformations chez l’embryon.
- Au cours du second et troisième trimestre, ce risque concerne principalement des effets sur la croissance et la maturation des organes du foetus.
- Les médicaments pris en fin de grossesse ou au moment de l’accouchement peuvent également avoir des conséquences sur la santé du nouveau-né et au cours de son enfance.
Les bons gestes pendant les 9 mois !
Pour limiter les risques, voici les quatre règles d’or à respecter au cours de la grossesse :
Anticiper et préparer sa grossesse
“Plus une grossesse est anticipée et plus elle se passera dans de bonnes conditions“, rappelle l’ANSM. L’anticipation est donc la clé pour permettre de prévenir d’éventuels risques liés à la prise de médicaments par les deux parents. “Ces échanges permettront de démarrer la grossesse dans les meilleures conditions possibles. En effet, le début de la grossesse est la période où le risque de malformation est le plus important. À ce stade, la grossesse peut ne pas encore être connue”, détaille l’ANSM.
De plus, le délai pour obtenir un rendez-vous avec un médecin et en particulier un spécialiste pouvant être long, il est important de penser à ces questions dès les premières réflexions d’un projet bébé… Ou dès la découverte de la grossesse, celle-ci n’étant pas toujours prévue.
Informer son médecin, le plus tôt possible
Une grossesse n’est pas anodine. Chaque femme enceinte doit être suivie durant toute cette période et doit en informer l’ensemble des professionnels de santé qu’elle consulte, dès qu’elle le découvre. Pour celles qui suivent un traitement chronique, prévenir les professionnels de santé est d’autant plus primordial. Des ajustements dans la prise des médicaments peuvent en effet être nécessaires.
Le contact avec le corps médical durant la grossesse est essentiel. La crise de la Covid-19 et les périodes de confinement ont toutefois éloigné certaines femmes enceintes de ce suivi. Plus de la moitié des femmes enceintes durant les périodes de confinement ont ainsi reporté ou annulé leur examen, selon l’étude de l’institut Viavoice de novembre 2020.
Proscrire l’automédication
L’évaluation du risque pour la santé de l’enfant et de la mère doit être établie par un professionnel de santé. Une consultation ou un simple coup de fil à son médecin avant toute prise de médicament peut ainsi éviter des problèmes de santé. “Les médicaments de la classe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène ou l’aspirine ne doivent jamais être pris après le 5e mois de grossesse”, rappelle par exemple l’ANSM. La même étude de l’institut Viavoice révèle que près de 40% des femmes ayant pris un médicament de leur propre initiative avouent ne pas avoir pris conseil auprès d’un professionnel de santé.
Ne pas décider seule de son traitement
“La grossesse se prépare. Nous savons aujourd’hui qu’un certain nombre de pathologies peuvent poser problème pendant la grossesse. Il est donc important de consulter en amont pour faire le point avec son médecin, sa sage-femme, et son gynécologue. Il faut anticiper !“, rappelle le Dr Sylvain Bouquet, médecin généraliste à Lamastre, en Ardèche, interrogé par l’ANSM.
Seul un professionnel de santé est habilité à modifier, adapter ou mettre fin à un traitement. Il évaluera ainsi les bénéfices-risques de la médication pour la patiente et son futur bébé.
Une femme sur six sous médicament prescrit sur ordonnance a arrêté son traitement sans avis médical, par peur du risque pour son enfant, d’après l’étude de fin 2020. Un chiffre qui montre l’importance de l’information sur ces pratiques qui font de milliers de petites victimes chaque année.
À SAVOIR
Des pictogrammes indiquant un potentiel danger en cas de grossesse sont indiqués sur certains médicaments. Le risque n’est toutefois pas toujours clair. Pour l’évaluer, demandez systématiquement conseil à un professionnel de santé.