Derrière ce nom complexe se cache une réalité courante : 3 personnes sur 10 sont touchées par un hallux valgus, majoritairement des femmes de 40 ans et plus. Entre douleurs et déséquilibre, cette déformation du pied peut devenir un véritable calvaire au quotidien pour celles qui en souffrent. De quoi parle-t-on exactement ? Comment l’éviter ? Zoom sur les symptômes et traitements de l’oignon de pied avec le concours de Marion de Jocas, pédicure podologue à Lyon.
L’hallux valgus est un oignon… de pied qui a de quoi faire pleurer ! Il se manifeste par une déviation progressive du gros orteil vers l’intérieur du pied. Outre le côté esthétique, cette distorsion peut s’avérer très douloureuse et altérer l’équilibre. En se déformant, le gros orteil forme en effet une bosse qui a tendance à s’accentuer par poussée. La douleur est d’ailleurs un des symptômes de la crise.
N’ayant plus sa forme d’origine, la base du pied devient donc moins stable et la marche se transforme en un exercice complexe. De même, les chaussures épousent plus difficilement la forme d’un pied déformé. Avec à la clé perte d’appui, inconfort et frottements douloureux conduisant à la formation de durillons et callosités…
Les femmes concernées dans 95% des cas
Si les causes de l’hallux valgus sont diverses, les femmes en sont les principales victimes. En particulier entre 40 et 50 ans. En effet, la ménopause, qui conduit entre autres à un relâchement des structures fibreuses favorise l’élargissement de l’avant-pied. De même, des pieds naturellement larges, des pieds plats valgus qui ont tendance à rentrer vers l’intérieur ou encore de gros orteils plus longs que les seconds (les fameux « pieds égyptiens ») sont un héritage pas forcément bénéfique pour se prémunir des déformations. L’hallux valgus est par ailleurs héréditaire dans 25% des cas. Enfin, des chaussures inadaptées, à bouts étroits par exemple, accentuent les risques d’anomalie.
Si vous reconnaissez vos pieds dans ces descriptions, gardez un œil attentif. Une prise en charge précoce peut en effet limiter les dégâts. L’hallux valgus évolue en différents stades établis en fonction de l’intensité de la déviation. Inférieure à 20 degrés, elle est considérée comme légère. Au-dessus de cet écart, l’hallux valgus est modéré, et devient sévère quand la déformation atteint un angle supérieur à 40 degrés. À ce stade, le gros orteil est réellement déformé au point de se juxtaposer au deuxième orteil. Le pied se déséquilibre ainsi complètement d’autant plus que l’appui est transféré vers les autres orteils. L’hallux valgus peut toutefois évoluer lentement, par poussées. Il peut en effet parfois se passer plusieurs années entre deux crises.
Les traitements de l’hallux valgus : de l’orthèse à la chirurgie
Heureusement, l’hallux valgus n’est pas une fatalité. Différents traitements sont possibles en fonction de la gravité de la déformation. La prise d’antalgiques locaux pour soulager l’inflammation et les douleurs peut ainsi s’accompagner de port d’orthèses spécialisées pour soulager les frottements et permettre le réalignement progressif du gros orteil en traitant la saillie osseuse. Il peut s’agir d’orthèse rigide pour un usage nocturne ou souple pour être supporté dans les chaussures.
Des soins de pédicure peuvent également permettre de soulager et de traiter les durillons formés. Les semelles orthopédiques réalisées sur-mesure par un podologue après un bilan, sont également utiles. Elles permettent d’améliorer la répartition des appuis notamment sous l’avant pied.
Dans les stades les plus avancés de l’hallux valgus, lorsque la déviation du gros orteil dépasse un angle de 40 degrés, l’opération chirurgicale peut être prescrite. Celle-ci est indiquée « seulement si la douleur n’est calmée par aucune autre méthode et si votre pied perd sa fonctionnalité. En aucun cas, la chirurgie n’est indiquée pour des raisons esthétiques ou préventives », précise toutefois l’Assurance maladie.
Prévention : comment garder ses orteils droits ?
Dix kilomètres avec les mauvaises chaussures, ça use les pieds ! S’il n’est pas le principal responsable, le port fréquent de chaussures inadaptées favorise l’apparition de l’hallux valgus. Il est donc essentiel de bien les choisir pour en limiter les conséquences. Plusieurs critères entrent en jeu : sa forme qui doit épouser celle du pied, une semelle souple protectrice mais confortable, la pointure correspondant à sa taille mais aussi l’adaptation des chaussures à l’activité exercée.
En fonction de la problématique, un spécialiste pourra vous aiguiller vers la meilleure option. Consulter régulièrement un podologue permet également de s’assurer de la bonne santé de ses pieds et ainsi prendre en charge les éventuels problèmes le plus tôt possible.
À SAVOIR
Certaines maladies chroniques au niveau des muscles et des articulations peuvent favoriser l’apparition d’un hallux valgus. Le diabète est également un facteur de risque. Pour prévenir au mieux les pathologies du pied, les soins de pédicure réguliers ainsi que des bilans de santé chez une podologue peuvent s’avérer particulièrement utiles.