Mauvaise nouvelle pour les inconditionnels de l’homéopathie et pour les Laboratoires Boiron. La ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn a annoncé la radiation progressive des médicaments homéopathiques parmi les soins remboursés par la Sécurité Sociale. Cette décision, qui met à mal un marché mondial dominé par les laboratoires Boiron dont le siège est à Lyon, sera définitive au 1er janvier 2021.
Progressive, mais inéluctable… L’arrêt du remboursement des médicaments homéopathiques deviendra bien réalité à compter du 1er janvier 2021, comme l’a officialisé la ministre Agnès Buzyn le mercredi 10 juillet : ”conformément à ses engagements, la Ministre des Solidarités et de la Santé suivra l’avis de la Haute Autorité de Santé et engage la procédure de radiation des médicaments homéopathiques de la liste des médicaments pris en charge par l’Assurance Maladie”.
La ministre, en l’occurence, est restée ferme sur ses intentions: elle avait annoncé durant l’été 2018 sa volonté de mettre un terme au remboursement des soins homéopathiques si l’efficacité de ces derniers n’étaient pas scientifiquement prouvée, dans un contexte de réduction des dépenses publiques. En 2018, le coût de leur remboursement s’était en effet élevé à 126,8 millions d’euros. “À partir de l’ensemble des données médicales et scientifiques disponibles, elle a mis en évidence que ces médicaments n’avaient ni démontré leur efficacité dans les affections pour lesquels des données sont disponibles, ni démontré leur intérêt pour la santé publique notamment pour réduire la consommation d’autres médicaments”.
Un ”massacre” pour les laboratoires Boiron
Le verdict est donc tombé, et cette décision forte du gouvernement vient ainsi conclure un long débat entre pro et anti remboursement des soins homéopathiques par la Sécurité Sociale, déclenché par un collectif de médecins (baptisé FakeMed) au printemps 2018. Ce déremboursement se fera de manière progressive, avec un plafond de remboursement ramené de 30 à 15% dans un premier temps, au 1er janvier 2020. Ce palier intermédiaire doit en effet ”permettre aux patients, aux industriels et aux prescripteurs de s’adapter”.
Pas sûr, pour autant, que cette étape préalable ne rende la pilule plus facile à avaler par les acteurs du marché. Première à dégainer, la directrice générale de Boiron, le géant lyonnais de l’homéopathie. Valérie Lorentz-Poinsot a dénoncé sur l’antenne d’Europe 1 un véritable ”massacre” : “c’est un choc, nous sommes très en colère et nous souhaitons dénoncer la méthode employée depuis un an pour massacrer l’homéopathie”. La dirigeante du leader mondial du secteur, qui emploie 2500 salariés, a d’ailleurs annoncé sa volonté d’apporter des preuves remettant ”totalement en question l’avis de la Haute Autorité de Santé”. Face à une décision faisant peser une menace sur un millier d’emplois, elle a également demandé à être reçue directement par le président de la République, Emmanuel Macron.
Des conséquences à prendre en compte
Dans un communiqué, le Syndicat national des médecins homéopathes de France a également manifesté le désaccord des professionnels de santé intégrant l’homéopathie dans leur pratique (un quart des médecins en France) : “la ministre des Solidarités et de la Santé porte un coup extrêmement dur à la liberté de choix des patients, en même temps qu’elle choisit de mépriser la pratique quotidienne de milliers de médecins engagés au service de leurs patients, qui ne sont nullement des malades imaginaires”.
Le syndicat, au passage, tire la sonnette d’alarme quant aux conséquences d’une telle décision : “Le déremboursement pénalisera non seulement les patients, certains parmi les plus modestes, mais entraînera un déplacement de la consommation vers des médicaments plus lourds, engendrant de nouvelles dépenses pour l’Assurance maladie. Par ailleurs, il semble évident que la menace de sortir l’homéopathie du champ strictement médical comporte le risque de voir se développer des pratiques non médicales potentiellement dangereuses pour les patients”.
À SAVOIR
Née au XVIIIeme siècle, l’homéopathie est UNE MÉTHODE THÉRAPEUTIQUE TRÈS POPULAIRE CLASSÉE PARMI LES MÉDECINES DOUCES. Selon un sondage Ipsos publié à l’automne 2018, 77% des Français y ont déjà eu recours et que 74% estiment que ces médicaments sont efficaces. Preuve de l’attachement des Français, ils sont aussi 74% à avoir indiqué être opposé à l’arrêt des remboursements des médicaments homéopathiques.