Vous trouvez votre enfant particulièrement agité ? La maîtresse vous reproche son côté turbulent, voire étourdi ou brouillon ? Peut-être souffre-til tout simplement d’une hyperactivité, que l’on associe fréquemment avec un trouble du déficit de l’attention. 5 à 9% des enfants seraient seraient concernés par un syndrome vecteur de souffrance et de difficultés scolaires. Anaïs Monaton, neuropsychologue à Groisy près d’Annecy, nous livre les clés d’un dépistage précoce de cette hyperactivité.
L’hyperactivité est souvent liée au trouble du déficit de l’attention
L’hyperactivité, c’est quoi ?
Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H) est un trouble neuro-développemental chronique. Il correspond à 50% des motifs de consultation en pédopsychiatrie et se caractérise par une triade symptomatique : l’inattention, l’impulsivité et l’agitation. Ces éléments d’ordre cognitif ou comportemental peuvent exister isolément ou selon diverses associations : la forme mixte représente 60% des cas, la forme inattention prédominante, qui touche surtout les filles, 30% des cas, et la forme impulsivité/hyperactivité dominante les 10% restants.
Le nombre d’enfants concernés est-il élevé ?
Le TDA/H concerne 5 à 9% des enfants d’âge scolaire en France, et quatre garçons pour une fille. Il persiste à l’âge adulte : si l’âge permet de développer des stratégies compensatoires, la prévalence en population adulte est estimée à 4%. L’âge moyen du dépistage est de 8 ans, ce qui est plutôt tardif. On sait en effet que plus la prise en charge du trouble est précoce, mieux il sera traité. Il est toutefois difficile de poser un diagnostic avec les tous petits, qui traversent une phase classique de turbulence entre 3 et 5 ans.
Existe-il des prédispositions et des facteurs de risque ?
La prématurité est un facteur de risque, tout comme un faible poids à la naissance. Certains facteurs d’ordre génétique ont également été mis en évidence par des études. En revanche, le trouble de l’attention étant inné, les parents ne peuvent en être directement la cause pour des questions éducatives. Mais les difficultés peuvent être exacerbées dans un contexte défavorisé.
L’hyperactivité, génératrice de souffrance pour l’enfant
Les conséquences peuvent-elles être très lourdes pour un enfant ?
Un TDA/H impacte clairement la construction de l’enfant, qui est bombardé d’informations en permanence. Ce n’est pas une question d’intelligence, mais le trouble de l’attention entrave l’écoute, la mémorisation et peut entraîner des difficultés d’apprentissage. Le trouble a donc une incidence sur les performances scolaires et l’on constate une situation d’échec dans 16% des cas. À l’adolescence, il peut aussi exacerber des conduites à risque. Au fil des années, il favorise les difficultés relationnelles, voire excluantes, et peut entraîner des problèmes d’ordre psychologique, tels la baisse de l’estime de soi ou le manque de confiance.
Quels sont les signes qu’il faut savoir détecter ?
Chaque enfant est différent, tous ne développeront pas les mêmes symptômes avec la même intensité. Mais les plus récurrents, concernant l’inattention, sont la difficulté à maintenir la concentration, une écoute difficile, la distraction, le fait de perdre ou d’oublier souvent ses affaires, l’évitement de tâches demandant un effort soutenu, comme les devoirs, une certaine lenteur dans l’apprentissage, des difficultés d’organisation, un travail brouillon… L’impulsivité se traduira par l’absence de filtre, le fait d’interrompre sans arrêt les autres. Et l’agitation par le fait de remuer sans cesse, de ne jamais se tenir tranquille, de parler beaucoup…
Hyperactivité : des symptômes que l’on peut détecter tôt
Ces symptômes sont fréquents chez l’enfant. Quand faut-il s’alarmer ?
Si les symptômes perdurent après 5 ans, après la phase d’intégration des règles, il faut se poser la question d’une éventuelle hyperactivité. Surtout si le trouble est constaté depuis plus de six mois et n’apparaît pas lié à un événement, comme un déménagement ou le décès d’un proche. L’hyperactivité peut en effet être secondaire, réactionnelle et donc d’origine psychologique. Il est important d’explorer le langage oral et la sphère ORL, un enfant qui n’entend pas ou qui ne comprend pas peut être inattentif et agité.
Le retentissement du trouble dans plusieurs lieux de vie, à la maison comme à l’école, est aussi un signal. Il vient alors confirmer des difficultés chroniques parfois constatées de longue date, souvent dès l’âge des premiers pas. Ce sont des bébés difficiles, dormant peu, toujours sur la brèche, montés sur ressorts et qui réclament beaucoup d’attention.
Existe-t-il des traitements efficaces ?
On ne guérit pas totalement d’un trouble neuro-développemental, on apprend à vivre avec. On peut ainsi donner des clés à l’enfant et à ses parents pour développer des stratégies compensatoires et atténuer ces symptômes. La guidance parentale, au premier chef, est essentielle. Pour les tous petits, un travail en psychomotricité aide à diminuer l’hyperactivité et l’impulsivité. La prise en charge, quoi qu’il arrive, est pluridisciplinaire, multimodale et sur-mesure, en fonction de l’enfant : psychomotricien, orthophoniste, ergothérapeute, pédopsychiatre, neuro-pédiatre… Un traitement médicamenteux peut également être recommandé dans certains cas pour agir sur le contrôle et l’autorégulation.
Peut-on vivre heureux lorsque l’on est hyperactif ?
Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité est un poids pour les parents et pour les enfants. Il faut être vigilant, car il peut générer une véritable souffrance familiale. Mais ce n’est pas non plus une fatalité. Il s’agit en effet du trouble neurodéveloppemental le plus connu : les spécialistes la maîtrisent et il existe de nombreux moyens de réduire ses symptômes.
À SAVOIR
Les signes qui doivent alerter d’un éventuel Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité :
=> Des symptômes remontant à plus de 6 mois,
=> un trouble stable et chronique, apparu relativement tôt,
=> un retentissement significatif sur plusieurs lieux de vie : maison, école, activités extrascolaires,
=> une persistance des symptômes après l’âge de 5 ans,
=> la conjonction de plusieurs symptômes d’inattention (défaut de concentration dans les devoirs, jeux, tâches, problème d’écoute, difficulté à respecter les consignes, rrépugnance aux efforts mentaux (devoirs, travail scolaire), problème d’organisation, distraction, oublis/perte.
=> La conjonction de plusieurs symptômes d’hyperactivité ou impulsivité : agitation permanente (à table, en classe, pendant les jeux…), tendance à trop parler, incapacité à attendre son tour, tendance à interrompre les autres, incapacité à contrôler ses gestes et ses paroles, difficulté à gérer ses frustrations, sautes d’humeur…
=> La conjonction de symptômes d’inattention ET d’hyperactivité/impulsivité.