Stop aux idées reçues ! Les femmes sont de plus en plus touchées par ce que l’on a longtemps considéré comme une pathologie réservée aux hommes. Car si leurs hormones, jusqu’à l’âge de la ménopause, contribuent de fait à leur protection, cette barrière naturelle semble s’effriter face à une véritable évolution sociétale. Depuis une trentaine d’années, la recrudescence des maladies cardiovasculaires chez la gente féminine s’explique en effet par l’adoption de mauvaises habitudes en matière d’hygiène de vie. Le point avec le Pr Pascal Motreff, cardiologue au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
120 000 Français sont touchés chaque année par l’infarctus du myocarde selon la Fédération Française de Cardiologie. Parmi eux, de plus en plus de femmes. Tabac, alcool, stress, sédentarité, etc… en adoptant un style de vie similaire à celui des hommes, ces dernières développent les mêmes maux. Comment reconnaître les symptômes d’un infarctus du myocarde chez une femme et comment le traiter ?
Pourquoi les femmes ont-elles longtemps été protégées ?
L’âge (supérieur à 55 ans) et le sexe (masculin) sont des facteurs non modifiables qui augmentent le risque de faire un infarctus du myocarde. Protégées par leurs hormones jusqu’à l’âge de la ménopause, les femmes ont quatre fois moins de risque de faire un infarctus du myocarde que les hommes selon l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale).
Cette tendance s’inverse depuis une trentaine d’années. D’après la Fédération Française de Cardiologie, on constate une progression de 3% de femmes âgées de 45 à 54 ans hospitalisées suite à un infarctus du myocarde entre 2002 et 2008 et une progression de 4,8% entre 2009 et 2013.
Pourquoi les femmes sont-elles de plus en plus touchées par l’infarctus du myocarde ?
Longtemps considéré comme une maladie masculine, l’infarctus du myocarde est aujourd’hui la première cause de mortalité chez les femmes, devant le cancer. Cela s’explique par l’adoption d’un style de vie similaire à celui des hommes et à la prise de mauvaises habitudes en matière d’hygiène de vie : le tabagisme associé à la prise de pilule contraceptive, la consommation excessive d’alcool, une alimentation déséquilibrée, le manque ou l’absence d’activité physique, un surpoids (l’obésité touche davantage les femmes que les hommes), l’hypertension artérielle, le stress, etc., sont la cause de la majorité des infarctus.
Des symptômes communs mais une réactivité différente ?
Les signes typiques de l’infarctus du myocarde sont une douleur thoracique prolongée qui irradie le bras gauche, le dos et la mâchoire. Avec l’âge, les patients peuvent ressentir des symptômes différents : une grande fatigue, un essoufflement, des nausées, des vomissements, etc.
Les femmes souffrent plus particulièrement de stéréotypes concernant cette maladie. Il faudra donc être vigilant. Selon l’ARS (Agence Régionale de Santé), quand une femme présente un symptôme d’infarctus, ses proches mettent en effet une heure de plus à appeler les secours que s’il s’agissait d’un homme !
Il peut arriver qu’une crise cardiaque se manifeste sans douleurs. 25% des Français qui font un infarctus du myocarde ne présentent pas de signes typiques. Certains infarctus peuvent même être silencieux. Dans ce cas, le diagnostic est souvent posé quelques temps après, à l’occasion d’un examen médical de type électrocardiogramme. En cas de doute, n’hésitez pas à contacter le Samu.
Qu’est-ce que l’infarctus du myocarde ?
L’infarctus du myocarde, également appelé crise cardiaque, correspond à la destruction d’une partie du muscle cardiaque. Les artères coronaires, dont le rôle est d’irriguer le coeur en sang oxygéné, peuvent se boucher partiellement lorsque du cholestérol s’accumule sous forme de plaques sur leurs parois. Il peut arriver qu’un fragment de plaque se détache et obstrue une artère du cœur. Un caillot de sang se forme alors, ce qui entraîne l’asphyxie d’une partie du coeur.
Quel est le traitement ?
La mort des cellules musculaires du cœur intervient dans un délai de 4h après le début de l’infarctus du myocarde. Il faut donc appeler rapidement les secours (le 15). Le traitement d’urgence vise à dissoudre le caillot de sang qui bouche l’artère pour rétablir la circulation sanguine dans le muscle du cœur (thrombolyse ou angioplastie).
Un traitement médicamenteux nommé « BASIC » peut être prescrit pour réduire les risques de récidive et de complication. Il s’agit de Bétabloquants dont le but est de réduire la pression artérielle et la fréquence cardiaque, d’Antiagrégants plaquettaires qui empêchent la formation d’un nouveau caillot, de Statines pour réduire le taux de cholestérol, d’Inhibiteurs de l’enzyme de conversion pour lutter contre l’hypertension artérielle. Le C correspond au contrôle des facteurs de risque : arrêt du tabac, consommation d’alcool modérée, avoir une alimentation équilibrée composée de fruits et de légumes, pratiquer une activité physique régulière, perdre du poids si nécessaire, etc.
À SAVOIR
147 000 personnes décèdent chaque année du fait de maladies cardiovasculaires en France selon l’ARS. Parmi elles, 54% sont des femmes.