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La vaccination contre les infections à pneumocoques est obligatoire chez les nourrissons depuis 2018. Elle reste le meilleur moyen de prévenir des infections qui peuvent aussi toucher les adultes. ©Freepik

Pneumonies, méningites, otites… Responsables de maladies respiratoires et ORL variées, les pneumocoques continuent de provoquer des millions d’infections chaque année, et de trop nombreux décès. Face à l’un des pires fléaux infantiles au monde, la vaccination, obligatoire chez les nourrissons depuis 2018, reste le meilleur moyen de prévenir des infections qui peuvent aussi toucher les adultes. Les explications du Dr Cécile Janssen, infectiologue au centre hospitalier Annecy-Genevois (Haute-Savoie).

Selon l’OMS, 800 000 enfants de moins de cinq ans décèdent chaque année de l’une des infections à pneumocoques dans le monde. Un chiffre effarant, qui s’explique surtout par la faible couverture vaccinale des pays les plus pauvres.

Le vaccin contre les infections à pneumocoques fait en effet partie depuis janvier 2018 des onze vaccins obligatoires pour les bébés en France. Une évolution évidemment bienvenue, mais qui doit encore s’accompagner d’une forte dose de pédagogie. Car les infections à pneumocoques, potentiellement mortelles chez les tout-petits, ne cessent pas de nuire au fur-et-à mesure de l’avancée vers l’âge adulte, comme le confirme le Dr Cécile Janssen, infectiologue à Annecy (Haute-Savoie)

Qu’est-ce qu’une infection à pneumocoques ?

Il s’agit d’une infection plus ou moins sévère liée à une bactérie nommée streptococcus pneumoniae. Cette bactérie peut être portée de manière naturelle au fond de la gorge ou dans le nez. Elle peut se développer ou non, en fonction des personnes. Si certains ‘’porteurs’’ ne tombent pas malades et ne développent pas d’agression bactérienne, ils peuvent toutefois la transmettre par voie aérienne.

Une bactérie mais plusieurs infections…

Quelles maladies sont provoquées par les infections à pneumocoques ?

Les affections pneumococciques les plus compliquées sont la pneumonie, la septicémie et, surtout chez l’enfant, la méningite. Ces maladies sont potentiellement mortelles et encore relativement courantes de nos jours. Ceci dit, la plupart des infections à pneumocoques restent toutefois légères. Elles affectent notamment la sphère ORL, avec des sinusites ou des otites moyennes ou aigües qui, moins graves, ne sont parfois même pas diagnostiquées.

Quels sont les signes qui alertent ?

Les symptômes varient et se confondent en fonction des infections. Cela peut être des douleurs et de la fièvre en cas d’otite. Mais aussi maux de tête et écoulement rhinopharyngé pour une sinusite. Maux de tête et raideur dans la nuque pour une méningite. Toux, fièvre, difficultés respiratoires et crachats mucopurulents pour une pneumonie. Et fièvre pour une septicémie…

Infections à pneumocoques : un danger à ne pas sous-estimé

À quel moment parle-t-on de danger ?

Lorsque l’infection, en se retrouvant dans le sang ou le liquide céphalo-rachidien, devient invasive. Ou lorsque l’on est face à une forme pulmonaire très agressive. L’infection peut alors entraîner l’hospitalisation du patient, voire son décès. Une méningite sévère est ainsi très difficile à traiter. Le diagnostic doit être très rapide. C’est pour cette raison que l’on vaccine précocément les enfants.

Les infections sont-elles différentes entre les enfants et les adultes ?

Les enfants vont plutôt être concernés par des infections situées dans la sphère ORL et/ou qui atteignent le système cérébral central, dans le cas de la méningite. Les adultes, eux, sont plutôt touchés par une infection de type pneumonie, qui concerne 80% des cas après 16 ans, et plus de 90% chez les plus de 85 ans. L’incidence varie en effet avec l’âge. En France, elle est chez l’adulte de 10 pour 100 000 (chiffre 2019, NDLR), soit près de 7000 cas chaque année. Ce taux d’incidence grimpe à 20/100 000 après 75 ans, 35/100 000 après 85 ans et 70/100 000 après 90 ans.

Quels sont les facteurs de risque ?

Les infections à pneumocoques touchent surtout les personnes les plus fragiles, à commencer, donc, par les nouveau-nés et les personnes âgées. Mais les personnes malades ou immunodéprimées sont également particulièrement menacées. Le risque de décès augmente en effet considérablement en cas de pathologie préexistante : problèmes cardiaques, diabète, insuffisance respiratoire, hémopathie, insuffisance rénale, tabagisme, alcoolisme, cancer, bronchites chroniques… On sait ainsi que le risque est multiplié par six en cas de cirrhose, par quatre en cas de cancer, par cinq en cas d’insuffisance cardiaque, par quatre en cas d’insuffisance rénale…

Le vaccin : la meilleure des préventions face aux infections à pneumocoques

La sensibilisation à la vaccination est-elle efficiente ?

Chez l’enfant, le vaccin contre les infections pneumococciques est clairement inscrit dans le calendrier vaccinal. Il est plutôt bien suivi. C’est loin d’être le cas chez l’adulte, en revanche. Notamment chez les immunodéprimés : une étude révèle que seuls 19% seulement des personnes immunodépressives sont vaccinées. De manière globale, l’adulte est moins vacciné. Et comme il cumule ce manque avec de nombreux problèmes de santé, il peut vite être exposé.

Le vaccin est-il le meilleur moyen de lutter contre les infections à pneumocoques ?

Oui, on a vu une vraie fracture sur la courbe des infections depuis les années 2000 et la généralisation des vaccins. Du fait du portage naturel de la bactérie, on ne peut l’empêcher de circuler. Seule la vaccination permet de développer une immunité locale et de faire baisser sa pathogénicité. En gros, de l’empêcher de nuire.

Comment se fait la transmission des bactéries à pneumocoques ?

La transmission se fait par voie aérienne, à travers les postillons, la salive, le mucus. Il est donc possible de contracter une infection lorsque l’on se trouve près d’une personne qui tousse, à travers une embrassade ou encore à travers un objet contaminé récemment. Et ce d’autant plus en espace clos.

Les gestes barrières liés au virus de la Covid-19 ont-ils une incidence sur cette transmission ?

Bien sûr. Nous avons constaté un recul très net du nombre de cas, comme pour tous les autres virus aéroportés, depuis qu’ils sont appliqués. Mais on sait aussi que dès que nous serons autorisés à enlever les masques, on verra réapparaître ce type d’infections.

À SAVOIR

L’arsenal vaccinal contre les infections à pneumocoques s’est considérablement étoffé au fil des deux dernières décennies. Chez l’enfant, le vaccin conjugué ‘’7-valent’’a ainsi été remplacé en 2011 par un vaccin ‘’13-valent’’. Chez l’adulte, le vaccin ‘’23-valent’’ administré en deux doses à deux mois d’intervalle. Il permet aujourd’hui d’éviter 23 types de stéréotypes du pneumocoque. Cette protection s’est encore élargie lorsque l’agence européenne du médicament, en janvier, a donné son feu vert à la diffusion d’un nouveau vaccin conjugué “15-valent’”.

Développé par MSD, filiale française du groupe Merck, ce vaccin « offre aux médecins et aux patients une nouvelle option qui contribue à éviter les infections à pneumocoques et leurs complications ». Aux États-Unis, l’ACIP (Comité consultatif sur les pratiques de vaccination) recommande déjà le recours à un vaccin 20-valent. Mis au point par Pfizer, il pourrait validé prochainement par l’agence européenne du médicament.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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