L’infidélité ébranle le couple et laisse des traces. Mais elle n’est toutefois pas insurmontable, à condition de faire renaître la communication. Les conseils d’une sexothérapeute à Drôme (Isère).
Ne pas tout dire
Ça y est, le mal est fait : vous l’avez trompé. Un sentiment de culpabilité vous envahit et vous éprouvez le besoin de tout avouer. Prenez garde ! « On avoue souvent plus pour se soulager la conscience que par égard pour l’autre car cela risque de le faire souffrir inutilement, surtout s’il ne s’agit que de l’histoire d’un soir, répondant à nos pulsions les plus archaïques », affirme Catherine Baronnier, psychanalyste sexothérapeute à Romans-sur-Isère (Drôme). En somme, on n’est pas plus honnête en avouant une tromperie, car au final, où place-t-on le curseur : sur l’acte en lui-même ou sur l’aveu ?
Si toutefois vous préférez prendre le risque de rompre plutôt que de vivre dans le mensonge, libre à vous. Dans ce cas, n’entrez surtout pas dans les détails, comme la longueur des jambes de la partenaire, la beauté du torse de l’amant, ou les positions adoptées : « c’est votre jardin secret, et vous risquez d’alimenter tous les fantasmes qui entourent l’infidélité ». Car c’est bien là que le bât blesse. En ayant un autre partenaire sexuel, vous brisez la confiance au sein de votre couple puisque l’intimité demeure son fondement.
Ne pas se chercher des excuses
Pour le partenaire trompé, la blessure narcissique est très intense, et la colère est donc plus que légitime. Il s’agit pour beaucoup d’une vraie trahison. Dans le cas d’un couple avec des enfants où l’homme aurait été infidèle, la question devient rapidement : m’aimes-tu simplement en tant que mère ou en tant que femme ? « Vous devrez nécessairement payer le prix de votre infidélité. Ne cherchez donc pas à vous trouver des excuses (j’avais trop bu, tu étais distant…) et soyez prêt à affronter les dégâts collatéraux. D’ailleurs, lorsque l’on est infidèle, malgré le plaisir que l’on peut prendre une nuit, la souffrance est immédiate car l’on sait pertinemment que cet acte aura des conséquences », rappelle Catherine Baronnier.
En règle générale, plus l’on se sent coupable, plus on endosse sa part de responsabilité. Une fois la colère passée, vous pourrez tenter d’expliquer votre acte, mais en aucun cas vous ne devrez vous déresponsabiliser.
Restaurer la confiance…
Si, et seulement si, les deux partenaires désirent vraiment poursuivre leur relation, la confiance peut être restaurée et le couple renaître de ses cendres. Mais tout cela est vraiment une question d’envie. Il va sans dire que les ponts devront être totalement coupés avec l’amant ou l’amante.
Pour retrouver l’harmonie, l’accent devra être mis sur la sincérité et la communication. Le dialogue devra se réinstaller pour tenter de comprendre ce qui s’est passé pour que le couple en arrive là. Parfois, les réponses seront difficiles à trouver, notamment du côté de la personne infidèle tant il se passe aussi des choses du côté de l’inconscient. « Cela arrive parfois, comme dans le cas où un mari trompe sa femme enceinte. Certains ne sont alors pas en mesure d’expliquer leur geste », témoigne la sexothérapeute. L’arrivée d’un enfant fait justement partie de ces moments de vie où le couple peut vaciller, car les partenaires doivent finalement refaire connaissance et jongler avec de nouvelles données, à commencer par la responsabilité partagée d’un enfant jusqu’à la fin de sa vie.
…pour retrouver de l’intimité
« Au final, la tromperie peut aboutir sur une meilleure connaissance de soi et de l’autre, et ainsi sur davantage de complicité. Le retour à la sexualité ne pourra pas être forcé mais se fera de surcroît quand le partenaire se sentira davantage en sécurité. Il faudra aussi qu’il soit en mesure de pardonner », ajoute la sexothérapeute.
Pour cela, grâce à la présence d’un tiers, la thérapie de couple permet de remettre du sens là où l’autre n’est plus en mesure d’en percevoir. « Que le couple s’en sorte ou pas, il sera allé au bout de ce qu’il pouvait faire. Certains surmonteront l’épreuve et trouveront des ressources proportionnelles aux difficultés rencontrées, tandis que d’autres se sépareront, mais peut-être moins fâchés. Dans tous les cas, ce n’est pas parce qu’il y a eu infidélité qu’il n’y a plus d’amour », conclut l’experte.
A SAVOIR
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à être infidèles, puisque un tiers d’entre elles ont déjà trompé leur partenaire au cours de leur vie (sondage IFOP pour Daylov). Ces chiffres sont d’autant plus élevés que les femmes sont diplômées et donc indépendantes financièrement. Toutefois, la gent féminine demeure plus fidèle puisque chez les hommes, plus de la moitié reconnaissent avoir trompé leur partenaire au cours de leur vie.