Cinq millions de Français souffrent quotidiennement d’intolérance au lactose. À l’échelle mondiale, il s’agit d’un « trouble normal » lié à une incapacité à digérer le sucre présent dans le lait. En effet, le taux de l’enzyme digestive appelée « lactase » diminue chez certains individus avec l’âge. Quels sont les symptômes, comment diagnostiquer l’intolérance au lactose, existe-t-il des traitements adaptés pour soulager l’inconfort ? Le point avec le Dr Anaïs Valeille, médecin allergologue à l’hôpital Lyon Sud.
L’intolérance au lactose touche 80% des individus de plus de sept ans dans le monde, selon France Assos Santé. Un chiffre impressionnant qui s’explique historiquement. En effet, une fois sevrés nos ancêtres préhistoriques arrêtaient de consommer du lait. Ils développaient donc naturellement une intolérance au lactose. La domestication du bétail a réhabitué l’homme à consommer des produits laitiers. Ce qui explique d’ailleurs une meilleure tolérance du lactose dans certaines régions où l’élevage laitier est plus développé. C’est le cas notamment en Europe, où 40% seulement de la population a des difficultés à digérer le lactose contre plus de 90% de la population en Asie.
Certaines personnes devront arrêter totalement les produits laitiers.
Qu’est-ce que l’intolérance au lactose ?
Il s’agit d’une incapacité à digérer le sucre lactique (le sucre principal contenu dans le lait) en raison d’une carence en lactase, une enzyme digestive présente dans l’intestin. Le degré d’intolérance dépend de chaque individu. Certaines personnes devront arrêter totalement les produits laitiers pour ne pas souffrir de symptômes indésirables. D’autres, seulement en réduire la quantité.
Quels sont les symptômes d’une intolérance au lactose ?
Les troubles sont principalement digestifs. Chez l’enfant, l’intolérance au lactose peut se traduire par des diarrhées et une difficulté à prendre du poids. Chez l’adulte, l’intolérance se manifestera par des ballonnements abdominaux, des douleurs intestinales, des épisodes de diarrhée, des nausées et/ou des vomissements.
Lactase : des taux qui diminuent avec l’âge.
Comment développe-t-on une intolérance au lactose ?
À la naissance, les taux de lactase sont élevés dans l’organisme ce qui permet au nourrisson de digérer le lait. Ces taux diminuent avec l’âge et le sevrage, et ce dans des proportions qui diffèrent en fonction des régions du globe. L’intolérance au lactose affecte moins les populations d’Europe du Nord, de certaines régions d’Afrique ou du Moyen-Orient où la consommation de produits laitiers est culturellement importante. La diminution du taux de lactase y est donc moins forte à l’âge adulte.
Intolérance au lactose : un régime d’éviction permet de la diagnostiquer.
Comment diagnostiquer l’intolérance au lactose ?
L’idéal est de supprimer les aliments contenant du lactose pendant quatre à six semaines et de les réintroduire. Si les symptômes apparaissent lors de la réintroduction, cela fait le diagnostic.
Un test à l’hydrogène expiré (breath test) permettra d’établir un problème de malabsorption des sucres au niveau de l’intestin.
Quels sont les traitements préconisés ?
Il est recommandé d’éviter le lactose présent notamment dans les produits laitiers d’origine animale (lait de vache/chèvre/brebis, beurre, crème, yaourt, dessert lacté, fromage, etc.). Néanmoins, il existe de nombreux produits laitiers pauvres en lactose qui peuvent être ingérés sans problème. Parmi eux, les fromages à pâte dure (emmental, gruyère) dont le processus de fermentation élimine presque toutes traces de lactose. La supplémentation en lactase (disponible en pharmacie sans ordonnance) permet de réduire l’inconfort digestif en cas de consommation de produits laitiers.
Y a-t-il un risque de carence en supprimant le lactose de son alimentation ?
La suppression ou la diminution des produits contenant du lactose peut entraîner des carences en calcium. Or, ce sel minéral contribue à la solidité des os et joue un rôle fondamental dans le bon fonctionnement de l’organisme. Pour ne pas en manquer, il est conseillé de déterminer son seuil de tolérance et de se tourner vers des aliments riches en calcium : boissons et yaourts à base de lait végétal riches en calcium (soja, amandes, coco, etc.), tofu, poissons gras (sardines, saumon, maquereau), légumes verts (chou, épinards), oléagineux (amandes). Et il est également possible de boire des eaux riches en calcium.
À SAVOIR
Le lactose n’étant pas un allergène, l’allergie au lactose n’existe pas. Toutefois, il est possible d’être allergique aux protéines de lait présentes dans le lait de vache et autres mammifères. Cette allergie touche surtout les enfants et se manifeste par des éruptions cutanées, une crise d’asthme, un choc anaphylactique et parfois des symptômes digestifs après avoir consommé du lait ou des produits laitiers.
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