Cette douleur quand vous marchez … Et si c’était vos artères ? C’était le titre d’une des campagnes de prévention de l’artériopathie des membres inférieurs. Souffrir d’une douleur à la jambe, et plus particulièrement au mollet, peut être un signal d’alarme révélant un risque cardiovasculaire élevé. Explications du Dr Olivier Creton, chirurgien vasculaire à la clinique Charcot de Lyon.
Qu’est-ce que l’artériopathie et quelles sont les populations exposées ?
On connaît mieux cette maladie sous le nom d’artérite alors que son terme médical est l’Artériopathie Oblitérante des Membres Inférieurs (AOMI). C’est une maladie artérielle qui peut être grave si elle n’est pas soignée. Elle peut survenir dès l’âge de 50 ans et touche particulièrement les fumeurs et les diabétiques. Mais il y a d’autres facteurs de risques comme l’excès de mauvais cholestérol, le surpoids, l’hypertension artérielle, l’insuffisance rénale chronique, le manque d’activité physique. L’hérédité également peut jouer un rôle, en cas d’antécédents familiaux cardiovasculaires.
De quoi souffre-t-on exactement en cas d’artériopathie et quelles peuvent être les conséquences ?
A l’âge de 50-60 ans, on souffre en général d’ischémie d’effort tandis que pour les sujets plus âgés, il s’agit plus souvent d’ischémie critique. Ce sont deux tableaux cliniques différents et il n’y a pas obligatoirement de lien entre les deux. On peut avoir souffert de l’un sans avoir souffert de l’autre.
L’ischémie critique, qui touche davantage des personnes âgées, se manifeste par des douleurs au pied la nuit (celui-ci n’étant pas assez irrigué). Les risques peuvent être ceux d’une nécrose des orteils (gangrène) allant jusqu’à l’amputation si aucun traitement n’est entrepris.
L’ischémie d’effort, quant à elle, se manifeste par une douleur au niveau du mollet après avoir parcouru une certaine distance. La douleur prend la forme d’une crampe et provoque un arrêt de la marche, on parle alors de claudication intermittente. Souvent ce tableau évolue peu dans le temps, même s’il peut être considéré comme très gênant par les patients. C’est, par contre, un marqueur de risque cardiovasculaire sérieux. On doit donc faire un bilan complet, notamment cardiaque, pour prévenir un éventuel infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral.
Mais quelle que soit l’ischémie dont on souffre et quel que soit l’âge de la personne, il vaut mieux faire un diagnostic le plus tôt possible car des traitements et des solutions efficaces existent.
Ischémie critique, réagir vite !
Quels sont les traitements préconisés ?
Cela dépend des cas bien évidemment. Dans le cas de l’ischémie critique, il y a urgence à intervenir pour réaliser une « revascularisation » du membre. La chirurgie est soit endovasculaire (pose d’un stent), soit chirurgicale (pontage).
Dans le cas de l’ischémie d’effort, il y a rarement d’urgence. La prise en charge est globale et graduelle : maîtrise des facteurs de risques vasculaires, mise en place d’un traitement médicamenteux optimal et rééducation à la marche. C’est simple, efficace et il y a de bons résultats à long terme. Cela demande par contre une forte implication des patients.
Dans certaines situations ou en l’absence d’amélioration par la rééducation, on peut être amené à proposer un traitement chirurgical, le plus souvent endovasculaire (pose de stent).
A SAVOIR
L’insuffisance veineuse est un trouble qui toucherait 57% des femmes et 26% des hommes en France mais il ne faut pas confondre artères et système veineux. Les artères emmènent le sang vers la périphérie tandis que le système veineux ramène le sang vers le cœur. En d’autres termes, souffrir d’ischémie est une maladie artérielle alors que souffrir de varices, par exemple, relève du système veineux.