Souvent stigmatisées, dénigrées, les maladies psychiatriques occupent pourtant une part importante des troubles de santé. Ce qui inquiète la psychiatrie ? Le faible taux de recherche française sur les troubles psychiatriques. À l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé Mentale, ce samedi 10 octobre 2020, retour sur cet enjeu au côté du Dr Pascal Verrier, psychiatre libéral à Lyon.
La Journée mondiale de la Santé Mentale est l’occasion de mettre en exergue l’importance grandissante des maladies psychiatriques. Dépression, addiction, phobie, anxiété… Des mots entendus et connus de tous. Pourtant, représentatifs des troubles psychiatriques. À l’opposé des schizophrénies et psychoses, la psychiatrie compte aussi des maladies aux allures mineures. Mais alors, qu’est-ce que les maladies psychiatriques ? Quel regard la France pose-t-elle sur ces dernières ? Explications avec le Dr Pascal Verrier, psychiatre à Lyon.
Troubles psychiatriques : qu’est-ce que c’est ?
Trouble psychique, trouble mental… Diverses dénominations renvoient aux troubles psychiatriques. Que ce soit pour désigner l’inconcevable, la folie ou la phobie, ces expressions ne sont jamais dénuées de jugement et de stigmatisation. Pourtant, les troubles psychiatriques ne sont pas ce qu’ils ont l’air d’être. Souffrir d’une dépression, être en proie aux angoisses, avoir la phobie des araignées… Aucun n’a l’apparence de ce qu’il est. Et pourtant, ces difficultés font partie des troubles psychiatriques.
Troubles psychiques et souffrance intérieure
Mais alors, qu’est-ce que les troubles psychiatriques ?
Les troubles psychiatriques regroupent divers troubles psychologiques, quelles que soient leurs sources. Leur point commun ? Engendrer des difficultés, de la souffrance et des troubles du comportement. Loin des préjugés, ce sont avant tout des rapports compliqués et douloureux à soi, au monde et aux autres, et ce dans la vie de tous les jours.
Qui ? Quand ? Et pourquoi ?
Bien que chacun puisse souffrir d’un trouble psychiatrique, l’âge reste un facteur de risque important. En effet, les phases de l’enfance et de l’adolescence représentent une part non négligeable des personnes concernées. De même, la grossesse et le vieillissement devraient être soumis à une vigilance accrue. Ainsi, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) considère qu’1 personne sur 4 éprouve un trouble psychiatrique à une période donnée de sa vie. Les antécédents familiaux, un événement traumatisant, la génétique, les difficultés sociales et économiques… Autant de facteurs que de personnes touchées. Toutefois, on précise généralement l’importance de considération bio-psycho-social des facteurs.
Un enjeu de santé publique
12 millions. Un nombre élevé pour désigner les personnes souffrant d’une maladie psychiatrique en 2013. Ainsi, la Fondation pour la Recherche Médicale recense jusqu’à 10 % de la population touchée par un épisode dépressif. Quant aux troubles bipolaires, ils constituent entre 1 et 2,5% de la population ; 600 000 personnes pour la schizophrénie ; et jusqu’à 2% pour les TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs).
« En ce contexte de crise épidémique, les personnes sont plus susceptibles de développer des troubles psychiatriques. La vie actuelle favorise la réduction voire l’interruption de liens. » Or l’être humain est avant tout un être de lien. « Ce climat anxiogène peut plus facilement amener à des répercussions négatives sur une personne. Et ce dans tous les domaines de sa vie : au travail, en famille, entre amis… », rappelle le Dr Verrier.
« Economiquement, les troubles psychiatriques représentent un coût social conséquent quand on sait qu’1 personne sur 4 est touchée par ces troubles à un moment donné de sa vie ». Sans compter l’enjeu de la prise en compte de ces souffrances très partagées. Ainsi, prendre en compte la psychiatrie comme un enjeu de santé publique semble nécessaire.
La psychiatrie : mal-aimée de la recherche française
D’un point de vue économique, les maladies psychiatriques restent un des premiers coûts en terme de santé. En effet, plus de 20 milliards d’euros sont consacrés par l’Assurance maladie à l’accompagnement et aux soins ; et ce rien qu’en 2017 !
Si ce coût semble faramineux, il n’est rien quand on sait que la France ne consacre que 4,1% de ces investissements en recherche médicale, face à 16% pour les Etats-Unis.
« La recherche médicale sur le domaine de la psychiatrie est en bonne voie. Les recherches menées sont valables et de qualité. Evidemment, obtenir plus de moyens serait favorable au développement de la psychiatrie et ne pourrait être refusé », conclut le Dr Verrier.
A SAVOIR
Le Centre Hospitalier Le Vinatier à Lyon, spécialisé dans la psychiatrie de l’enfant et de l’adulte, possède une Unité de Psychoéducation et de Psychothérapie (UPP) proposant des programmes à destination des familles. Des séances entre professionnels, patient et famille du patient peuvent ainsi être organisées pour accompagner et répondre aux interrogations. Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site du CH Le Vinatier.