Selon une récente enquête, la dialyse permet à plus de 44 000 insuffisants rénaux de vivre presque normalement. Dans quels cas la dialyse devient-elle indispensable ? Quelles sont les précautions à prendre ? Faut-il opter pour l’hémodialyse ou la dialyse péritonéale ? Les explications du docteur Solenn LINCA, néphrologue à la clinique Tonkin-Bayard, à Villeurbanne (Rhône).
Dans quels cas la dialyse est-elle préconisée, voire indispensable ?
Lorsqu’une insuffisance rénale chronique réduit le fonctionnement des reins à 10% de leur potentiel (clairance rénale). On est alors au stade 5 des maladies rénales chroniques, le stade ultime en terme d’atteinte rénale, ce qui signifie qu’il faut impérativement faire appel à l’épuration extra rénale pour éliminer les toxines sans quoi la vie est menacée.
Quel est le principe de la dialyse ?
Il s’agit de remplacer la filtration rénale physiologique par une technique qui permettra d’éliminer les déchets que les reins ne peuvent plus extraire naturellement. Sans cette suppléance le patient encoure avec des complications cardiaques sévères, métaboliques. Ce traitement va donc permettre de prolonger la vie en remplaçant artificiellement les reins défaillants. Lorsqu’il est question de dialyser cela sous entend que sans ce traitement la vie est menacée. Ce traitement peut être transitoire si la défaillance rénale est aiguë et que l’on observe une récupération.
Hémodialyse et dialyse péritonéale
Concrètement, comment se déroule une séance de dialyse ?
L’hémodialyse s’effectue dans des centres spécialisés équipés de machines sophistiquées, machines capable de « nettoyer le sang » 3 fois par semaine. Cela nécessite d’avoir un réseau veineux de gros calibre et on réalise pour cela au préalable un petit montage chirurgical, une fistule artério-veineuse, pour grossir artificiellement une veine. La dose de dialyse optimale est de 3 séances de 4 heures par semaine.
L’autre alternative, consiste à dialyser à son domicile par le biais d’un cathéter implanté dans la cavité péritonéale (dialyse péritonéale). Des échanges seront réalisés quotidiennement la journée ou la nuit. Les 2 techniques présentent chacune des avantages et des inconvénients. On peut réussir à dialyser et garder une qualité de vie correcte en maintenant une activité professionnelle, en continuant de voyager.
La dialyse péritonéale est elle plus confortable pour le patient ?
Cela dépend du patient et de ses antécédents mais globalement, elle permet peut être plus d’autonomie et donc plus de liberté (on peut choisir de dialyser soit la journée soit la nuit). Cette technique a aussi des contraintes car le cathéter est implanté dans le ventre et nécessite une asepsie rigoureuse. En outre, Il faut un minimum de place chez soi pour pouvoir stocker du matériel. La dialyse quotidienne semble générer moins de fatigue pour le patient car la soustraction de volume et les échanges ioniques se font tous les jours. Il faudrait donc comparer la dialyse péritonéale et l’hémodialyse quotidienne au domicile qui est encore peu pratiquée.
La dialyse nécessite une diététique stricte
Quels sont les inconvénients de l’hémodialyse ?
Ce qui est le plus souvent cité par les patients, c’est la fatigue et la durée des séances. Durant quatre heures, on va imposer un effort au système cardio vasculaire et éliminer les toxines urémiques (déchets). Les séances peuvent se compliquer d’une variation de la pression artérielle plus ou moins bien tolérée par le patient. L’insuffisance rénale terminale impose des contraintes diététiques qui sont d’autant plus importantes que la diurèse (volume urinaire) est faible.
Les deux solutions sont-elles prises en charge de manière égale par la sécurité sociale ?
Oui, dans les deux cas, la prise en charge est à 100% et les patients cotoient les mêmes néphrologues.
À SAVOIR
Selon une récente enquête de la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers & d’aide à la personne), plus de 44 000 personnes sont contraintes de se faire dialyser chaque semaine, alors qu’elles n’étaient que 30 000 dix ans plus tôt. Environ 90% optent pour la solution de l’hémodialyse en centres, seulement 10% préférant la solution de la dialyse péritonéale. Sur un total de 6,5 millions de séances de dialyse par an, plus de 40% sont réalisées par des établissements privés à but non lucratif.