Traiter sans traiter, voilà tout l’intérêt du placebo. Durant notre enfance, on a tous reçu un bisou sur une blessure pour aider à la guérison. Cet effet peut paraître insensé mais il est pourtant possible de soigner une douleur, aussi bien faible qu’importante, à l’aide du placebo. Dès lors que l’on donne un placebo, certaines régions de notre cerveau vont réagir, notamment celles qui produisent de la morphine. Comment déclencher l’effet placebo ? Vers quoi porte la recherche dans ce secteur ? Qu’est-ce que l’effet nocebo ? Ma Santé vous dit tout sur le placebo avec le concours du Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, spécialiste en médecine générale à Lyon.
L’effet placebo se révèle être très efficace pour les pathologies bénignes. En effet, il permettrait de soulager les migraines et les dépressions dans plus de 60% des cas. Son recours n’est donc plus à justifier pour ces cas-là. Et c’est bel et bien lorsque le patient n’est pas informé de la prescription de médicaments non thérapeutiques que le traitement se révèle être le plus fructueux. Néanmoins, l’effet placebo n’est pas le remède miracle ! Pour les maladies graves (virus, cancer…), il ne démontre absolument aucun résultat.
Comment fonctionne l’effet placebo ?
Un placebo est donc un produit ne contenant aucun principe actif, il s’agit en quelque sorte d’un faux médicament. Pourtant, ce placebo a des effets thérapeutiques. L’effet placebo va donc se construire autour d’un contexte, notamment dans la relation de confiance que l’on entretient avec son médecin généraliste mais aussi son spécialiste. Il est là pour notre bien, la prescription qu’il nous fait ne peut être que bénéfique pour notre organisme. Malgré cela, si le médecin dit clairement qu’il administre un placebo à son patient, l’effet peut quand même avoir lieu.
Ceci s’explique par des réactions biologiques, au sein de notre cerveau, en fonction de la pathologie. Si l’on souhaite obtenir un traitement contre la douleur, notre cerveau va naturellement sécréter de l’endorphine (molécule proche de la morphine) peu importe le médicament que l’on va nous prescrire. De même, si l’on nous prescrit un excitant qui n’en est pas un, notre pression artérielle et notre fréquence cardiaque vont augmenter.
Les différents types de traitement
Placebo pur
Il s’agit d’un traitement avec l’apparence, la texture et le goût d’un authentique médicament mais sans principe actif. On retrouve des solutions à base de sucre, d’amidon ou encore de lactose.
Placebo impur
Ce type de traitement consiste à prescrire un réel traitement avec des principes actifs reconnus mais sur une pathologie où il est démontré scientifiquement que ce choix de traitement est inefficace. Prescrire de la vitamine C pour un cas de grippe.
La chirurgie placebo
La chirurgie placebo consiste à simuler une opération chirurgicale. Le chirurgien va se contenter d’ouvrir puis de refermer une partie du corps, sans appliquer de traitement. Ce type de traitement pose des problèmes éthiques. Une anesthésie, même locale, peut être responsable d’effets indésirables importants.
Peut-on être insensible à l’effet placebo ?
Oui, il y a des prédispositions génétiques à la sensibilité au placebo. Seuls 30% des patients seraient en réalité sensibles à son effet. Le placebo répondeur est bien souvent une personne plus sensible psychologiquement.
Les effets secondaires du placebo alias l’effet nocebo
L’effet placebo peut se révéler, dans certains cas, source de symptômes handicapants. En effet, il se transforme alors en effet nocebo. De nombreux patients auraient des effets secondaires communs à la suite d’une prise de médicaments non thérapeutiques : difficultés pour se concentrer, maux de tête ou encore de la fatigue. L’effet nocebo se caractérise également par l’arrivée d’effets indésirables après avoir pris connaissance d’effets secondaires sur une pathologie donnée. C’est l’exact opposé de l’effet placebo.
Il n’est pas rare que des personnes soient sujettes à connaître des effets indésirables quand on leur annonce l’installation d’une antenne 4G à proximité de leur domicile alors même que celle-ci n’est pas encore installée.
L’homéopathie : un traitement qui fait polémique ?
La majorité des études scientifiques menées sur ce terrain-là nous montrent que l’homéopathie n’aurait pas d’autres effets que celui du placebo. L’inventeur de l’homéopathie, Samuel Hahnemann, est à l’origine du développement du principe de similitude : “une substance naturelle, à forte dose, peut provoquer des symptômes chez un individu sain alors cette même substance, à faible dose, peut guérir un malade avec les mêmes symptômes”.
L’homéopathie a pour principe de diluer le produit initial, or ce produit est tellement dilué qu’il n’en reste quasi rien. L’homéopathie ne contient donc pas de produits qui ont pour objectif de soigner significativement. Un traitement à base d’homéopathie reviendrait donc à favoriser un effet placebo.
L’homéopathie est bel et bien le traitement qui divise le plus. Le déremboursement de l’homéopathie par la sécurité sociale a suscité de vives réactions. De nombreux médecins jugent qu’il n’est pas très éthique de laisser un traitement comme l’homéopathie à une échelle générale.
Vers quoi porte la recherche scientifique ?
L’effet placebo donne de la matière à la recherche scientifique pour mieux comprendre la relation entre notre corps et notre esprit. La neuro-anatomie est une branche à l’origine de nombreuses recherches afin d’identifier les déclenchements précis de l’effet placebo au sein de notre cerveau.
De plus, la génétique est également un axe central où les chercheurs essayent de comprendre précisément qui est susceptible de répondre au placebo.
À SAVOIR
L’origine étymologique de placebo vient du latin “placere” signifiant plaire. Le fait de croire en la médecine. L’origine étymologique de nocebo vient du latin “nocere” signifiant nuire. Avoir recours à une substance non thérapeutique n’est pas toujours satisfaisant.