De plus en plus de citadins utilisent le vélo comme mode de déplacement quotidien. Quels précautions prendre pour rouler en ville ? Y a-t-il des contre-indications ? Quel matériel adopter ? Comment l’entretenir ? Les explications d’Alex Balaud, conseiller technique départemental en Haute-Savoie
Pourquoi de plus en plus de citadins utilisent le vélo comme moyen de locomotion ?
Parce le vélo est un mode de déplacement pratique et peu onéreux ! Qui plus est, très écologique. Et rapide, surtout utilisé dans un cadre urbain. Pour l’avoir vécu l’an dernier pendant trois mois, on va plus vite à vélo en ville. Et ce n’est pas forcément trop fatiguant, pour peu que l’on circule avant tout sur le plat, que le vélo soit en bon état… et qu’on sache s’en servir !
Y a-t-il des contre-indications pour la santé ?
Non, ce qui est déconseillé, c’est évidemment en cas de problèmes cardiaques et d’efforts de trop grande intensité. Sinon, ça ne peut être que bénéfique. C’est un sport porté, conseillé dans la rééducation, notamment pour le genou car moins traumatisant que la course à pied.
Que faut-il améliorer dans sa pratique du vélo pour être le plus efficace possible et ne pas se fatiguer, ni se blesser ?
Déjà, penser à adapter son braquet : je vois souvent des gens qui ne sont pas sur la bonne vitesse, se mettent debout sur les pédales et galèrent… Pensez aussi à vérifier la pression des pneus. En étant sous-gonflé, il y a le risquer de crever facilement en montant un trottoir, et l’on perd du rendement : il y a plus de frottement et on se fatigue plus pour avancer.
Bien régler sa hauteur de selle
Y a-t-il des conseils simples pour améliorer son pédalage ?
Il faut jouer sur la mobilité de la cheville, “griffer” un peu la pédale à la remontée et accompagner la descente du pied. On peut ainsi augmenter le cycle de pédalage et le point de contact.
Pour peu que la selle soit à la bonne hauteur…
Exact. Cela joue à la fois sur le confort et l’efficacité du cycliste . Si la selle est trop basse, on force plus, on ne déplie pas assez la jambe, on risque le mal au dos. En général, assis sur la selle, pédale en bas et talon sur la pédale, on doit avoir la jambe quasiment tendue. Si vous avez du mal à la toucher, la selle est trop haute. Vous allez vous pencher de chaque côté pour pédaler, et c’est mauvais en terme de posture. Enfin, il existe des selles spéciales pour les filles car elles n’ont pas le même bassin que les hommes.
Les “fixies”, vélos à une seule vitesse, se développent en ville. Est-ce une bonne alternative ?
C’est quand même particulier, il ne faut pas le mettre entre toutes les mains. Sur un fixie, on pédale tout le temps, comme sur un vélo de piste. C’est une pratique à part entière qui nécessite de bien maîtriser le vélo à la base. Par contre, ce qui se démocratise bien, c’est le vélo électrique, en ville ou à la campagne.
Ces vélos électriques nécessitent-t-il malgré tout un effort ? Est-ce utile pour garder la forme ?
En déplacement urbain, le vélo électrique réduit l’effort au minimum jusqu’à 25 km/h, même s’il faut toujours donner le mouvement de pédalage. Après, si l’on dépasse cette vitesse, on n’est plus assisté et c’est l’effort musculaire qui prend le relais.
Les Vélib’ et autres Velov sont-ils à conseiller ?
C’est vrai qu’ils sont construits pour ne pas être dégradés et sont de vrais tanks, avec des problèmes d’inertie. Une fois l’engin lancé, il faut réagir vite, ce qui exige une prise en mains au départ. Si l’on n’est pas habitué, il y a un travail d’anticipation à effectuer.
Entretenir son vélo pour qu’il dure
Si l’on oublie le Velov, comment choisir un vélo de ville pas trop cher ?
En ville, il faut un vélo qu’on ne va pas voler mais en bon état. Ca se trouve dans les bourses aux vélos ou en occasion. Et le seul truc pour qu’un vélo dure, c’est de l’entretenir. C’est souvent le point faible, même en club chez les jeunes ! Il le faut pour que les vitesses passent bien ! Il convient donc de changer régulierement câbles et gaines, graisser les roulements et faire attention au lavage. Trop utiliser le jet à haute pression induit le risque que l’eau s’inflitre dans les roulements, qu’ils grippent, que ça tourne moins bien, que la direction soit raide. Au final, ce sont des efforts en plus dans les déplacements. Si vous utilisez le jet à haute pression, faites le perpendiculairement au roulement pour que l’eau ne s’infiltre pas trop dedans.
Comment entreposer son vélo ? Est-il déconseillé de le poser sur les roues, de le laisser dehors sur le balcon en hiver ?
S’il est à l’abri, ça va. S’il prend l’eau et reste dehors, alors il rouillera. Il faut le laver et le sécher avec un chiffon après une sortie. De plus, il y a le sel, plus encore que le froid en hiver, qui abîme le vélo en période hivernale. Il faut aussi faire attention à l’humidité. Idéalement, il vaut mieux le mettre à l’intérieur. Cependant, un vélo bien entretenu et graissé peut être laissé sur un balcon s’il est utilisé de temps en temps. Quant au fait de le laisser sur les pneus, ça ne pose aucun souci. Le seul petit problème, c’est qu’avec le temps, les pneus peuvent durcir et se craqueler. Ils seront alors moins performants, et risquent de se percer plus facilement.
A SAVOIR
Selon une étude menée par le ministère de l’écologie et du développement durable, près de 25 millions de Français (soit 40% de la population) pratiquent régulièrement le vélo et 10 millions de manière occasionnelle. Cette enquête note aussi une augmentation très nette de la pratique du vélo en milieu urbain. Ainsi, au cours des dix dernières années, avec le développement du Velov, le trafic a été multiplié par près de 4 dans l’agglomération lyonnaise.
Juste pour dire que faire du vélo électrique peut servir dans certains cas, mais côté santé c’est zéro. C’est l’effort qui muscle, qui améliore les fonctions respiratoires, la circulation. Croire qu’on fait du vélo car on est assis sur un engin qui y ressemble, c’est se faire des illusions. Si à chaque effort, le moteur prend le relais, il n’ y a aucun bénéfice. Je n’ai rien contre le vélo électrique qui a son utilité pour beaucoup de gens mais il ne faut pas s’en servir pour être en meilleure forme.
« fixies » = vélo à pignon fixe (20 mars, journée de la langue française) ou juste « pignon fixe » par métonymie.
« si l’on dépasse cette vitesse [25km/h], on n’est plus assisté et c’est l’effort musculaire qui prend le relais.»
En ville la vitesse moyenne à vélo est inférieur à 20km/h, donc l’effort musculaire est très réduit (et c’est le but !). Mais du coup coté santé l’intérêt est limité.