Le lifting connait un regain d’intérêt en France grâce à de nouvelles techniques moins invasives et des traits moins tirés, moins figés. Interview d’un expert de la “French touch” esthétique, le chirurgien plasticien Michel Rouif, présent à Lyon lors du congrès SOFCEP.
Des solutions de plus en plus “légères”
En vogue dans les années 80, le lifting n’est-il pas aujourd’hui une technique dépassée ?
Non, pas du tout. Ce n’est pas une technique du passé. Au contraire, on assiste à un renouveau des liftings cervicofaciaux avec une approche “sur-mesure”. Des solutions en plus en plus “légères”, associées ou dissociées aux techniques médicales. Il faut juste réaliser le lifting au bon moment, repositionner les tissus lorsque le corps le réclame. Seule réserve, cela reste une technique assez onéreuse, parfois dissuasive en raison de son coût et des contraintes chirurgicales. En revanche, ces dernières années, de nouveaux traitements ont permis de réduire considérablement les temps de récupération.
Vous évoquez le côté onéreux d’un lifting. Combien coûte une telle opération ?
Sachant qu’on réalise aujourd’hui des liftings “sur-mesure”, tout va dépendre de la demande de la patiente. Un petit lifting jugal (Ndlr: au niveau des joues) va coûter entre 4 000 et 5 000 euros. Pour un lifting plus complexe, avec intervention sur les paupières, les masses graisseuses, on peut atteindre un budget de l’ordre de 10 000 euros.
Lifting, d’abord les joues et le cou
Quel est le lifting le plus demandé ?
Celui de la joue qui restitue bien et facilement l’ovale du visage. Le cou est aussi très demandé. Avant, les dames mettaient des rubans autour du cou pour cacher leur peau qui commençait à se détendre. Aujourd’hui, le lifting a fait disparaître les rubans comme par magie !
Quel est le profil-type de la patiente qui vient consulter pour un lifting ?
Une personne âgée de 50 à 55 ans qui a envie de conserver un visage harmonieux dans les dix années à venir. L’idéal est de ne pas trop attendre pour avoir d’excellents résultats. L’intervention est aussi moins brutale car les tissus sont plus réactifs. Un lifting va se voir quand les tissus ne sont plus élastiques.
Lifting et greffe graisseuse
Quelle est la motivation première de vos patientes ? Rajeunir ?
Non. Paraître plus attrayante, moins fatiguée. Ne plus avoir de mauvaise surprise en se regardant dans la glace le matin. On se sent encore jeune mais on ne comprend pas pourquoi le reflet du miroir renvoie une image inverse… C’est cette “désynchronisation”, insupportable pour certaines personnes, à laquelle peut remet le lifting.
Vous employez toujours le féminin pour évoquer le lifting. Est-ce une technique réservée aux femmes ?
En pratique, on réalise 80 à 85% des liftings sur des femmes. Les hommes ont-ils peur, sont-ils moins courageux pour oser cette chirurgie ? Il y a peut-être aussi une forme de culpabilité qui n’a pas de raison d’exister. Il y a enfin la problématique des cicatrices. Chez les femmes, elles sont assez simples à masquer. Pour l’homme, c’est parfois plus compliqué si, par exemple, il n’a pas beaucoup de cheveux voire plus du tout. Et puis, beaucoup d’hommes voudraient faire plus jeunes toute en gardant leur “gueule”. C’est une équation difficile à résoudre. Voilà pourquoi beaucoup d’hommes se contentent d’une chirurgie des paupières.
Malgré tout, ce ratio hommes/femmes évolue-t-il avec le temps ?
Oui, les hommes se libèrent peu à peu cette pseudo -culpabilité…
Les techniques de lifting vont-elles encore progresser ?
Oui, on dispose aujourd’hui de techniques de plus en plus fines pour des liftings toujours moins agressifs. On parvient à éviter les aspects tirés, figés, aplatis des anciens liftings tout en respectant les lignes et expressions. C’est la préoccupation du savoir-faire français internationalement reconnu, la “French Aesthetic Touch”. A l’avenir, on va encore progresser pour simplifier le suivi post-opératoire en bénéficiant aussi de l’apport d’autres techniques comme les greffes graisseuses. Enfin, la qualité des soins et la prévention vont permettre de retarder l’âge moyen du recours au lifting. Bref, cette technique n’est pas près de disparaître même si elle va continuer d’évoluer.
Le congrès SOFCEP (Société française des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens), qui a réuni plus de 500 experts français et étrangers, s’est tenu début juin à Lyon.
A SAVOIR
Près de 100 000 liftings sont réalisés chaque année dans le monde, dont plus de 23 000 en France (source : ISPAS 2017). Très répandu, le lifting cervico-facial consiste à gommer les effets du vieillissement sur la partie inférieure du visage et du cou. Cette technique est aujourd’hui régulièrement complétée par des interventions chirurgicales annexes comme la chirurgie des paupières, un lifting temporal, un lifting des sourcils, un lifting des lèvres ou de techniques de peeling. Pour un résultat optimum, la volumétrie du visage peut être modifiée grâce à l’injection de greffes graisseuses (auto-transfert graisseux, donc prélevé chez le patient), pendant le lifting, avant ou après. Enfin, des liftings d’autres parties du corps, notamment des seins, sont aujourd’hui pratiqués par certains chirurgiens esthétiques.