Le centre de santé au Rouget-Pers, dans le Cantal, accueille les deux premiers médecins salariés de la région AuRA.
Deux médecins salariés ont rejoint début août 2023 le centre de santé du Rouget-Pers, dans le Cantal, aux côté des autres professionnels de santé du site. ©Laurence Rabuel

Privés de médecins généralistes depuis plusieurs mois, les habitants du Rouget-Pers, dans le Cantal, ont retrouvé un accès aux soins médicaux essentiels. Recrutés par la Région et le Département, deux médecins généralistes et une secrétaire médicale les accueillent en effet depuis le 1er août 2023 au sein d’un centre de santé parfaitement équipé. Inédit en Auvergne-Rhône-Alpes, ce dispositif, qui va prochainement être déployé en Ardèche, est l’une des grandes initiatives lancées par la Région pour renforcer l’offre de soins dans les territoires en forte tension médicale.

Au cœur de la Châtaigneraie cantalienne, les patients ont retrouvé le sourire. « Tous nous manifestent leur bonheur d’avoir recouvré une offre de soin dans leur village », témoigne le Dr Lionel Guerquin, 49 ans, l’un des deux nouveaux médecins à avoir posé leur plaque sur la façade de la Maison de Santé du Rouget-Pers. « Cet enthousiasme est très révélateur de l’angoisse générée par la peur de ne pas pouvoir être soigné ».

Le Dr Marie Barrière est l'un des deux premiers médecins salariés de la région AuRA.
Dr Marie Barrière, médecin généraliste au Rouget-Pers. ©Laurence Rabuel

Cette crainte s’est évaporée le 1er août, lorsqu’il a inauguré ses consultations en compagnie du Dr Marie Barrière. Complémentaire et bien équilibré, le binôme assure une présence médicale du lundi matin au samedi midi. Chacun avec ses spécificités : l’une, qui a bouclé son internat en 2022, apporte sa fraîcheur et son appétence en pédiatrie et gynécologie. L’autre, sa solide expérience glanée en cabinet libéral, à Aurillac puis à Ytrac, et une compétence en gériatrie consolidée le temps d’une année à l’hôpital d’Aurillac. 

« J’ai toujours exercé en milieu rural. On y pratique des soins variés et la relation que l’on noue avec les patients me convient : ils vous font confiance et sont à l’écoute de nos recommandations », explique le Dr Guerquin. Pour qui l’opportunité d’exercer comme salarié a clairement pesé dans son choix. « J’ai pu expérimenter tous les intérêts de l’exercice salarié, durant deux ans, pour la ville de Tulle en Corrèze. C’est aujourd’hui un bon moyen de remédier à des problématiques d’accès au soin qui s’intensifient ».

Les deux médecins ont été recrutés par le Groupement d’Intérêt Public « Ma Région, Ma santé », créé à l’initiative de la Région Auvergne-Rhône-Alpes au printemps dernier« Face à la désertification médicale, nous avons décidé d’agir. La création de ce GIP, une initiative singulière en France, originale et surtout expérimentale, aux côtés de l’Ardèche et du Cantal, est une nouvelle étape pour la Région », résume Laurence Fautra, Vice-présidente de la Région déléguée à la Santé. 

Médecin salarié, un modèle attractif et sécurisant

Ce dispositif, qui va aussi permettre le recrutement de médecins salariés en Ardèche, apporte une solution concrète dans les territoires en tension. Il permet en effet d’attirer plus facilement les praticiens, rassurés dans leur choix d’installation. Pour preuve, la municipalité du Rouget-Pers, malgré son dynamisme et l’attractivité des conditions proposées, s’acharnait en vain depuis plusieurs années à séduire des médecins libéraux. « Grâce à ce statut de salarié, il y a eu deux candidatures quasi immédiates », témoigne le Dr Guerquin, qui souhaitait travailler à mi-temps, un choix « quasi impossible en libéral »

Dr Lionel Guerquin, pionnier du modèle salariale pour les médecins généralistes en région AuRA.
Dr Lionel Guerquin, médecin généraliste au Rouget-Pers spécialisée dans la gériatrie. ©

« Ce statut nous offre aussi une sécurité, là où, en libéral, on ne peut se permettre d’être malade ou d’avoir un accident. Il nous allège des contraintes liées à la gestion d’un cabinet, nous épargne le poids de certaines charges, l’électricité par exemple… » Le GIP assure l’intégralité de la gestion et permet aux médecins salariés de se concentrer sur leurs consultations… et leurs patients.

Le remède miracle, en somme ? « Pour des solutions locales et ponctuelles, dans des territoires défavorisés où réussir à fixer des médecins est un enjeu, c’est évident. Mais pas de manière généralisée, car la profession est très attachée à l’exercice libéral. Il permettrait pourtant à des libéraux en fin de carrière, désireux de diminuer leur temps de travail, de continuer à exercer en médecine générale. Et à certains jeunes médecins, soucieux de préserver leur vie personnelle, d’y trouver leur compte ».

Autre atout du système des médecins salariés, une bouffée d’oxygène pour les autres professionnels de la maison de santé (infirmiers, kinés…) et du territoire. « Tous nous ont fait part de leur satisfaction. Nous allons peu à peu nous organiser pour coordonner au mieux l’offre de soins, au service des mêmes patients. Et si l’idéal serait que nous soyons rejoints par un troisième médecin, l’arrivée de deux généralistes ne peut que sécuriser l’activité de la pharmacie du village. Alors, oui, on ne peut que saluer cette initiative ».

À SAVOIR

Le GIP « Ma Région, Ma santé Auvergne-Rhône-Alpes » a été créé à l’initiative de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, en collaboration avec les Départements du Cantal et de l’Ardèche, du groupement régional des centres de santé et de la Fédération régionale des maisons de santé et d’exercice coordonné.

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