Organisée depuis le 16 décembre dans toute la région, la plus grande campagne de dépistage organisée jusqu’ici en France est sur le point de s’achever. À quelques heures de Noël, 625 940 habitants se sont déjà fait testés, soit quatre fois plus qu’à l’accoutumée. Le taux de positivité, en revanche, est largement supérieur aux prévisions : mardi midi, 28 848 cas positifs avaient déjà été détectés, parmi lesquels de nombreux lycéens asymptomatiques qui n’iront pas, du coup, propager le virus durant les fêtes.
Des clusters inattendus, un taux de positivité plus élevé que prévu, un lycée fermé après des tests positifs… Organisée la semaine précédent Noël, la grande campagne de dépistage massif destinée aux habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes a permis de tester quatre fois plus de personnes qu’à l’accoutumée.
Selon le bilan effectué par le président de la région, Laurent Wauquiez, 625 940 Auverhônalpins s’étaient fait testés entre le mercredi 16 et le mardi 22 décembre à midi. À titre de comparaison, 152 573 dépistages au Covid-19 avaient été réalisés durant la semaine du 5 au 13 décembre.
Un taux de positivité aux tests multiplié par quatre
La campagne n’est pas terminée et l’affluence de ce mercredi 23 décembre s’annonçait importante. Mais avec 28 848 cas positifs détectés, le premier enseignement de cette campagne est clair. “Le taux de positivité est supérieur aux prévisions de 1%”, confirme Laurent Wauquiez. Il s’élève en effet à 4%. Le virus circule encore beaucoup, et si le nombre de malades stagne dans les hôpitaux de la région (4334 patients mardi), il est essentiel de ne pas baisser la garde.
Dans le détail, ce pré-bilan de la campagne indique une certaine baisse de la circulation du virus dans le Rhône et le Grand Lyon. Le taux de positivité, dans ces territoires fortement impactés par la deuxième vague de l’épidémie, est de 3,5%. Il est identique dans un autre département très touché, la Savoie. Il s’élève en revanche à 5,2% en Haute-Savoie, où selon Laurent Wauquiez “on mesure clairement l’impact de la Suisse, Genève étant l’un des territoires les plus touchés d’Europe”.
Les tests dans les lycées renouvelés en janvier
Si les chiffres restent à confirmer, la surprise est venue des lycées, systématiquement dépistés. De très nombreux cas positifs ont été détectés chez les lycéens, pour la plupart asymptomatiques. Le lycée professionnel Montesquieu, à Valence, a même fermé ses portes dès jeudi dernier face à l’accumulation de cas positifs. Une nouvelle campagne de tests sera réalisée dans les lycées en janvier, a annoncé le président de la Région. “Ces cas dans les lycées peuvent aboutir à des chaînes de contaminations fortes. On sait en effet que 40 à 50% des contaminations viennent de personnes asymptomatiques”.
En l’occurrence, ces cas-là, placés en isolement, ne propageront pas le virus durant les fêtes. “30 000 personnes positives sont sorties du circuit de contamination”, relève Yannick Neuder, vice président de la région à la santé. “On peut donc s’attendre à une baisse de l’incidence de la maladie et du nombre de nouveaux cas la semaine prochaine”.
La campagne de tests pourrait être reconduite
En attendant, la Région semble avoir d’ores et déjà réussi son pari. Inédite en France, cette campagne va donner des indicateurs plus larges aux scientifiques. Et, peut-être, donner des idées à d’autres territoires.
Les professionnels de santé, en tout cas, ont plébiscité l’opération : “Un médecin libéral sur six a participé aux dépistages, ce qui est un bel exploit au moment de Noël, une période très dense. C’est une expérience qu’il va falloir renouveler”, confirme ainsi le Dr Pierre-Jean Ternamian, président de l’URPS médecins libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes. “Nous sommes complets jusqu’à la fin des fêtes, il aurait fallu que la campagne dure plus longtemps”, témoigne également Olivier Rozaire, le président de l’URPS régional des pharmaciens.
La campagne se poursuit jusqu’à ce jeudi 24 décembre. La Région s’est également engagée à accompagner tous les centres, nombreux, qui choisiraient de poursuivre les dépistages au-delà. “Dans le triptyque tester, isoler, tracer, le maillon faible reste le test”, conclut Laurent Wauquiez. “Il faut clairement améliorer notre stratégie de tests pour éviter une troisième vague”.
À SAVOIR
1312 centres de dépistages temporaires ont été activés durant la campagne régionale de tests, en plus des 1300 centres existants. La mobilisation des professionnels de santé, estimée à 15 000 personnes, est allée au-delà des prévisions. 18 840 personnes ont participé aux dépistages. Dont 2776 infirmiers libéraux, 1027 médecins libéraux, 2500 étudiants en médecine ou pharma, 900 pharmacies, 531 kinés…