Alors que la vaccination est ouverte à toutes les personnes de plus de 18 ans, l’Agence Régionale de Santé d’Auvergne-Rhône-Alpes (ARS) rappelle l’importance d’aller se faire vacciner. Un impératif avant les vacances pour enrayer l’épidémie de Covid-19 et retrouver peu à peu une vie normale. Le Dr Anne-Marie Durand, directrice de la santé publique à l’ARS, répond aux questions sur les enjeux individuels et collectifs de la vaccination.
Le vaccin pour “protéger l’hôpital et les personnels” ?
On dit aujourd’hui « Tous vaccinés, tous protégés » mais devons-nous vraiment tous réaliser la vaccination pour nous débarrasser de la Covid-19 ?
Il est très important de redire que la vaccination protège la personne vaccinée du virus et l’empêche de tomber malade, ou de faire une forme grave de la maladie. On le voit bien dans nos hôpitaux : depuis le début de la vaccination, qui a été réalisée en priorité chez nos aînés, l’âge des personnes admises à l’hôpital a considérablement baissé ! De la même manière, le nombre de cas de Covid-19 et donc de décès en établissement pour personnes âgées a également fortement diminué. Ce sont des faits, qui démontrent que la vaccination protège réellement et a un impact très positif.
La vaccination s’adresse à tout le monde : personnes âgées, atteintes de pathologie et également personne en bonne santé. Nous avons constaté depuis maintenant plus de 18 mois que la Covid-19 a malheureusement provoqué des formes graves chez un certain nombre de personnes pourtant sans facteur de risque et qui ont été prises en charge en réanimation parfois pour plusieurs semaines, avec des conséquences dramatiques sur leur état de santé et sur leur quotidien : longues semaines de réadaptation, de kinésithérapie, d’orthophonie. Il ne faut pas uniquement se focaliser sur les décès ou les hospitalisations mais sur les conséquences à long terme pour tous les malades graves. Des mois après la maladie, nombreux sont ceux qui n’ont pas pu reprendre le travail, sont toujours très fatigués, ont du mal à se concentrer, ne dorment plus ou mal la nuit.
Quelles sont les conséquences d’un nombre insuffisant de personnes vaccinées ?
En moyenne une immunité collective nécessite que 80 % de la population cible soit vaccinée. À l’échelle de notre région, cela représente près de 6 800 000 personnes.
À ce jour, 3 386 900 personnes ont reçu au moins une première dose, c’est bien mais c’est loin d’être suffisant. Il faut que tout le monde prenne conscience que tant que cette couverture vaccinale ne sera pas atteinte, nous courrons le risque de voir apparaître de nouveaux rebonds épidémiques. Il me semble qu’après 3 vagues déjà vécues, beaucoup sont épuisés, que ce soit physiquement ou psychologiquement par le travail mené pour freiner ce virus, à l’hôpital, dans les établissements médico-sociaux, mais pas seulement.
Un des enjeux de la vaccination est la protection des personnes que l’on sait vulnérables (et il ne s’agit pas uniquement des personnes âgées) et celles qui ne se savent pas vulnérables. La vaccination permet de protéger ces personnes pour qu’elles n’arrivent pas jusqu’à l’hôpital. Elle permet donc de protéger l’hôpital et les personnels, leur santé et leur activité.
Les virus n’ont qu’un seul objectif, se multiplier et pour cela, passer d’une personne à une autre. Ainsi, moins on est vacciné, plus le champ est libre pour que le virus circule, se multiplie et qu’à cette occasion, de nouveaux variants apparaissent. Car c’est aussi cela que l’on redoute. Qu’un variant plus virulent ou contagieux prenne le dessus, comme c’est le cas avec le variant indien. Et que demain avec encore un autre plus préoccupant et qui échapperait aux vaccins actuellement.
Le virus ne peut-il pas disparaître de lui-même au bout d’un certain temps ?
Comme l’a dit le Professeur Didier Houssin, président du comité d’urgence Covid-19 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : « Toute épidémie a une fin, rapide ou lente, dans un estompement progressif ou une cohabitation » ; à ce sujet il précise également que « le Coronavirus ne fait pas partie des virus que l’on peut éradiquer comme on l’a fait avec la variole ou comme on essaie de le faire avec la poliomyélite ».
Comme nous l’avons déjà plusieurs fois entendu, nous allons devoir vivre avec le coronavirus. Mais vivre avec ne veut pas dire le laisser circuler librement sans rien faire. Vivre avec c’est continuer de le combattre. Et ce, par l’application régulière et sur le long terme des gestes barrières. Et se vacciner pour l’empêcher de provoquer des formes graves de la maladie.
Ces deux éléments indispensables et complémentaires (application des gestes d’hygiène et la vaccination) sont d’ailleurs encouragés et appliqués chaque année pour lutter contre la grippe saisonnière ou encore contre la rougeole, virus extrêmement grave et contagieux et qui continue de former des foyers épidémiques en France et même dans la région lorsque les personnes sont incorrectement vaccinées. Ces virus ne disparaissent pas. Mais des actions de prévention, dont fait partie la vaccination, permettent de limiter leur impact sur la santé et sur la société tout entière.
La vaccination, chemin le plus court vers un retour à la normal ?
On entend une certaine défiance vis-à-vis de la vaccination. Un certain nombre d’entre nous sont sceptiques, hésitent à se faire vacciner aujourd’hui contre la Covid-19, que pouvez-vous leur dire ?
La vaccination est un acte de prévention important à l’échelle d’un pays. Prévention des formes graves, des hospitalisations, des décès mais aussi des arrêts maladies, des soins de suite de longue durée. Prévention aussi des périodes de confinement, des fermetures de magasins, de cinéma, d’école, d’entreprises…
La vaccination est bien plus qu’une protection de santé individuelle, c’est un acte collectif. Souvenons-nous de la variole ou même de la rage, virus qui existe toujours dans le monde. Sans vaccin, nous n’aurions pas éradiqué ou limité la circulation de ces deux virus. Sans vaccin, nous aurions encore des décès en nombre de ces maladies. Aussi, il est regrettable de voir une défiance envers les vaccins alors qu’ils sauvent des vies.
Par ailleurs, il est assez marquant que d’un côté la France soit un des premiers consommateurs de médicaments. Et en particulier d’antibiotiques qui, dans certain cas ne sont pas utiles. Au contraire, ils créent des résistances importantes et des conséquences gravissimes. Ou ils présentent des effets secondaires parfois problématiques. Et de l’autre côté, on constate qu’une partie de ce pays se questionne sur la vaccination. Alors que celle-ci présente pourtant un bénéfice très largement supérieur aux risques et qui pourrait nous permettre, dans le cas du Covid-19, de retrouver une vie à peu près normale. Dans le contexte actuel, la vaccination pourra permettre à chacun de retrouver un bien-être et un épanouissement permis par le retour à une vie sociale.
Quels sont les effets secondaires constatés à ce jour en France avec les vaccins contre la Covid-19 ?
Le vaccin est un médicament. Et comme tout médicament, il peut produire quelques effets secondaires. Mais qui sont, dans l’immense majorité, bénins et disparaissent en quelques jours. La plupart du temps, il s’agit d’une douleur au point d’injection dans le bras. Cela peut limiter les mouvements. Il s’agit aussi des maux de têtes et/ou de la fièvre passagers. Ils sont calmés en quelques jours par de simples anti-douleur. Si les douleurs persistent ou sont importantes, il convient de se rapprocher de son médecin traitant.
La surveillance des effets secondaires graves est quant à elle réalisée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Dans leur dernier point d’information arrêté au 27 mai 2021, il apparaît que sur près de 35 millions d’injections réalisées (tous vaccins confondus), près de 10 660 effets indésirables graves ont été déclarés soit 0.03 % .
Le recul désormais de plusieurs mois et à l’échelle mondiale sur l’utilisation des vaccins a permis de renforcer les connaissances et d’attester de la sécurité des vaccins dans l’immense majorité des cas. « La balance bénéfice/risque » est le rapport entre le bénéfice, d’un médicament en l’occurrence, et les risques qu’il peut induire sur la population concernée. Pour prendre leur décision, les autorités sanitaires étudient ce rapport et pour les vaccins contre la Covid-19, les études montrent que le bénéfice est largement supérieur au risque et ce, quel que soit l’âge de la personne.
Vacances d’été et vaccination : compatibles ?
Nous approchons des congés d’été, comment va être organisée la vaccination ?
Depuis janvier, l’État (préfectures et ARS) fait tout pour permettre à chacun de disposer d’une offre vaccinale au plus proche de son lieu de vie. Le dispositif vaccinal offre aujourd’hui plusieurs modalités. Comme les 170 centres de vaccination répartis dans toute la région, les professionnels de santé de ville : médecins, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, etc. Des équipes mobiles se déplacent pour vacciner directement dans les lieux de vie collectifs. Ou par des parcours itinérants dans des communes éloignées.
C’est une organisation complexe qui nécessite des ajustements quotidiens. La gestion des stocks de vaccins en fonction des rendez-vous proposés et réservés. La livraison des vaccins dans le respect des conditions de sécurité et de conservation spécifiques. La mobilisation des ressources humaines pour le fonctionnement des centres : professionnels de santé, personnels administratifs, logistiques, informatiques…
Le bon fonctionnement de cette organisation repose entre autres sur l’inscription des personnes en un même lieu pour les deux injections. Cela permettra de gérer correctement les stocks et les besoins humains. C’est la raison pour laquelle il est demandé à tous ceux qui le peuvent de s’organiser pour réaliser la totalité de leur vaccination au sein d’un même centre de vaccination.
Quelles sont les possibilités offertes pour permettre de concilier départ en vacances et vaccination ?
Dans le cas où une personne doit réaliser sa seconde injection dans un centre différent du premier, un dispositif existe sur les plateformes de prise de rendez-vous en ligne. Il permet de réserver un créneau dédié à une seconde injection. Il faudra cependant veiller à contacter le centre dans lequel a été réalisée la première injection. Et cela afin d’annuler le rendez-vous pris automatiquement pour la seconde dose. Cette annulation est importante. Car elle permet au centre de s’organiser pour ainsi ne pas jeter de doses à la fin de la journée.
D’autres dispositions sont prises pour que les départs en vacances ne soient pas un frein à la vaccination. Il y a eu une évolution des connaissances sur le développement des défenses immunitaires. Ce qui rend possible un espacement entre les deux doses de vaccin à ARN messager (Pfizer et Moderna). Il est assuré que le délai entre deux doses peut être fixé entre 28 et 49 jour. Soit de 4 à 7 semaines. Et cela, sans en modifier l’effet bénéfique pour le patient. Cet espacement permet donc une plus grande souplesse pour les prises de rendez-vous entre les deux injections, pour tous ceux qui souhaitent partir en vacances loin de chez eux. Par ailleurs, les personnes ayant déjà été infectées par le virus, ne nécessitent qu’une seule dose de vaccin pour être protégées.
Donc, selon vous c’est vraiment maintenant qu’il faut se faire vacciner ?
Oui, clairement, il ne faut pas perdre de temps. Chaque jour passé est un risque de se contaminer et de contaminer quelqu’un. En cette période de reprise des activités culturelles et d’interactions sociales, il est temps de ne pas perdre de temps ! Aussi dans la perspective de la rentrée de septembre. Car nous souhaitons tous qu’elle se déroule le plus normalement possible.
Où se faire vacciner en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Afin de permettre à chacun d’accéder facilement à la vaccination, partout dans la région, les possibilités sont multiples.
• A ce jour, 171 centres de vaccination sont ouverts en Auvergne-Rhône-Alpes. Sous l’égide des préfectures et de l’Agence régionale de santé et le concours de nombreux partenaire.
- Des dispositifs «Aller-vers» permettent un rapprochement avec les personnes les plus éloignées. Unité de vaccination mobile, bus itinérant… Dans de nombreux territoires, des dispositifs ont été mis en place pour proposer la vaccination aux personnes plus isolées.
- Il est possible de se faire vacciner au plus près de chez soi. Par son pharmacien, médecin ou un professionnel de santé. Dans les villes, les médecins et pharmaciens de ville peuvent désormais vacciner. Ils peuvent administrer les vaccins AstraZeneca, Janssen et Moderna.
À SAVOIR
Pour rappel, la prise de rendez-vous est possible Via le site internet santé.fr ; Chez les professionnels de ville habilités à prescrire ou à vacciner; via le Numéro vert d’aide à la prise de rendez-vous : 0 800 009 110.
Deux sites indépendants ont aussi été lancés en France pour aider les personnes désireuses d’être vaccinées contre le Covid-19 à trouver un créneau : Covidliste et ViteMaDose s’adressent à toutes les personnes désireuses d’être vaccinées.