La pratique du cheval et de l'équitation exige une préparation physique adaptée

Le salon Equitalyon, pour les amoureux d’équitation, se tient du 28 octobre au 1er novembre à Lyon-Eurexpo. Jean Marc Gentil, kinésithérapeute, ostéopathe, préparateur physique et cavalier de dressage, membre du comité de pilotage du pôle santé d’Equitalyon, donne l’équitation ses conseils pour une pratique performante et en toute sécurité !

Quels sont les bénéfices physiques de l’équitation ?

Entre un cavalier qui monte 1 heure par semaine, et un professionnel en selle 8 heure par jour, l’impact physique n’est pas le même. Mais de manière générale, l’équitation est une éducation posturale du cavalier qui devra prendre conscience de sa position et de ses effets sur la locomotion du cheval. Il pourra intégrer les corrections nécessaires et faire coïncider la tenue de son dos, sa préservation vertébrale, avec une moindre gêne de son cheval. En effet, si vous marchez avec un enfant sur votre dos qui bouge dans tous les sens, vous êtes très gêné… La notion de correction posturale est bénéfique aussi bien chez l’adulte que chez l’adolescent dont le schéma corporel change.
Il ne faut pas non plus oublier les bénéfices psychologiques de l’équitation. Le cheval est souvent considéré comme un miroir émotionnel. Si l’on est passionné de chevaux, c’est aussi parce que quelque part, ils sont nos soignants. Le cavalier sensible développera le tact équestre : c’est à dire qu’il agira en conséquence de ses actes. Il comprendra ainsi que l’équitation se pratique avec un animal ressentant et nécessitant donc son respect. L’intérêt de l’équitation n’est plus à démontrer en cas de handicap et les chevaux sont certainement nos thérapeutes…

« Un cavalier au dos ramolli aura un cheval au dos ramolli »

Quels muscles sont les plus sollicités dans la pratique de l’équitation ?

En fonction de la discipline pratiquée (dressage, obstacle, équitation américaine… ndlr), cela diffère, mais de façon générale, les muscles profonds du tonus postural, autour de l’axe vertébral, les abdominaux, les adducteurs sont les plus sollicités. Dans ce sport, l’action du dos est centrale : un cavalier au dos ramolli aura un cheval au dos ramolli car il existe un vrai mimétisme postural. Par exemple, pour rassembler un cheval, le cavalier devra lui-même avoir le dos tonique, ce qui ne veut pas dire qu’il doit avoir une position verrouillée.

Quelles pathologies sont le plus communément associées à la pratique de l’équitation ?

Tout dépend de l’intensité de la pratique et des chutes éventuelles. Les pubalgies ou tendinites d’adducteurs peuvent se rencontrer chez les cavaliers professionnels ainsi que certaines pathologies de genoux. Certaines lombalgies et pathologies discales peuvent être exacerbées par une pratique très intense de l’équitation.
Les chutes quant à elles, peuvent avoir de graves conséquences (fractures, paralysies…). Dans tous les cas, le cavalier aura l’obligation de se protéger : bombe, gilet, sont des nécessités absolues.
Les règles de sécurité à pied, comme savoir se positionner par rapport au cheval, sont aussi la garantie d’une pratique sécurisée.

Quelles sont les véritables contre-indications à la pratique de l’équitation ?

Certaines pathologies vertébrales de croissance nécessitent l’arrêt du sport en général et donc de l’équitation. Toutes les pathologies aiguës : sciatique, arthrite, arthrose sévère, les troubles importants de l’équilibre sont des contre-indications.

Equitation et mal de dos

En cas de mal de dos, est-ce que l’équitation est un sport à prohiber ?

En cas de douleur aigüe l’équitation est déconseillée, par contre, certaine lombalgies peuvent être améliorées par une pratique douce et régulière de l’équitation : en effet la tonicité musculaire nécessaire et les changements de points d’appuis vertébraux engendrés par les mouvements du cheval au pas, conjugués à la descente des jambes, peuvent avoir un effet antalgique bénéfique pour le cavalier. Certains médecins qui connaissent mal l’équitation ont tendance à l’interdire un peu trop rapidement. On l’a vu, l’équitation comporte nombre de bénéfices, mais elle doit se pratiquer avec une certaine préparation. Il est important de se préparer musculairement et articulairement, comme dans la plupart des autres sports. Souvent, les cavaliers montent simplement à cheval et ne pensent absolument pas à ça. J’invite vraiment les cavaliers à améliorer leurs compétences via une préparation physique adaptée qu’ils peuvent faire chez eux.

Qu’en est-il du trot assis : faut-il l’éviter en cas de douleurs au dos ?

Si le cavalier possède une vraie tenue musculaire, alors, le trot assis ne sera pas une contre-indication dans la mesure où une pathologie du type hernie discale n’est pas avérée. A l’inverse, il n’est pas rare que certaines lombalgies soient soulagées par l’équitation. Tout est question de dosage ! Un cavalier professionnel qui aurait une pathologie discale, cela deviendrait compliqué. Mais pour une pratique de loisirs, on peut associer l’équitation à un côté thérapeutique, à condition de mettre en place certains garde-fous.

L’importance d’une préparation physique annexe

Comment justement bien se renforcer le dos avant de monter à cheval ?

Le cavalier doit se rendre compte d’abord de la mobilité, restriction de mouvement et asymétrie de son bassin, via un contrôle ostéopathique. Je préconise ensuite les exercices de gainage pour la tonicité musculaire, et l’usage d’un swiss ball, (gros ballon, ndlr) pour travailler l’équilibre et la coordination. Le ballon va aussi permettre d’effectuer certains étirements vertébraux. Deux séances de 40 minutes par semaine sont déjà un bon rythme pour gagner en tonicité et corriger les dysfonctionnements. Enfin, des étirements, dos, hanches, cuisses, compléteront les dispositions du cavalier à une pratique juste de l’équitation.

Lorsqu’un cavalier rencontre régulièrement les mêmes difficultés sur différents chevaux, c’est que le problème vient peut-être de lui ?

Lorsqu’un cavalier rencontre les mêmes difficultés chez tous ses chevaux, il doit s’interroger. Le cheval a ses asymétries, évitons de lui rajouter les nôtres. La prise de conscience posturale et de nos asymétries, le travail de l’équilibre et de la coordination, c’est ce que nous faisons expérimenter  aux visiteurs sur le pôle santé.

Faut-il s’échauffer avant de monter à cheval ? Et s’étirer après ?

Il est toujours intéressant de s’échauffer avant une séance car cela va permettre d’augmenter la température du muscle, et ainsi d’éviter certains ennuis. Le problème est que les cavaliers passent souvent d’une ambiance chaude à une ambiance froide, voire très froide en hiver. Certains mouvements d’échauffement du dos, des cuisses et des hanches sont intéressants pour préparer le cavalier musculairement et protéger son dos et ses articulations. Après, concernant les étirements, il faut se garder d’étirer des muscles qui vont être au froid, et plutôt en différer la pratique chez soi au chaud. En hiver, le muscle est contracté par le froid. L’étirer pourrait engendrer des petites lésions. Pour l’équitation, il faut particulièrement cibler le dos et les hanches dans les étirements.

A savoir

Le pôle santé d’Equita organise plusieurs conférences et activités.

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Journaliste indépendante depuis 2013, Paulina Jonquières d'Oriola s'est longtemps spécialisée dans la rédaction d'articles santé : psycho, sexualité, santé animale... Une fine plume au service de l'info santé !

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