Un caisson hyperbare à Lyon
La chambre hyperbare de Lyon traite notamment certaines brûlures et intoxications au monoxyde

L’Hôpital Edouard Herriot, à Lyon, vient de s’offrir une chambre hyperbare. Un matériel de pointe pour traiter intoxications au monoxyde, accidents de décompression, brûlures… Explications du docteur Thierry Joffre, médecin urgentiste, responsable du centre de médecine hyperbare à HEH.

Qu’est-ce qu’une chambre hyperbare ?

Une chambre (ou “caisson”) hyperbare est un espace étanche qui permet d’obtenir une pression d’air ambiante supérieure à la pression atmosphérique et dans laquelle le patient respire un gaz (le plus souvent de l’oxygène) ou mélange gazeux dont les propriétés sont à visée thérapeutique.

Quelles sont les indications d’utilisation de cette chambre hyperbare ?

Cette chambre est utilisée pour traiter des patients porteurs de pathologie et pour effectuer des tests d’aptitude (essentiellement chez les plongeurs ou scaphandriers). Concernant les principales pathologies traitées, on distingue les indications d’urgences et de réanimation:

  • Intoxications au monoxyde de carbone
  • Accident de décompression (accident de plongée)
  • Embolies gazeuses ( présence de bulles de gaz dans la circulation sanguine)
  • Certains type de surdité aiguës
  • Certains type d’infections bactériennes ( = gangrènes)
  • Certaines brûlures profondes ou étendues
  • Certaines lésions traumatiques comme les écrasements de membres par exemple

Et les indications non urgentes pour des patients porteurs de pathologie chroniques :

  • Cicatrisation cutanée sur des terrains particuliers dont la cicatrisation dite normale sera considérée comme délicate (patient diabétique , patient artériopathique ou porteur de maladies vasculaires)
  • Restauration d’un tissu lésé comme par exemple les effets secondaires de la radiothérapie sur les organes voisins d’une tumeur irradiée
  • Prise de greffe tissulaire sur des terrains difficiles comme la chirurgie plastique après une brûlure

Monoxyde de carbone et oxygénothérapie

Comment se déroule une séance en caisson hyperbare ?

Une séance se déroule en trois phases :

  • Une phase de compression d’environ 15 minutes où la pression dans la chambre peut atteindre jusqu’à 6 fois la pression atmosphérique
  • Une phase de plateau (sous la pression désirée ) qui est très variable (de 15 minutes à plusieurs heures) et pendant laquelle le gaz respiré par le patient acquiert des propriétés et interactions biochimiques qui n’existeraient pas si on respirait ce même gaz à la pression atmosphérique normale
  • Une phase de décompression de 15 minutes qui permet de revenir à la pression atmosphérique normale

Au total, en fonction de la profondeur (=niveau de surpression), une même séance peut durer de 2 à 8 heures. En général , la séance d’oxygénothérapie hyperbare (OHB) la plus utilisée dure 2 heures pour un niveau de pression égal à 2,5 fois la pression atmosphérique.

Comment agit cette suroxygénation sur les tissus ? Quels sont les effets attendus ?

L’oxygène sous pression possède 4 types de propriétés :

  • Un effet de réoxygénation des tissus ou des cellules en déficit d’oxygène
  • Un effet circulatoire : l’O2 sous pression agit sur le débit circulatoire des vaisseaux sanguins pour amener un maximum de circulation sanguine sur des régions lésées, en diminuant le débit des régions saines de l’organisme
  • Un effet bactéricide, anti-infectieux contre certains germes

Un effet de stimulation de certaines cellules de l’organisme (fibroblastes pour la peau et muqueuse, ostéoblastes pour l’os..) et de stimulation de certains facteurs (VGEF ou facteur de croissance vasculaire) en vue d’obtenir de nouveaux flux sanguins dans des régions mal vascularisée ou mal oxygénées.

Le caisson hyperbare accélère la cicatrisation

Quels protocoles pour quelles pathologies ?

Il existe 2 grands types de protocoles :

  • On recherche un effet oxygène pour cicatriser, oxygéner ou éradiquer des germes : on utilise des séances de 2 heures, en oxygène pur à environ 2,5 fois la pression atmosphérique. Il faut souvent plusieurs séances pour cicatriser ou refaire un tissu (40 à 60 séances – 1 séance par jour)
  • On recherche un effet pression (en plus de l’effet oxygène) pour “écraser” des bulles (accident de plongée ou embolies gazeuses). On comprime jusqu’à 6 fois la pression atmosphérique, en faisant respirer différents type de mélanges gazeux (respirer de l’oxygène pur n’est pas possible à partir d’une certaine pression). La séance peut alors durer de 5 à 8 heures.

Peu d’effets secondaires

Y a t-il des contre-indications ?


Non, peu de contre-indications :

  • Femme enceinte sauf dans certains cas (intoxication au monoxyde carbone)
  • Claustrophobie
  • Etat de choc (défaillance cardio-respiratoire aigue)
  • Présence d’un anneau gastrique (assez rare)

Et des effets secondaires après une séance en caisson hyperbare ?

Les effets secondaires constatés dans quelques cas :

  • Otite barotraumatique , dû à la surpression (un peu comme dans un avion ou une plongée en piscine quand les oreilles se “bouchent “et deviennent douloureuses)
  • Myopie (effet réversible)
  • Essoufflement par atteinte pulmonaire (rare)
  • Crise d’épilepsie due à la respiration d’oxygène pur en surpression (rare) 

Combien de traitements annuels sont concernés sur l’ensemble des 19 départements que vous couvrez ?

On a effectué 6500 séances en 2014, un chiffre en forte augmentation (1).

Certaines fibromyalgies traitées dans la chambre hyperbare

Pensez-vous que dans les années futures, cette méthode peut encore progresser ?

Oui, car l’aspect de cicatrisation et de réparation tissulaire de l’OHB est mal connu. Beaucoup de médecins pensent que les indications de l’OHB sont limitées aux seuls accidents de plongée et le monoxyde de carbone.
De plus, certaines pathologies ont montré une réaction positive à l’OHB. L’exemple actuellement très médiatisé est celui de certaines formes graves de la fibromyalgie, résistantes aux traitements conventionnels et qui ont été traitées avec un succès significatif (en 10 à 20 séances d’OHB) par des équipes israéliennes du CMH de Tel Aviv.

Quelles sont les difficultés rencontrées pour ce type d’installation ?

A l’heure actuelle, il n’existe qu’une vingtaine de chambres hyperbare en France car le coût de ce genre de matériel atteint 1,5 millions d’euros pour 2 chambres de 8 places. Par ailleurs, il faut une double formation des personnels : le personnel soignant , en plus des diplômes d’infirmier ou de médecin, doit également détenir un certificat d’hyperbarie délivré par le ministère de l’industrie.

Les chambres hyperbares sont-elles vouées à se développer en France ?

Oui, l’oxygénothérapie hyperbare (OHB) reste une spécialité mal connue et peu accessible en raison du faible nombre de centres hyperbares mais dont les indications thérapeutiques méritent d’être précisées et développées. En complément des traitements classiques de médecine ou de chirurgie, l’OHB permettrait certainement de faciliter la guérison de certaines formes graves de maladies chroniques, améliorant ainsi la qualité de vie des patients tout en permettant une relative économie sur les coûts en santé (pansements – médicaments – arrêt de travail …)

(1) En 2014, le CMH (Centre de Médecine Hyperbare) de Lyon a assuré plus de 6 500 séances, dont 75% pour des patients “chroniques” (3000 séances de cicatrisation tissulaire et 2 000 séances pour des lésions post irradiation), ainsi que 25% pour dans le cadre d’interventions d’urgence, qu’il s’agisse de surdités brusques, d’accidents de plongée, d’intoxication au CO, d’embolies gazeuses ou d’infections graves (gangrène).

Retrouvez la liste de tous les médecins urgentistes de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr

Le centre hyperbare de HEH accueille jusqu'à 16 personnes simultanément
La chambre hyperbare de Lyon soigne brûlures, intoxication au monoxyde et brûlures graves ©DR

À savoir

Chaque année, le monoxyde de carbone est responsable de milliers d’intoxications, soit la première cause de mortalité par toxique en France. Maux de tête, nausées, vomissements sont les symptômes qui doivent alerter”, rappelle l’institut national de prévention et d’éducation pour la santé. Les experts de l’INPES rappellent que quelques précautions simples permettent de réduire les risques au sein de votre foyer. Durant l’automne, vérifiez notamment tous les appareils de chauffage, de production d’eau chaude ainsi que les conduits de fumée par un professionnel qualifié. Plus de détails sur les mesures de prévention et les bons réflexes à adopter.

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