L’apparition de nouvelles technologies, notamment l’impression 3D, a révolutionné la chirurgie cranio-faciale. Dans ce domaine, Lyon figure parmi les centres en pointe. Les explications du Dr Jean-Thomas Bachelet, spécialiste du CHU de Lyon-Sud.
Qu’est ce que la chirurgie maxillo-facial ?
Cette chirurgie est née après la guerre de 14-18 avec les gueules cassés. De nombreux jeunes soldats furent mutilés et il devint impérieux de reconstruire le visage de ces jeunes patients. Par la suite, la chirurgie maxillo-faciale s’est développée pour prendre en charge toutes les lésions cranio-cervico-faciales du traumatisme à la tumeur en passant par les malformations.
L’objectif de la chirurgie maxillo-faciale, est de guérir le patient en lui rendant son apparence initiale, sans anomalie. Pour cela, l’impression 3D permet d’aider le chirurgien maxillo-facial, notamment grâce au « mirroring »: avec le scanner, on peut reconstruire le côté fracturé en se basant sur la symétrie cranio-faciale.
Comment se pratique cette chirurgie ?
Avant l’apparition des impressions 3D, les chirurgiens réalisaient leur reconstruction à partir d’os autologue. Ces derniers étaient choisis similairement à l’os à remplacer ou à combler et modeler au mieux des possibilités. Par la suite, avec l’impression en 3D et à partir d’un scanner, il a été développé la possibilité d’imprimer un modèle ou directement la pièce osseuse à reconstruire afin d’optimiser les résultats chirurgicaux.
Aujourd’hui, grâce à l’impression 3D, nous pouvons faire réaliser :
- Le modèle plastique qui permet d’analyser les zones à couper et comment les remodeler.
- Le modèle plastique qui sert de guide de coupe chirurgical
- Le modèle en titane préalablement modélisé numériquement et une implantation directe sur le patient à l’aide de vis.
Une intervention réservée aux patients les plus touchés
Peut-on avoir recours à cette chirurgie dans n’importe quel cas ?
Non. Nous essayons d’abord les chirurgies classiques. Nous pouvons constater qu’à Lyon, les impressions 3D de pièces titane sont rares car le coût est élevé et les interventions prennent beaucoup de temps à organiser.
Quels sont les avantages et les inconvénients de cette chirurgie ?
Les avantages sont le gain de temps opératoire avec la diminution des saignements et de la durée d’anesthésie générale. Les inconvénients sont essentiellement liés aux coûts de cette nouvelle technologie très onéreuse surtout pour les implants titane.
L’impression 3D, une solution d’avenir
Peut-on espérer une évolution plus concrète dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale ?
Cela fait maintenant 10 ans que l’impression 3D en chirurgie maxillo-faciale se développe en France et 2 ans qu’elle se démocratise nationalement. L’évolution met du temps car les coûts sont élevés.
Aujourd’hui, les Etats Unis sont plus avancés dans la recherche sur l’impression 3D avec notamment l’émergence du bioprinting (l’impression de tissus vivants).
Témoignage : Mme D. a été victime d’un accident de moto provoquant une chute du globe oculaire (énophtalmie). Pour y remédier, les chirurgiens ont créé une plaque en titane afin de redresser son œil de façon esthétique mais aussi améliorer sa vision. « Avant l’opération, je voyais les personnes en triple, un œil en bas a droite et l’autre droit. ». Une opération qui s’est avérée compliquée puisque la prothèse devait remplacer le plancher et la paroi latérale. Cependant, avec de la préparation et de l’organisation, les chirurgiens ont mis moins d’une heure au bloc opératoire. « Mes enfants m’appellent la miraculée », une parole symbolisant l’avancée médicale dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale.
A SAVOIR
L’imagerie médicale permet aujourd’hui d’obtenir une image en trois dimensions de l’ensemble de l’organisme, notamment grâce au scanner, qui recueille des informations de plus en plus précises. Ces images, enregistrées sous forme de données numériques , sont ensuite utilisées pour programmer une imprimante 3D et réaliser différentes aides opératoires.
Entre les modèles médicaux, les implants et les prothèses, c’est assez dingue le nombre d’applications possibles avec cette technologie. Personnellement et contrairement à ce que peuvent laisser entendre certaines médias je doute qu’on puisse un jour imprimer des organes (cf : http://www.primante3d.com/guillemot/ ) , ça risque en plus soulever pas mal de problématique sur le plan de l’éthique.