En France, plus de 100 000 vies pourraient être sauvées chaque année grâce à un meilleur dépistage de leurs pathologies potentielles, qu’il s’agisse de cancers, de maladies cardio-vasculaires ou encore dégénératives. Or 5% seulement de la population serait informé de l’existence de ces programmes de dépistages personnalisés, destinés à identifier en amont les pathologies. Face à ce constat alarmant, une start-up lyonnaise a conçu un dispositif baptisé Lianeli, première plateforme web d’aide au dépistage personnalisé. Cette innovation dans le secteur de la prévention santé vient notamment d’être testée avec succès par la Métropole de Lyon, en attendant sa possible généralisation. Décryptage.
Le taux de dépistage, toutes maladies confondues, est en net recul en Auvergne-Rhône-Alpes. Souvent par méconnaissance. Trois dépistages, en France, sont proposés de manière systématiques, ceux des cancers du sein, du colon et de l’utérus. Ce que l’on ignore, souvent, c’est que la Haute Autorité de Santé préconise le dépistage régulier de plus d’une vingtaine d’autres pathologies.
“Je suis tous les jours confronté à des patients qui me demandent comment détecter leurs problèmes en amont”, explique le Dr Denis Maillet, oncologue au CHU de Lyon. “D’où la volonté de développer une solution pour améliorer le dépistage”. Cette solution 2.0 est aujourd’hui réalité : la start-up lyonnaise Lianeli a mis au point la toute première application d’aide au dépistage personnalisé en France, opérationnelle depuis quelques mois.
En quelques minutes, l’algorithme Lianeli établit un diagnostic sur une vingtaine de pathologies, incluant les maladies cardio-vasculaires, cancéreuses, dégénératives, métaboliques et infectieuses. Son objectif ? Informer rapidement et individuellement les patients sur leurs risques pathologiques pour une meilleure gestion de leur santé, et ce pour moins de 10 euros par an.
Lianeli : comment ça marche ?
Pour établir un bilan personnalisé, la plateforme prend en compte les antécédents familiaux, médicaux et l’hygiène de vie du patient. Pour ce faire, l’utilisateur se connecte et répond à un questionnaire de cent questions d’une durée d’environ 7 minutes. Ensuite, l’application réalise une synthèse personnalisée des dépistages pertinents et définit un planning d’examens à réaliser sur 5 semaines. De l’insuffisance rénale au cancer de la peau, c’est l’examen d’une vingtaine de pathologies qui est ainsi proposé.
Des notifications de rappel avant chaque examen, ainsi que des informations individuelles sur chacun des dépistages, sont également proposées à l’utilisateur pour l’accompagner dans ses démarches. Lianeli compte sur un hébergeur agréé pour garantir la confidentialité des données de santé des utilisateurs.
En parallèle de la partie patient, une version de suivi destinée aux médecins généralistes a été développée. L’intérêt pour le professionnel de santé est ici d’optimiser le temps de consultation afin d’aborder de manière plus personnalisée le dépistage. Pour rappel, le taux de dépistage était en net recul en Auvergne-Rhône-Alpes entre 2022 et 2023.
Lianeli : démocratiser le dépistage en France
La plateforme web est le fruit de six mois de réflexion et de travail de recherche en laboratoire, menés sous la houlette de deux médecins oncologues lyonnais, les Dr Denis Maillet et Julien Peron, en collaboration avec les Hospices Civils de Lyon et le laboratoire de santé publique Reshape.
La solution a déjà fait l’objet d’une expérimentation en conditions réelles. Partie prenante du projet, la Métropole de Lyon a proposé le dispositif à ses agents, dont quatre-vingts agents ont répondu à l’appel.
“L’expérimentation m’a permis d’ajouter quelques examens que je ne faisais pas et que je vais devoir passer. Pour autant, je n’ai pas ressenti de psychose à ce sujet. Globalement, j’en garde le souvenir d’une démarche empreinte d’écoute et rassurante”, explique ainsi Laurence Lupin, responsable du service universités du Grand Lyon. Plus concrètement, cette phase de test a livré plusieurs enseignements qui justifient l’efficacité du dispositif. En moyenne, chaque participant s’est notamment vu préconiser huit dépistages à réaliser à court ou moyen terme. 48% des agents ayant testé la solution ont également initié un suivi médical allant dans ce sens.
Trois cents autres patients et médecins ont également expérimenté le projet en phase de test. Aujourd’hui, la start-up compte déjà plus d’une centaine de patients connectés.
Lianeli : quid des particuliers ?
Accessible depuis quelques semaines, l’application Lianeli est pour l’instant exclusivement destinée aux entreprises, aux assureurs santé et mutuelles ainsi qu’aux Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS). La start-up a clairement programmé sur son plan de développement une mise à disposition auprès des particuliers. Une ambition aujourd’hui prématurée, mais qui pourrait voir le jour à l’aune des résultats positifs de cette inovation. “L’équipe de Lianeli souhaite que plus de 70 000 citoyens bénéficiaires puissent utiliser la plateforme d’ici fin 2024 et ambitionne de devenir un outil de référence en matière de prévention et de dépistage”.
En attendant ce déploiement massif, auquel les pouvoirs publics et sanitaires accorderont sans doute un oeil intéressé, “l’entreprise prévoit une levée de fond à l’horizon 2025 pour accélérer sa croissance”.
À SAVOIR
Parmi les pathologies les plus consultées sur l’application, on retrouve en tête le cancer du col de l’utérus, avec un taux de participation d’environ 70%.