Finie la gratuité de stationnement pour les professionnels de santé à Lyon. Depuis le 1er janvier, médecins, infirmiers, kinés et autres praticiens doivent s’acquitter d’un forfait de stationnement payant sous peine d’amende. Un dispositif qui met en colère les principaux intéressés. Explications de Lucien Baraza, président de l’AURA (Association URP Auvergne Rhône-Alpes).
La colère gronde dans les rangs des professionnels de la santé de Lyon (Rhône). Réunis lors d’une conférence de presse à la Maison Régionale des Professionnels de Santé Libéraux, les syndicaux et les représentants des URPS ont fait part de leur mécontentement à l’égard de la décision de la ville de mettre en place un système de stationnement payant forfaitaire obligeant les professionnels de santé à acquérir une vignette annuelle, tout en s’acquittant d’un tarif à la journée via une application dédiée aux professionnels accessible sur mobile (PayByPhone).
Bref, finie la gratuité grâce à la présence du caducée sur le pare-brise. Dans une lettre adressée aux professionnels de santé, Jean-Yves Sécheresse, adjoint au maire de Lyon, explique que la disparition de certaines tolérances est dicté par quelques grands principes: “respecter un principe d’équité entre usagers, adapter ce dispositif au plus près des besoins des professionnels en visite à domicile, identifier les véhicules utilisés pour ces activités…“. Loin de convaincre les intéressés, cette mesure fait bondir les professionnels de santé lyonnais, comme l’explique Lucien Baraza, président de l’URPS Infirmier Auvergne Rhône-Alpes et président de l’AURA (Association d’URPS Auvergne Rhône-Alpes).
Pourquoi les professionnels de santé lyonnais sont-ils en colère ?
Tous les professionnels de santé libéraux s’insurgent contre la décision unilatérale de la Ville de Lyon, sans la moindre concertation, de mettre en place un système de stationnement payant forfaitaire. Jusqu’à présent, nous bénéficions de la circulaire Joxe qui accordait une tolérance de stationnement gratuit ou gracieux sur les places payantes. Nous n’étions pas verbalisés. Depuis le 1er janvier, la Ville a donc balayé cette circulaire en instituant une vignette annuelle de 240 euros. En plus de cet abonnement annuel, les professionnels de santé doivent s’acquitter, via leur smartphone, d’un forfait de 12 euros par jour, sur la base de 0,50 centimes de l’heure. Pour un infirmier libéral par exemple, qui effectue de multiples visites à domicile, cela représente un supplément de plus de 2 000 euros de frais de parking par an. Idem pour les biologistes, les kinés, les médecins… On a une mission de service public et on nous demande de payer pour travailler ! C’est inacceptable !
Quelle est la peine encourue en cas de non acquittement de l’abonnement annuel et du tarif horaire ?
Une amende de 17 euros qui peut être doublée en cas de non paiement. A partir du 1er janvier 2018, cette prime passera à 50 euros et même 100 euros en cas de non paiement. C’est énorme quand vous songez qu’un infirmier touche 2,50 euros par déplacement, idem pour un technicien de laboratoire, alors que les biologistes et les sages-femmes sont à 4 euros, les médecins à 10 euros.
Payer pour avoir le droit de travailler

N’est-ce pas une façon de combattre certains abus ?
Non. Il y a forcément des excès, quelques voitures ventouses, mais ce n’est pas une raison pour faire payer tous les professionnels de santé qui œuvrent au quotidien pour le bien de leurs patients. La mairie met dans le même sac le plombier, le boulanger et le médecin. Par ailleurs, une telle mesure entre en totale contradiction avec l’évolution du système de santé qui prône la chirurgie ambulatoire et le retour précoce à domicile, le maintien à domicile des personnes âgées etc… Enfin, cette décision de la mairie va faire perdre de l’argent mais aussi du temps car, lorsqu’il sera en déplacement, le professionnel devra toutes les heures notifier sa présence sur son smartphone. Comment voulez-vous ne pas prendre une prime quand vous allez effectuer une perfusion à domicile avec le sarrau, la blouse, le matériel…. On a autre chose à penser qu’à taper son emplacement de stationnement sur un smartphone !
Comment la Ville justifie-t-elle une telle décision ?
La mairie a profité d’une nouvelle législation liée au stationnement pour mettre en place ce système numérique depuis le 1er janvier. Lors d’une réunion à l’Hôtel de Ville, l’un des adjoints de Gérard Colomb nous a expliqué franchement que la Ville devait trouver 1 milliard d’euros pour financer le futur tronçon du métro jusqu’à Saint-Genis-Laval. Ce financement se fera en partie sur le dos des professionnels de santé. Même les ambulanciers et SOS Médecin sont impactés. Seuls le SAMU, les pompier et les pompes-funèbres sont exonérés. On ne peut même pas récupérer les sommes dépensées pour le stationnement auprès de nos patients car nos professions sont réglementées.
Et dans les autres villes de la Métropole ?
C’est l’anarchie. A Villeurbanne, par exemple, la mairie maintien le principe du disque avec une heure et demie de gratuité. C’est ce que l’on souhaite à Lyon. D’autres grandes agglomérations en France seront ou sont déjà touchées par ce nouveau système de stationnement qui risque de déboucher sur une mobilisation nationale.
A SAVOIR
L’Association des URPS Auvergne Rhône-Alpes regroupe sept URPS: chirurgiens-dentistes, kinésithérapeute, infirmiers, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues et sages-femmes. Tous sont concernés par la nouvelle directive municipale, au même titre que les médecins ou les pharmaciens.