En pleine métamorphose avec l’arrivée du métro et la naissance d’un nouveau quartier au milieu des champs, l’hôpital Lyon-Sud, situé au carrefour de Saint-Genis-Laval, Pierre-Bénite et Oullins, vit une restructuration historique. Les Hospices Civils de Lyon ont officialisé le 7 mars le lancement d’un chantier à 150 millions d’euros, voué à doter le centre hospitalier d’un service d’urgences plus conforme à une fréquentation en plein boom, mais aussi à relooker des blocs opératoires vétustes et à redimensionner ses capacités d’accueil en soins critiques pour mieux parer à d’éventuelles pandémies. Fin des travaux en 2027, avec une livraison des nouvelles urgences dès le premier trimestre 2024.
L’hôpital Lyon-Sud vit au rythme des pelles mécaniques. Le métro sera mis en service à l’automne 2023, un quartier de 3000 habitants sort de terre, mais l’établissement aussi fait sa mue. Et cette opération de modernisation, en l’occurrence, est colossale.
Initié en 2017, le projet baptisé BEAURéalS* s’est concrétisé en un temps record. Les premiers coups de pioche ont déjà été donnés. Et la première pierre du projet a même été symboliquement posée ce mardi 7 mars.
Le projet répond à une double objectif. S’adapter aux flux nouveaux générés par la métamorphose urbanistique de ce secteur de la région lyonnaise. Et réorganiser des espaces hospitaliers peu fonctionnels et, pour beaucoup, totalement vétustes. L’exemple le plus frappant concerne le service des urgences de Lyon Sud. Dimensionnés à l’origine pour 10 000 passages par an, ce service a vu sa fréquentation exploser (33 629 en 2022). Une tendance qui ne va pas s’inverser avec les nouvelles facilités d’accès offertes par le métro.
Des urgences formatées pour 40 000 passages par an
Les futures urgences, dont l’ouverture est annoncée en février 2024, devraient être en capacité d’accueillir 40 000 patients par an. Suffisamment ambitieux ? “Est-ce que ce capacitaire sera suffisant dans 10 ans?”, s’interroge le Pr Vincent Piriou. Pour le président de la Commission Médicale d’Établissement des HCL, lui-même chef du service d’anesthésie réanimation de Lyon-Sud, “un hôpital évolue de semaine en semaine. Et l’une des grosses difficultés est de se projeter dans l’avenir”.
En attendant, cette modernisation va soulager les soignants et permettre un accueil des patients dans de meilleures conditions. “L’ambition est de proposer à la population un service d’accueil des urgences repensé, optimisé et sécurisé”, explique le Dr Véronique Potinet, chef de service des urgences de l’hôpital Lyon-Sud. De l’avis des professionnels de santé concernés, l’ensemble du projet BAURéalS semble suivre cette ligne directrice. “Nous sommes partis des besoins des soignants et des patients, et nous avons été écoutés”, confirme le Pr Alain Ruffion, urologue à Lyon-Sud et président de la CME ”locale”.
À Lyon-Sud, les “blocs opératoires les plus vétustes des HCL” !
Le projet répond également à un besoin de rationalisation, avec le regroupement de plusieurs activités. C’est notamment le cas des blocs opératoires qui, en outre, avaient besoin d’une sérieuse cure de jouvence. “On l’attend depuis longtemps”, sourit le Pr Piriou. “À moins arrivée en 2004, j’ai pu constater que cet hôpital avait les blocs opératoires les plus vétustes des Hospices Civils de Lyon” ! Un peu plus de vingt ans après, ces blocs (30 salles en tout) seront regroupés en deux salles proches, dont une de plain-pied avec les urgences. Leur ouverture se fera progressivement en 2025 et 2026.
Troisième pierre angulaire de cette restructuration, les services de réanimation. Dès juillet 2025, une partie des 45 lits de soins critiques dont sera alors doté l’hôpital s’installeront dans de nouveaux espaces. Avec une particularité : une meilleure modularité pour faire face à de fortes pressions, à l’image de la pandémie de Covid-19. “En cas de pandémie, les lits de surveillance continue pourront se transformer en lits de réanimation afin d’adapter rapidement l’offre de soins critique de l’hôpital Lyon Sud aux besoins de prise en charge”, explique le Pr Arnaud Friggeri, chef de service adjoint du service d’anesthésie réanimation. L’ensemble de ces lits sera disponible en 2026.
Un atout de plus pour le territoire de santé
Le projet, qui doit avoir abouti en 2027, prévoit également plusieurs ouvertures : une plate-forme logistique dernier-cri (Géolab), des unités de chirurgie ambulatoire (40 places en tout), un service de déchocage de six lits ou encore un lieu de vie pour les patients et leurs familles.
Ces aménagements, bien sûr, ont un prix : 150 millions d’euros, plus 20 millions au titre des équipements. Une dépense loin d’être inutile, selon le président du conseil de surveillance des HCL, le maire de Lyon Grégory Doucet. “Nos concitoyens méritent les meilleurs conditions d’accueil. C’est la vocation d’un hôpital public. Et le bien-être des patients, au coeur du projet, est une des composantes essentielles pour apporter des soins de qualité“.
Même son de cloche du côté de l’Agence Régionale de Santé, dont le directeur général ne peut que se réjouir du développement d’une telle qualité de prise en charge au sud de la métropole lyonnaise. Selon le Dr Jean-Yves Grall, l’hôpital Lyon-Sud occupera en effet une place prépondérante dans le redéploiement sanitaire opéré sur ce territoire, avec l’absorption des hôpitaux de Givors et de Vienne dans un GHT élargi (groupement hospitalier de territoire). Et une réponse de choix aux besoins de tous les patients du sud lyonnais.
*L’acronyme BAURéalS résume l’intégralité du projet de restructuration. Celui-ci concerne en effet les Blocs, l’Accueil des Urgences et la Réa de l’hôpital Lyon-Sud.
À SAVOIR
L’hôpital Lyon-Sud est implanté à cheval sur les communes de Pierre-Bénite et de Saint-Genis-Laval, tout près d’oullins. Il compose avec l’hôpital Henry Gabriel (Saint-Genis-Laval) le groupement hospitalier Sud des Hospices Civils de Lyon. Ce dernier emploie 4 826 agents, dont 1 162 médecins. Il a assuré en 2022 240 678 journées d’hospitalisation, 75 106 séances d’hôpital de jour, 23 215 interventions chirurgicales, 1 990 naissances et 33 629 passages aux urgences.