Un homme qui se tient le genou à cause la douleur de l'algodystrophie.
Environ 50 000 Français seraient touchés par l'algodystrophie. © Adobe Stock

Une douleur persistante et intense, enflammant le genou, le pied ou même la main, sans raison apparente. C’est le territoire de l’algodystrophie. Cette maladie orpheline, aussi connue sous le nom de Syndrome douloureux régional complexe (SDRC), défie souvent toute logique médicale, frappant près de la moitié des patients après un traumatisme. Mais alors comment diagnostiquer l’algodystrophie ? Est-il possible de soigner cette maladie ?

L’algodystrophie, caractérisée par des douleurs intenses du genou, du pied ou encore de la main ou de l’épaule, frappe près de la moitié des patients à la suite d’un traumatisme, quelle que soit sa localisation ou son intensité. Les origines de cette maladie sont encore incomprises par les médecins et il n’existe pas réellement de traitements spécifiques.

Qu’est ce que c’est ?

L’algodystrophie, aussi connue sous le nom de Syndrome douloureux régional complexe, est un trouble qui provoque une raideur articulaire et une douleur incontrôlée et continue à la suite d’un choc, d’une blessure ou d’une opération. Ses origines sont complexes, ainsi le trouble peut également se déclarer sans vraiment de raison.

C’est comme si le système nerveux devenait hypersensible et amplifiait la douleur, même en l’absence de dommages importants à l’articulation. On peut alors parler d’un dysfonctionnement des nerfs appartenant au système nerveux sympathique.

Le système nerveux sympathique agit avec deux neurotransmetteurs, l’adrénaline et la noradrénaline. Ces nerfs interviennent dans des situations d’alerte où, par exemple, il faut combattre, fuir ou se figer. Dans le cas d’une algodystrophie, le système nerveux réagit comme s’il était en permanence agressé et envoie donc un signal douloureux continu.

Il existe deux types d’algodystrophie : 

  • L’algodystrophie de type I n’est pas associée à un trouble neurologique et est aussi connue sous le nom de dystrophie sympathique réflexe (RSD), syndrome épaule-main, maladie de Sudeck ou algodystrophie.
  • L’algodystrophie de type II est, quant à elle, associée à un trouble nerveux et est ainsi nommée algoneurodystrophie ou causalgie. 

Quels en sont les causes et les facteurs de risques ?

Les causes de ce trouble restent inconnues puisqu’il peut dériver d’un dysfonctionnement des nerfs sympathiques, apparaître à la suite d’un traumatisme ou se déclarer sans raison apparente. 

Néanmoins le syndrome comporte de nombreux facteurs de risques.

  • Inflammation d’origine neurologique
  • Altération du fonctionnement du système nerveux sympathique
  • Perturbation et/ou altération de la microcirculation, conduisant à une diminution locale d’oxygène
  • Acidification due à une diminution d’oxygène liée à une ostéoporose localisée

Algodystrophie du genou, du pied, de la main …

Quelles sont les régions affectées par l’algodystrophie ? Avant d’examiner les causes et les symptômes, il faut savoir que l’algodystrophie affecte principalement les membres inférieurs et supérieurs.

Pour ce qui est des membres inférieurs, les formes les plus fréquentes incluent l’algodystrophie du genou et de la hanche, ainsi que celle du pied et de la cheville.

Dans le cas des membres supérieurs, l’algodystrophie touche principalement le poignet, la main et l’épaule.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes de l’algodystrophie sont multiples et sont souvent confondus avec d’autres pathologies, ce qui rend difficile le diagnostic. Cependant des douleurs intenses et localisées peuvent mettre sur la voie de ce syndrome et se compléter avec d’autres symptômes : 

  • Symptômes sensoriels et cutanés : douleurs intenses, œdème, hypersensibilité (notamment à des stimuli normalement non douloureux), sudation excessive, changements de couleur de la peau (passant du rouge au bleu mais également marbrée), troubles vasomoteurs (alternance de chaleur et de froid).
  • Symptômes moteurs : mobilité réduite de l’articulation, tremblements, posture inhabituelle de l’articulation, enraidissement…
  • Symptômes trophiques : altérations dans la croissance des cheveux et des poils mais aussi dans l’apparence des ongles.

La douleur associée à l’algodystrophie est souvent disproportionnée en termes de durée et d’intensité par rapport à la gravité du traumatisme initial ou aux suites opératoires habituelles. Cette douleur couplée à une raideur inexpliquée sont les principaux symptômes de la maladie.

L’algodystrophie est évolutive

Il existe trois phases majeures dans l’évolution de cette maladie : La phase chaude, froide et chronique.

  • La phase chaude est caractérisée par une inflammation articulaire qui se manifeste par une douleur généralisée, une limitation des mouvements, des signes locaux d’inflammation vasculaire et une sensibilité accrue de la peau. Elle peut survenir immédiatement après une intervention chirurgicale ou se développer pendant la phase de récupération à travers la rééducation et la kinésithérapie.
  • Les phases froides ou séquellaires surviennent tardivement et sont souvent associées à une importante perte de fonction dans la région touchée, accompagnée d’un syndrome post-traumatique anxieux et de troubles psychologiques.
  • La phase de chronicité se caractérise par une algodystrophie persistante, douloureuse et invalidante, entraînant des handicaps réels et une possible exclusion sociale, ainsi que des problèmes psychologiques multiples. Cette phase n’est pas systématique.

Comment diagnostiquer l’algodystrophie ?

La maladie étant complexe, il n’existe pas réellement de parcours de diagnostic spécifique. C’est le parcours du combattant pour poser un réel constat et prouver l’algodystrophie. La pathologie peut être détectée par une batterie d’examens radiologiques. 

  • La radiographie peut être utile seulement à un stade avancé de la maladie. En phase chaude la radio semble tout à fait normale mais après environ un mois, des signes de déminéralisation apparaissent, avec des taches sur les radiographies. Si un seul côté est affecté, on pense à une algodystrophie.
  • L’IRM peut mettre en évidence des œdèmes ou des perturbations fracturaires, mais ces signes ne sont pas forcément spécifiques à l’algodystrophie et peuvent évoquer une fracture de fatigue.
  • La scintigraphie est souvent privilégiée car elle permet de détecter même de légers changements osseux qui pourraient passer inaperçus à la radiographie. Cependant, ses résultats peuvent varier selon les différents stades de la maladie. 

Quels sont les traitements médicamenteux, moteurs ou psychologiques ?

L’algodystrophie ne connaît pas de traitements concluants. Les seuls objectifs pour les différentes solutions de traitements sont d’apaiser la douleur et de redonner une amplitude au mouvement de l’articulation ou du membre atteint.

Traitements médicamenteux : 

  • Le traitement médicamenteux est utilisé pour réduire la douleur selon le stade de la maladie. Pour des douleurs légères, le paracétamol et les anti-inflammatoires sont préconisés. 
  • Les antidépresseurs et les anxiolytiques sont utilisés pour soulager les douleurs neuropathiques lorsque celles-ci sont particulièrement intenses, voire insupportables.

Traitements moteurs : 

Traitements psychologiques : 

  • Dans le cas de douleurs chroniques, l’hypnose peut aider à réduire la douleur, à surmonter les blocages et à gérer les émotions.
  • Consulter un psychologue peut aussi aider à gérer les problèmes qui découlent de cette maladie. 

En cas de douleurs anormales persistantes à la suite d’un choc ou sans raison apparente, il faut impérativement consulter un médecin et/ou un spécialiste. Une prise en charge trop tardive compromet fortement la guérison de la maladie.

À SAVOIR

Ambroise Paré, le chirurgien de Charles IX, a été le premier à décrire un ensemble de symptômes qui a depuis reçu différents noms. En 1994, à Orlando, le terme actuel pour désigner cette condition, le syndrome douloureux régional complexe, a été introduit.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du Groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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