Comment soignez une douleur aigüe du dos ? Quelle est l’origine du lombalgie ? Comment prévenir un problème dorsal ? Les explications d’Yves Chatrenet, kinésithérapeute, responsable des services de rééducation de la Clinique de rééducation Sancellemoz, à Passy, en Haute-Savoie.

Pour les personnes souffrant de maux de dos récurrents, quels conseils donner pour ne pas avoir recours à la rééducation ?

L’essentiel est d’avoir à la fois une bonne souplesse, une force musculaire et une bonne mobilité. Il faut faire des étirements régulièrement du dos, mais aussi des membres inférieurs. Ce sont eux qui conditionnent le bassin sur lequel repose la colonne vertébrale. Le renforcement musculaire, c’est faire une activité sportive régulière, être actif. La marche est un bon conseil. Il faut lutter contre la sédentarité par tous les moyens. Pour la mobilité articulaire, il faut faire de la gymnastique appropriée, aller en piscine, faire des mouvements de grande amplitude en décharge, aidé par l’apesanteur. C’est moins contraignant pour les vertèbres, c’est la meilleure des préventions.

Et pour les douleurs de plus courtes durée, aiguës ?

Pour les douleurs aiguës, la haute autorité de santé fait des recommandations médicales et considère que la rééducation n’a pas de place. Les traitements, ce sont uniquement les antalgiques. Il ne faut pas se mettre au lit et ne rien faire, avoir un minimum d’activité pour ne pas se déconditionner. Quand on est “coincé”, qu’on a souffre d’un lumbago, il faut favoriser un retour à la mobilité par des techniques de manipulations, de mobilisation vertébrale, dont les osthéopaties font partie. Cela permet de gagner du temps pour restaurer la mobilité normale. L’acupuncture agit plus pour le versant antalgique, pour calmer la douleur. Il n’y a pas de vérité absolue pour le dos, ce qui ouvre la porte à tout, jusqu’au charlatanisme !

Des douleurs aux origines diverses

D’où viennent ces douleurs?

Moins de 10% ont une pathologie bien identifiée et une cause médicale bien déterminée. On les appelle les lombalgies spécifiques ou symptômatiques : tumorale, infectieuse, fracturaire… C’est vraiment la minorité. Les autres douleurs ne sont pas précisément définies. Elles proviennent d’un contexte qui génère ces douleurs, d’origines diverses. Le patient souhaite toujours quelle est la cause précise de sa souffrance. Malheureusement, avec l’expérience, on apprend qu’il faut devenir assez humble ! Même si on identifie la cause, et si on peut voir des signes d’arthrose, d’une hernie discale… De là à attribuer une relation directe avec la lombalgie, c’est intellectuellement facile. Mais dans la réalité, C’est beaucoup plus complexe…

Y a-t-il des évolutions récentes dans les soins apportés?

Il y a des concepts de rééducation qui se font jour. La France est un pays latin, la mentalité c’est de penser que passivement, on peut améliorer votre mal de dos : un masseur, manipulateur, un osthéo… On confie son dos a quelqu’un qui va régler le problème. Les Anglo-Saxons ont depuis longtemps adopté la prise en charge active, plus efficace à terme. La vision passive apporte plus de confort immédiat mais de courte durée. Il y a une émergence récente, une emprise des théories anglo-saxones, pourtant toujours peu répandues même chez les kinésithérapeutes.

A savoir

Selon deux études récentes, les douleurs lombaires constituent la principale cause d’incapacité dans le monde et sont à l’origine d’un tiers des invalidités provoquées par le travail. Près d’un dixième (9,4%) de la population mondiale (incluant les enfants) souffre de lombalgies. Les agriculteurs et les personnes âgées de 35 à 65 ans figurent parmi les personnes les plus à risques.

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Figure du monde de la santé en Auvergne-Rhône-Alpes, il traite de vos pathologies sur les ondes comme sur le web.

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