Troubles de la mĆ©moire, du langage, de l’agilitĆ© gestuelle… lorsque la maladie d’Alzheimer s’installe, le patient n’a pas toujours conscience des difficultĆ©s qu’il rencontre. Comment reconnaĆ®tre les premiers troubles ? Les explications du Dr Catherine Thomas-Anterion, neurologue libĆ©rale dans le 8ĆØme arrondissement de Lyon.
Quels sont les premiers signes de la maladie ?
-La maladie débute par des troubles de la mémoire, en particulier la difficulté à enregistrer les faits nouveaux de la journée, les choses apprises récemment. Par contre, les souvenirs anciens sont plus solides.
-Puis, petit à petit, vont apparaître des troubles des fonctions associatives, des troubles du langage : des mots vont manquer, le langage va se déstructurer puis surviennent les troubles de la compréhension.
–On observe des troubles de lāagilitĆ© gestuelle : difficultĆ©s pour bricoler, utiliser un objet, jusquāau point de ne plus pouvoir sāhabiller ou manger seul.
–Il existe une difficultĆ© de reconnaissance des gens que le malade connaĆ®t (dāabord les moins familiers) et des lieux avec le sentiment de se promener dans des endroits nouveaux alors quāils sont connus.
–Enfin, on note des troubles du jugement, et des difficultĆ©s dans la prise de dĆ©cision. Par exemple, le malade est vulnĆ©rable et peut contracter un abonnement pour une Box internet alors quāil nāa pas dāordinateur.
-Il peut survenir ou non des troubles du comportement de type apathie, anxiƩtƩ, hallucinations, dƩlires, agitation.
Faire accepter Alzheimer au patient
Est-ce que ce sont plus souvent les proches ou les patients eux-mêmes qui détectent la maladie ?
On a tous les cas de figure. Les patients qui ont cette maladie ont rarement non conscience des troubles. Bien souvent, ils comprennent que quelque chose ne va pas. Cāest pour cela que lāon explique le diagnostic au patient afin quāil puisse comprendre ses difficultĆ©s et ainsi accepter certaines formes dāaides. Dāautres, en revanche, ne vont pas en avoir conscience car ils souffrent de troubles du jugement. Dans ce cas, les conjoints auront plus de plaintesĀ du type « il oublie toutĀ Ā», mais le patient ne va pas trouver cela grave alors quāil vient dāacheter trois fois au supermarchĆ© quelque chose dont il nāavait pas besoin. Et puis, on a aussi le cas des patients qui viennent seuls car leur conjoint est dans le dĆ©ni.
L’annonce de la maladie
Comment est vĆ©cue lāannonce du diagnostic pour le patient ?
Ce nāest pas diffĆ©rent des autres maladies. Les rĆ©actions sont trĆØs variables. Il y a des gens qui comprennent ce qu’ils ont et le prennent avec philosophie, surtout si cela arrive Ć un certain Ć¢ge. Dāautres vont dĆ©cider de rĆ©organiser leur vie autour de la maladie.Ā Cette maladie qui touche Ć lāintellect fait particuliĆØrement peur dans une sociĆ©tĆ© où le jeunisme, lāestime de soi et la performance sont mis en avant. Certains sujets ont peur de devenir fous et de perdre leur libre arbitre.
Un accompagnement psychologique est-il conseillƩ ?
Oui mais le problĆØme est quāavec les troubles de la mĆ©moire, un suivi psychologique peut ĆŖtre compliquĆ© pour avancer de sĆ©ance en sĆ©ance. Cela va plutĆ“t sāintĆ©grer dans lāaccompagnement global pour maintenir les liens sociaux pour que le patient ne soit pas isolĆ©,Ā sans activitĆ©, abandonnĆ© par les proches car on le sait, la maladie fait peur. En outre, on sait que le lien social est un facteur prĆ©dictif dāĆ©volution plus lente de la maladie dāAlzheimer.
A savoir
Alzheimer n’est pas la seule responsable de la perte de mĆ©moire. Beaucoup de personnes sont victimes de troubles de la mĆ©moire mais cela NE signifie PAS qu’elles ont la maladie d’Alzheimer. Il y a plusieurs facteurs Ć l’origine de la perte de mĆ©moire. Si l’un de vos proches ou vous-mĆŖme prĆ©sentez des symptĆ“mes caractĆ©ristiques de la dĆ©mence, il est prĆ©fĆ©rable de consulter un mĆ©decin afin d’en dĆ©terminer la cause”. Source : www.alz.org








