Maladie de Lyme : protégez-vous en forêt !
La vigilance est de mise sur les sentiers forestiers : être contaminé par une tique peut avoir de fâcheuses conséquences, à commencer par la maladie de Lyme. ©Shutterstock

Souvent difficile à diagnostiquer, la maladie de Lyme est de plus en plus fréquemment détectée chaque année. Transmise par les tiques porteuses de la bactérie Borrelia, cette infection survient lorsque les tiques se fixent à la peau pour se nourrir de notre sang. Elle peut entraîner des complications neurologiques, articulaires et musculaires, parfois plusieurs années après la morsure. Bien qu’un vaccin soit en développement clinique, aucun remède miracle n’existe encore, hormis la vigilance, seule rempart contre une possible infection touchant un nombre sous-estimé de promeneurs, selon l’association France Lyme, très engagée dans la prévention contre les maladies vectorielles à tiques.

Selon certains experts, la maladie de Lyme progresse en France, où 65 000 cas sont recensés chaque année. Du fait d’une meilleure connaissance de la maladie, mais pas seulement. « La maladie de Lyme, du fait d’une déforestation massive, est devenue plus courante », explique le Pr Olivier Épaulard. Pour l’infectiologue grenoblois, la dégradation de la biodiversité joue clairement un rôle sur la transmission des maladies de l’animal à l’homme, qu’il s’agisse de bactéries comme la borréliose de Lyme ou de virus comme le Sars-Cov-2, responsable de l’épidémie de Covid-19.

Cependant, pour beaucoup d’associations luttant contre cette pathologie comme France Lyme, le nombre de patients atteints par cette condition serait sous-estimé. En effet, l’organisation estime aujourd’hui que plus de 100 000 personnes seraient en réalité touchées chaque année. “Contrairement aux idées reçues, cette maladie n’est pas rare ! Les associations estiment que plus de 100 000 personnes sont infectées chaque année”.

Selon elle, cette maladie, moins rare qu’il n’y paraît, verrait environ 20 % des victimes développer une forme chronique. “Les associations françaises constatent que 20% des personnes contaminées développent un Lyme long, la forme sévère et persistante de la maladie de Lyme”, indique l’association France Lyme. Et “20% de 100 000, cela représente de très nombreux malades !.”

La maladie de Lyme (ou borréliose de Lyme) est l’une des pathologies bactériennes les plus connues transmises par les tiques. Elle est causée par la bactérie borrelia, transmise à l’homme par les piqûres de ces parasites. Répandues partout en France, les tiques se trouvent principalement dans les zones herbeuses et les haies, où elles se fixent à la peau. Cet acarien est présent tout au long de l’année, mais il est particulièrement fréquent au printemps et en été.

Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des zones les plus touchées par la maladie de Lyme. En outre, 20 % des tiques présentes dans la région seraient porteuses de la borrelia responsable de cette affection. Particulièrement active dans l’Est du pays où dans certains départements comme la Haute-Savoie, le taux d’incidence annuel atteint 210 cas pour 100 000 habitants (Chiffres Agence Régionale de Santé/Santé Publique France/réseau Sentinelles), ce qui est largement supérieur à la moyenne nationale (104/100 000).

L’Ain (157/100 000) et le Puy-de-Dôme (117/100 000) font également les frais de ce fléau estival. La période est en effet propice aux sorties en forêt, jardinage et autres activités nature, susceptible de favoriser une rencontre avec cet acarien aussi petit que redoutable.

Cela n’est pas systématique, bien sûr, mais une morsure de tique peut avoir de fâcheuses conséquences. On estime à 10% la part de tiques infectées à la bactériose Borrelia, vecteur de la maladie de Lyme. D’où l’importance de retirer rapidement la tique et de rester attentifs aux symptômes. Une plaque rouge peut ainsi se former autour de la zone piquée jusqu’à un mois après la morsure. On parle alors d’érythème migrant, qui doit conduire à consulter sans attendre son médecin.

Mais la maladie peut aussi se manifester plusieurs années après la morsure, avec à la clé des douleurs articulaires et/ou musculaires, des troubles neurologiques. Ce sont ces manifestations parfois très tardives qui rendent le diagnostic difficile à établir. Et qui retardent incidemment la prise en charge. En cas de symptômes, la présence d’anticorps dans le sang confirme le contact avec la bactérie. Un traitement antibiotique suffit généralement à mettre un terme aux symptômes, et ce en quelques jours, voire semaines…7

En outre, selon l’association France Lyme, environ 20 000 patients atteints de la maladie de Lyme présenteraient des symptômes chroniques. Cette forme persistante et sévère est souvent appelée “Lyme long” (ou PTLDS, pour Post-Treatment Lyme Disease Syndrome). À ce jour, aucun traitement de référence ne garantit une guérison complète de cette condition.

Prudence sur les chemins : les tiques rôdent !
Prudence durant vos balades ! ©Shutterstock

Le meilleur moyen de se prémunir de la maladie de Lyme est… d’éviter la morsure de tique, grâce à plusieurs réflexes simples : bien se couvrir bras et jambes durant les sorties nature, évitez broussailles et herbes hautes et inspecter son corps dans les moindres recoins. L’application de répulsifs peut également s’avérer efficace.

Si vous êtes piqué, n’appliquez pas de produit mais retirez rapidement la tique au moyen d’un tire tique (instrument vendu en pharmacie, utile pour ne pas broyer l’insecte). Désinfectez soigneusement et surveillez la zone pendant un mois.

En juillet 2023, l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) a annoncé qu’il développait un vaccin innovant contre les tiques. Toujours en phase de développement, ce vaccin cherche à réduire la dangerosité des tiques et leur capacité à transmettre des maladies. L’objectif à terme : empêcher les tiques vaccinées de transmettre Borrelia lors des piqûres sur des animaux ou des humains. Si les résultats sont prometteurs, il faudra encore patienter avant de pouvoir tester ce vaccin chez l’humain.

Pour atteindre leur objectif, les chercheurs utilisent une nouvelle méthode pour stimuler la production d’anticorps capables de neutraliser les bactéries présentes dans les tiques. Ce projet porte l’espoir de mieux protéger les populations et les animaux contre les maladies transmises par ces parasites. Une avancée à suivre de près.

Le petit Léopold, 5 ans à l’époque, a contracté la maladie de Lyme suite à une piqûre de tique en Haute-Savoie. Son père Jean-Baptiste témoigne.

Quels sont les symptômes qui vous ont alertés ?

Témoignage maladie de Lyme
Léopold et son père Jean-Baptiste. ©DR

“Nous avons réalisé que Léopold n’allait pas bien au retour chez nous, après deux mois de confinement au printemps 2020 au bord du lac d’Annecy, en Haute-Savoie. Ses nuits étaient difficiles, et il souffrait de forts maux de tête, ainsi que de douleurs articulaires et musculaires. Nous sommes allés consulter, mais nous n’avons pas identifié immédiatement d’où venaient ses douleurs.

Avant même de suspecter une maladie de Lyme, nous étions conscients du danger. Nous faisons très attention lors des sorties en pleine nature, et nous profitions régulièrement des bains pour détecter la présence de tiques sur le corps de Léopold ou de son petit frère. Mais de là à imaginer que nous serions confrontés au problème…”

Comment le diagnostic de la maladie de Lyme a-t-il été posé ?

“Nous avons évoqué aux médecins la proximité des bois, les balades en forêt durant le confinement. Ils ont pourtant écarté la possibilité d’une piqûre de tique et cherché une autre explication. Il a subi une prise de sang, et même une ponction lombaire, après laquelle ses symptômes se sont aggravés, entre douleurs dorsales, céphalées toujours plus violentes et paralysie de la moitié de son visage. Nous sommes retournés à l’hôpital, un dimanche soir, où il a passé une IRM cérébrale, un scanner et tout une série d’examens. Comme les médecins ne trouvaient toujours pas d’où venaient le mal, ils ont refait des analyses sanguines et c’est là qu’ils ont trouvé des traces de borréliose de Lyme.”

Comment expliquez-vous cette errance médicale?

“Nous ne jetons pas la pierre aux médecins : cette maladie reste méconnue en France, contrairement à l’Allemagne, et nous étions dans un hôpital de ville, peu habitué à ce type d’infections. De plus, nous n’avions jamais vu la moindre trace d’une piqûre et de ce fameux érythème migrant sur le corps de Léopold. Mais nous avons appris plus tard que cette piqûre pouvait être ancienne et peut-être même remonter à l’été précédent !”

Quel traitement contre la maladie de Lyme votre fils a-t-il perçu ?

“Léopold a subi durant un mois un protocole d’injections d’antibiotiques sous perfusion. Il n’a pas été hospitalisé, mais une infirmière est venue tous les jours procéder à l’injection. Et tous les trois jours, nous devions l’emmener aux Urgences pour contrôler le traitement.

Au bout de cinq jours, sa paralysie faciale a disparu. Ses symptômes se sont progressivement atténués, jusqu’à disparaître totalement. En septembre, une nouvelle prise de sang a confirmé qu’il ne restait plus de trace de la maladie. Et depuis, tout va bien.

Comment avez-vous vécu cette épreuve ?

“Nous étions heureux d’être en France, dans un système de santé qui se décarcassait pour nous. Mais nous avons surtout été très inquiets, surtout au moment de sa paralysie faciale. On redoutait une méningite ou d’autres maladies graves. Et nous sommes passés par des hauts et des bas en l’absence de diagnostic posé. Nous avons bien sûr été soulagés lorsque l’on a eu la confirmation que c’était la maladie de Lyme. Mais en même temps, on voyait notre enfant subir un traitement très lourd, stressant et douloureux pour lui.”

Et aujourd’hui, comment va Léopold ?

“Léopold est aujourd’hui en totale résilience par rapport à cette épreuve, comme s’il ne l’avait jamais vécue. Il n’a pas peur de la forêt, ne présente pas de traumatisme particulier. Après, on ignore si la maladie ne pourra pas se réactiver un jour, nous avons donc toujours cette sourde inquiétude dans un coin de la tête, et nous sommes d’autant plus vigilants.”

À SAVOIR

En France, cinq centres de références sont labellisés depuis 2019 par le Ministère de la Santé, dont un en Auvergne-Rhône-Alpes. Il s’agit du CHU de Clermont-Ferrand. Associé au CHU de Saint-Étienne, ce centre est chargé de traiter les cas les plus graves et complexes et de faire avancer la recherche relative aux maladies vectorielles à tiques, virales ou bactériennes. Outre la maladie de Lyme (borréliose), la tique peut être responsable d’encéphalites, de fièvres hémorragiques ou encore de rickettsioses (typhus). La plupart de ces maladies (turalémie, ahrlichiose, fièvre pourprée des Rocheuses…) sont concentrées sur le continent américain, mais elles peuvent aussi sévir en France, à l’image de la fièvre boutonneuse méditerranéenne.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentMédicaments et fortes chaleurs : quels sont les risques pour votre santé ?
Article suivantPrévenir les noyades : et si on passait un été en toute sécurité ?
Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici