On associe souvent l’obésité et le cholestérol. Mais un lien direct peut-il être établi ? Quelle est la différence entre le bon et le mauvais cholestérol ? Quel est l’impact de notre alimentation sur le développement de la pathologie ? Les réponses avec le Pr Philippe Moulin, chef de service endocrinologie et diabétologie au sein de l’hôpital Louis Pradel, à Lyon-Bron.
Qu’est-ce exactement que le cholestérol ?
Le cholestérol est une variété de graisse présente en petite quantité dans l’organisme, contrairement aux triglycérides qui sont très abondants. Cette variété a la particularité d’être utilisée par l’organisme pour fabriquer certaines hormones. Cependant il en faut très peu pour que les cellules fonctionnent correctement et inversement, s’il y a trop de cholestérol, cette graisse risque alors de se déposer sur les artères contrairement aux triglycérides. C’est pourquoi avoir trop de mauvais cholestérol est potentiellement dangereux pour santé.
Le cholestérol, utile pour la santé !
Vous évoquez le cas où les personnes ont peu de cholestérol. Ce profil est très marginal j’imagine ?
Oui, très peu de sujets sont dans ce cas de figure. Aussi, certains en ont un taux très bas : environ une personne sur 1000. En règle générale, ce faible taux de cholestérol représente un bénéfice pour la santé cardiovasculaire. Malgré tout, dans certaines conditions rares, cela peut être ennuyeux pour leur foie. Bien que la concentration du cholestérol soit en partie déterminée génétiquement, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer de manger correctement. Cela vaut pour tout le monde ! La diététique peut le faire baisser et de surcroit à niveau de cholestérol identique, il se déposera moins sur les artères avec une hygiène alimentaire optimale.
Bon et mauvais cholestérol
Pourquoi parle-t-on de « bon » et de « mauvais » cholestérol ?
Depuis les années 70, on a découvert qu’il y avait deux grandes variétés de cholestérol. On s’est rendu compte que quand le mauvais cholestérol appelé cholestérol LDL (low-density lipoprotein) était trop haut, il y avait un risque de développer des maladies cardiovasculaires, et inversement avec le bon cholestérol qui se nomme le cholestérol HDL (high-density lipoprotein). On sait que les acides gras saturés font monter le mauvais cholestérol, contrairement aux acides gras polyinsaturés oméga 6 ( les fameux oméga 3 ont un effet neutre sur le LDL cholestérol).
Les personnes absorbent plus ou moins fortement le cholestérol au niveau digestif. Celles qui en absorbent présentent de l’hypercholestérolémie. Le problème peut aussi venir d’une fabrication de cholestérol en grande quantité au niveau du foie (10 fois plus que la capacité normale d’absorption) et enfin du fait que pour des raisons diététiques ou génétiques le foie a des difficultés à recapter le cholestérol qu’il a produit.
L’impact de l’alimentation
Est-ce uniquement l’alimentation qui entraîne un excès de cholestérol ?
On peut dire qu’à partir de 2 grammes par litre, c’est génétique. Autour d’1 gramme 60, il s’agit davantage de « malbouffe » et de causes polygéniques. Il faut savoir que plus on aura été exposé dès l’enfance à l’hypercholestérolémie, plus cela sera dangereux. 5 années d’erreur diététiques n’auront donc pas les mêmes conséquences sur l’encrassement des artères par rapport à un sujet touché dès son plus jeune âge.
On associe généralement le cholestérol avec le surpoids, mais les personnes maigres sont aussi sujettes au cholestérol ?
Oui, une personne mince qui se nourrit mal peut très bien présenter une hypercholestérolémie. L’obésité en elle-même ne fait pas monter le mauvais cholestérol, par contre, elle fait baisser le bon cholestérol, et monter les triglycérides. Si un obèse ne mange que de la charcuterie alors oui, il aura une hypercholestérolémie. Mais si un obèse mange en grosses quantité équilibrées, alors son LDL (mauvais cholestérol), ne sera pas élevé. Ainsi l’obésité en elle-même n’est pas un facteur de risque puissant d’artériosclérose.
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A savoir
En l’absence de facteurs de risques cardiovasculaires, le cholestérol total doit être inférieur à 2 g/, le HDL Cholestérol doit être supérieur à 0.40 g/l, et le LDL Cholestérol doit être inférieur à 1.60 g/ l.