THS
L'usage des THS continue de faire débat au sein de la communauté scientifique © Freepik

Les traitements hormonaux substitutifs (THS) prescrits à la ménopause n’ont pas toujours bonne presse. Mais méritent-ils vraiment leur mauvaise réputation ? Quelle place pour les méthodes naturelles ? L’avis de Michelle Duclos, gynécologue à Lyon et spécialiste de la ménopause.

Qu’est-ce que les THS ? A quoi servent-ils ? A quel type de patientes s’adressent-ils ?

Le terme THS correspond à « traitement hormonal substitutif ». On parle aujourd’hui davantage de THM pour traitement hormonal de la ménopause. Il s’agit de répondre à une carence en apportant des oestrogènes naturels. Pour moi, on est davantage dans le physiologique que le traitement. Le mieux pour ne pas encombrer le foie est de les prendre en gel ou en patch, même s’il est également possible de les prendre en comprimés.
Il est important de ne pas commencer les traitements trop tôt afin de ne pas ajouter d’oestrogènes si la femme ménopausée en produit encore. Mais il ne faut pas non plus le prendre 10 ans après l’arrivée de la ménopause car le corps n’est alors plus habitué à ces hormones. Le mieux est de prendre les THS dans les 3 ans.

THS et cancer, un lien avéré ?

Pourquoi les THS sont-ils si décriés ?

Le terme « hormone » fait peur. Il est mal expliqué. En 2003, une étude américaine (WHI) a diabolisé ces traitements en avançant que ces derniers augmentaient le risque de cancers du sein et de maladies cardiovasculaires. Mais cette étude se basait sur l’utilisation d’hormone progestative de synthèse que nous n’utilisions plus en France, et surtout, la cohorte de femmes traitées était souvent atteinte d’obésité, plus âgée, et les traitements étaient débutés souvent plusieurs années après la ménopause.
En réalité, nous métabolisons tout ce que nous avons dans notre corps pour l’éliminer dans l’urine, la transpiration, l’air que nous rejetons. Or, même si les enzymes de notre foie se ressemblent, nous fonctionnons tous différemment ce qui explique l’intolérance à certains médicaments. Ainsi, certaines femmes dégradent mal les hormones et produisent de la 16 hydroxylase qui s’avére cancérigène pour les seins et l’endomètre. On estime que 93% des femmes détruisent bien les hormones. Sur le papier, le rapport bénéfice risque est favorable au THM, mais les autorités de santé sont désormais frileuses à cause du principe de précaution. Une étude de la MGEN et une étude EPIC menée à l’échelle européenne montrent au contraire que les THS sont plus bénéfiques qu’à risques.
Il serait fantastique de pouvoir faire une évaluation métabolique afin d’étudier la manière dont chaque femme dégrade ces hormones. Après, chacune est libre de ses choix, je ne force personne. Avant 2003, les femmes n’avaient quasiment pas le choix et devaient prendre des THS imposés par leur gynécologue. Ce n’est pas la bonne démarche selon moi, chaque femme est libre d’un choix éclairé, et ce d’autant plus que la prise en compte de la ménopause et des traitements est un fait médical récent. Je dirais simplement que mon expérience me prouve que les traitements hormonaux sont ce qui marche le mieux quand les symptômes sont violents, même si j’utilise les techniques dites naturelles ou alternatives.

De quel suivi ces femmes sous traitement doivent-elles bénéficier ?

Elles doivent procéder à un examen qui montre qu’elles n’ont pas de réaction au traitement, pas de prise de poids, pas de problème au niveau de l’endomètre. Les femmes qui ne sont pas sous THS sont souvent moins prises en charge par les gynécologues alors que le suivi demeure essentiel : nous devons mesurer la tension, voir s’il y a des problèmes de thyroïde, de peau, d’intestin… C’est le moment pour faire une véritable consultation de prévention des femmes permettant de les accompagner dans leur avancée en âge.

Les méthodes naturelles 

Les femmes ménopausées peuvent-elles avoir recours à des méthodes naturelles ?

Bien sûr, en particulier, si elles le désirent, par nécessité si elles présentent des contre-indications au THM (cancer du sein, endomètre), et je ne suis par exemple pas opposée à la phytothérapie. Au contraire. Je pense que le lin peut être très intéressant pour ses apports en oméga 3, il va saturer les récepteurs aux oestrogènes et ainsi réduire l’impact des hormones sur notre environnement. Il y a également les autres photo oestrogènes comme le soja, la sauge, le gatilier, le tribulus… Il y a aussi l’homéopathie, la micronutrition, la réflexologie, l’acuponcture… toutes ces thérapies peuvent avoir un impact bénéfique. Et puis il ne faut pas négliger l’aspect psychologique car l’effet placébo est très important : la méditation ou le yoga fonctionnent très bien car ils permettent d’activer le circuit de la récompense, de valoriser la femme, surtout si ces activités sont pratiquées par des personnes bienveillantes. En somme, toutes les thérapies ont leur place même si je persiste à penser que les THS sont les plus efficaces.

Retrouvez la liste de tous les gynécologues de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr

A SAVOIR

Chaque femme informée est libre de son choix qui est respectable, doit être éclairé et, chaque fois, il est important d’évaluer le bénéfice-risque. La réponse est une réponse individuelle, qui varie au cours du temps, des événements.

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Journaliste indépendante depuis 2013, Paulina Jonquières d'Oriola s'est longtemps spécialisée dans la rédaction d'articles santé : psycho, sexualité, santé animale... Une fine plume au service de l'info santé !

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