Traiter les polypes rapidement grâce un dépistage efficace
La prévention du cancer du colon permet de traiter rapidement les polypes ©DR

Mars Bleu, le mois dédié à la prévention et au dépistage du cancer du côlon, sensibilise sur un cancer meurtrier mais bien maîtrisé s’il est pris à temps. Or, selon une étude, seulement 30% des Français se font dépister. Une insouciance que regrette le docteur Rebaudet, gastro-entérologue à la Clinique du Tonkin de Villeurbanne (Rhône).

 

En France, quelle place tient le cancer colorectal parmi les cancers les plus souvent cités ?

C’est le 3ème cancer le plus fréquent après le cancer du sein et le cancer de la prostate. En 2012, 42 000 nouveaux cas de cancer du côlon ont été recensés. Il fait donc partie des cancers les plus courants.
 

Pourquoi regroupe-t-on sous le terme colorectal, le cancer du côlon et le cancer du rectum ?

Le cancer du côlon et le cancer du rectum sont deux cancers bien distincts mais présentent souvent des similitudes même s’ils ne sont pas traités de la même façon. Ils se développent notamment à partir de polypes qui se greffent sur la paroi de l’intestin ou du rectum.

Quelle est la répartition entre le cancer du rectum et le cancer du côlon ?

2/3 sont des cancers du côlon et 1/3 des cancers du rectum.

Cancer colorectal, de l’intestin au rectum

Rappelez-nous les principales caractéristiques du côlon et du rectum… 

L’intestin se compose de l’intestin grêle et du gros intestin. Le côlon et le rectum font partie du gros intestin. Le côlon est un tuyau en forme de U situé sous l’estomac. Le rectum est un tuyau plus court relié au côlon. Ensemble, ils mesurent environ 1,50m. Ils sont entourés d’autres organes dont la rate, le foie, le pancréas, la vessie et les organes reproducteurs.

Et leurs fonctions ?

Le côlon absorbe l’eau, les éléments nutritifs et fait passer les déchets dans le rectum. Il se compose de 4 parties : le côlon ascendant du côté droit de l’abdomen, le côlon transverse juste en dessous, le côlon descendant situé du côté gauche de l’abdomen puis le côlon sigmoïde relié au rectum.
Le rectum reçoit les déchets du côlon et les emmagasine jusqu’à ce qu’ils soient évacués du corps  par l’anus.
 

Sang dans les selles, soyez vigilants !

Quels sont les principales causes à l’origine de ce cancer ?

Il n’existe pas de cause réelle connue du cancer colorectal même si on admet que le terrain familial, une alimentation trop calorique, trop protéinée et pauvre en fruits et légumes ainsi que le manque d’exercice physique peuvent favoriser le développement de ce cancer.
A cela s’ajoutent les maladies à haut risque comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique qui sont susceptibles de dégénérer en cancer du côlon tout comme certains cancers génétiques se développent sur des terrains prédisposant comme la polyadénomatose familiale.

Quels symptômes doivent alerter ?

Les principaux signes qui doivent inciter à consulter sont le sang dans les selles, un transit qui s’est modifié, des douleurs abdominales qui ne passent pas même avec un traitement, une anémie (globules rouges inférieures à la norme). Mais ces éléments ne sont pas exhaustifs et on peut aussi avoir tous ces symptômes sans pour autant avoir un cancer !
 

Cancer du côlon et risques de prolifération

Quel est le processus de développement de ces cancers ?

Presque tous les cancers colorectaux se développent à partir d’une tumeur, bénigne au départ appelée polype, excroissance située sur la paroi du côlon ou du rectum. Le processus de prolifération de ces tumeurs peut prendre plusieurs années, d’où l’importance de les dépister le plus tôt possible afin de les enlever et éviter le cancer.

Est-ce un cancer qui peut évoluer vers d’autres cancers s’il n’est pas pris à temps ?


Le cancer du côlon se développe d’abord localement mais le sang provenant de l’intestin étant filtré par le foie, c’est un cancer qui peut migrer dans l’organisme et créer des métastases au niveau du foie puis des poumons.

Quelles sont les chances de survie une fois le cancer déclaré ?

Le taux de survie du cancer du côlon est de 57% après 5 ans de maladie. Mais s’il est identifié au stade précoce, le patient a 95% de chance de guérir.
 

Hemoccult et coloscopie pour déceler le cancer

Quels sont les outils et les examens qui vous permettent de déceler ces cancers ?

Le niveau de dépistage du cancer du côlon dépend du niveau de risque de la population concernée. En France, la population générale âgée entre 50 et 74 ans est à risque moyen. Donc, le premier examen est la recherche de sang dans les selles (Hemoccult) suivi de la coloscopie si le résultat est positif.
Une seconde population concerne les patients dits à haut risque, c’est-à-dire ceux qui ont des antécédents familiaux de polype ou de cancer. Dans ce cas, l’examen de référence est la coloscopie.
Enfin, on trouve un 3ème niveau de dépistage avec les patients à très haut risque, c’est-à-dire ceux atteints d’une maladie inflammatoire de l’intestin (Maladie de Crohn ou Rectocolite) ou les patients atteints de polyadénomatose familiale. Dans ce cas, l’examen est la coloscopie réalisée plus fréquemment.
Pour rappel, la coloscopie permet d’explorer l’intérieur de l’intestin et d’enlever les polypes afin d’éviter l’évolution vers le cancer.

 
Quels sont les traitements proposés et quelles peuvent en être les conséquences ?

Une fois le diagnostic de cancer établi, la chirurgie permet d’enlever la partie de l’intestin touchée par la tumeur. Si les cellules cancéreuses se sont propagées, on complète par un traitement par chimiothérapie.
Après un cancer colorectal, le patient est soumis à une surveillance stricte tous les 4 mois pendant 2 ans puis tous les 6 mois les 3 années suivantes.
 

Se faire dépister dès 50 ans

Comment se passe la mise en place d’un protocole de traitement du cancer colorectal ?

Comme pour tous les cancers, nous organisons une réunion pluridisciplinaire en présence de chirurgiens, de gastroentérologues, de cancérologues, de radiologues, de radiothérapeutes, et d’anatomopathologistes (ceux qui étudient les cellules cancéreuses). Une douzaine de personnes au total afin de se concerter sur le protocole que nous pensons devoir mettre en place. La décision est collégiale.
 

Quel est votre constat aujourd’hui sur l’évolution de ce cancer et quels seraient vos conseils ?

Les Français ne font pas assez de dépistage et les campagnes de sensibilisation sont insuffisantes. Ce cancer est responsable chaque année de près de 18 000 morts. Le cancer colorectal présente l’énorme avantage de pouvoir être identifié suffisamment tôt pour être guérissable, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres cancers.
Il ne faut pas hésiter à consulter en cas de doute et se faire dépister dès 50 ans puisque c’est un examen qui est systématiquement proposé.

Dans le cadre de Mars Bleu, le centre Léon Bérard organise une conférence, le mardi 8 mars à 15H00 –Salle ONCORA. Intervenants : Dr Matthieu Sarabi, oncologue, et l’ADEMAS 69. Pour tout renseignement : ERI du Centre Léon Bérard -Tél. : 04 78 78 28 64 email : dominique.cordier@lyon.unicancer.fr.

Mars Bleu, une campagne pour sensibiliser au cancer colorectal

A SAVOIR

Le cancer colorectal touche plus de 42 000 personnes par an dans notre pays. Il est responsable de plus de 17 500 décès chaque année en France, soit cinq fois plus que les accidents de la route ! Pourtant, selon une étude menée par le Conseil National Professionnel d’Hépato Gastro-Entérologie (CNPHGE), à peine 30% des Français de plus de 50 ans sondés indiquent se faire dépister pour ce cancer meurtrier. Une forme d’inconscience d’autant plus regrettable qu’une grande majorité connaissent l’existence des moyens de dépistage, que ce soit le test immunologique (86%) ou la coloscopie (74%).

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1 COMMENTAIRE

  1. les gens font l’autruche c’est tout , combien de fumeurs passent tous les ans un radio des poumons ou vont voir un pneumologie pour mesurer leur capacité respiratoire..pas beaucoup! combien de femmes se palpent les seins régulièrement à la recherche d’une petite grosseur? etc

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