Stress, déprime, anxiété… Les troubles psychiques ont explosé en Auvergne-Rhône-Alpes depuis la crise Covid, avec à la clé une augmentation des addictions, notamment à la cigarette. Responsable de près de 10 000 décès chaque année dans la région, le tabac compte pourtant plus d’un million d’adeptes quotidiens, soit autant de potentielles victimes de cancers et autres pathologies. Comment arrêter de fumer pour préserver sa santé ? Les conseils d’une spécialiste lyonnaise, à la veille du lancement du Mois sans Tabac, en novembre.
Auvergne-Rhône-Alpes compte plus de 1 500 000 fumeurs de tabac quotidiens. Un chiffre inquiétant quand on sait que le tabac constitue la première cause de mortalité évitable. Si le nombre de fumeurs est important, leur consommation quotidienne l’est aussi, exacerbée par la crise de la Covid-19. En moyenne, le premier confinement a engendré une augmentation de cinq cigarettes par jour chez les consommateurs de tabac, en proie à l’anxiété, le stress ou encore l’ennui.
Une drogue ainsi banalisée malgré ses effets dévastateurs sur la santé et le développement, à tout âge. Comment se défaire de son emprise ? Quels moyens pour arrêter enfin de fumer ? À l’occasion du Mois sans tabac en novembre, le Dr Marie Malecot, médecin spécialiste du tabac au Centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc à Lyon, a répondu aux questions d’Elodie Poyade et de Pascal Auclair, rédacteur en chef du groupe Ma Santé, dans l’émission Votre Santé du 28 octobre, sur BFM Lyon.
La campagne du Mois sans tabac est-elle réellement efficace ?
Oui. Avant le début du Mois sans tabac, peu de fumeurs se lançaient dans l’arrêt du tabac, au mois de novembre. Depuis ces campagnes publicitaires pour promouvoir l’arrêt du tabac, beaucoup de personnes cessent réellement de fumer.
97% des fumeurs n’arrivent pas à arrêter sans aide, selon la HAS
Concrètement, comment les fumeurs sont-ils accompagnés au cours du Mois sans tabac ?
L’inscription au Mois Sans Tabac se fait gratuitement sur le site de tabac-info-service. Des indications ainsi que des supports d’aide à l’arrêt sont délivrés aux participants, notamment un livret d’accompagnement. L’objectif de ce programme est d’arrêter de fumer dès le 1er novembre et de tenir le mois entier. C’est important car si une personne arrive à s’abstenir de fumer durant un mois, elle a cinq fois plus de chances de rester abstinente de manière définitive.
Nous conseillons toutefois un arrêt accompagné par voie médicamenteuse. Le cerveau du fumeur étant modifié à vie par la nicotine, des symptômes de manque peuvent en effet survenir durant le sevrage (anxiété, agacement, sautes d’humeur…). Ces symptômes pourront ainsi être traités par des médicaments : des substituts nicotiniques oraux (pastilles, gommes, inhalateurs…) associés à des patchs.
En dehors du Mois sans tabac, comment accompagnez-vous les fumeurs qui souhaitent arrêter ?
L’accompagnement se fait tout au long de l’année, en consultation individuelle car tous les fumeurs sont différents. La première consultation qui dure environ une heure, permet d’établir les bases nécessaires pour personnaliser l’accompagnement. Les séances sont plus régulières au début du sevrage. Ensuite, nous nous engageons à suivre le patient durant un an après la dernière cigarette. Dans le processus, des médicaments sont préconisés et nous conseillons également de pratiquer une activité sportive ainsi qu’une activité professionnelle.
Le tabac tue 1 fumeur sur 2* : “arrêter, c’est vital !”
Pourquoi y a-t-il des risques de rechute ?
Le tabac va modifier à vie le cerveau du fumeur. À la moindre cigarette, il y a un risque de rechute. Certains patients qui ont arrêté pendant plusieurs mois rechutent après une seule cigarette et se mettent à fumer autant qu’avant, voire plus. La volonté ne suffit donc pas, il est important d’avoir un suivi thérapeutique. Il faut en parallèle persévérer et avoir le courage de tenir sur la durée. C’est difficile, mais vital !
Avez-vous des conseils pour éviter la rechute ?
D’abord, se rappeler des mécanismes ayant engendré la rechute précédemment, pour ceux qui ont déjà vécu cette situation. Cela permettra d’éviter les pièges comme la tentation de d’accepter une cigarette. Il s’agit d’un travail psychologique important et conséquent. L’accompagnement est donc essentiel.
Arrêter de fumer : “les seules solutions validées sont des traitements médicamenteux”
Mâcher du chewing-gum, manger une pomme, faire du sport intensif… Que penser de ces conseils pour arrêter de fumer ?
Les seules solutions validées pour arrêter de fumer sont des traitements médicamenteux. En revanche, ces méthodes font partie de la thérapie comportementale associée à la prise de médicaments. Croquer une pomme, boire un verre d’eau, se laver les dents, mâcher un chewing-gum ou encore faire de la marche sont des comportements différents, qui aident à ne pas fumer.
Les autres méthodes telles que le laser, la mésothérapie, l’hypnose ou encore l’acupuncture peuvent-elles être des compléments thérapeutiques efficaces ?
L’efficacité de ces méthodes n’a pas été prouvée. La majorité d’entre elles ne sont toutefois pas dangereuses. Le patient peut donc aller vers ce type de thérapie en complément des thérapies médicamenteuses et comportementales, s’il le souhaite. En effet, cela peut l’aider dans son travail de sevrage en le calmant, par exemple. En revanche, ces thérapies ne peuvent en aucun cas se substituer à un réel traitement de fond. Il ne s’agit pas de traitements alternatifs !
* Chiffres que révèlent une étude de la Haute autorité de Santé de janvier 2004 sur la consommation de tabac et les recommandations pour éviter une rechute.
À SAVOIR
Délivrés sur ordonnance, les substituts nicotiniques pour arrêter de fumer sont remboursés à hauteur de 65% par l’Assurance maladie Ces médicaments sont également accessibles en vente libre en pharmacie.