S’endormir en classe, pendant un repas, ou même pendant une activité… La narcolepsie n’épargne pas les enfants. En réalité, les premiers symptômes de cette affection peuvent se manifester dès le plus jeune âge. Ces manifestations ont un impact significatif sur les aspects psychologiques, sociaux et scolaires de l’enfant. Cependant, bien qu’il n’existe pas de remède définitif, une prise en charge adaptée permet une réduction notable des symptômes. Quels sont les symptômes chez l’enfant ? Quelles en sont les causes ? Comment est réalisé le diagnostic ? Plus d’explications avec le Dr Bertrand de la Giclais, médecin du sommeil au centre du sommeil d’Annecy-Argonay de la clinique d’Argonay (Haute-Savoie).
La narcolepsie ne se limite pas aux adultes et peut également affecter la vie quotidienne des plus petits. En effet, cette maladie chronique débute souvent dès l’enfance et persiste à l’adolescence et à l’âge adulte.
Elle a un impact significatif sur la qualité de vie des enfants, en perturbant leurs interactions avec leurs amis et leurs proches. Bien que cette condition ne soit pas liée à l’intelligence, elle affecte des aspects comme la mémoire et l’apprentissage.
La narcolepsie chez l’enfant : quand l’enfant lutte contre la fatigue
Qu’est-ce que la narcolepsie chez l’enfant ?
La narcolepsie chez l’enfant est essentiellement la même que celle manifestée chez l’adulte. Dans près de 10% des cas, cette maladie apparaît pendant l’enfance, avant l’âge de douze ans. En général, elle peut survenir entre cinq et douze ans.
Dans environ deux tiers des cas, la narcolepsie se développe chez les adolescents, souvent au moment de la puberté, vers l’âge de quinze-seize ans.
Quels symptômes sont généralement observés chez les enfants atteints de narcolepsie ?
La compréhension de cette maladie pose un problème, c’est pourquoi il est crucial d’observer attentivement les symptômes et leur manifestation chez les jeunes enfants. Les signes de la narcolepsie avec cataplexie se caractérisent principalement par une somnolence excessive dans des moments qui ne sont pas propices au sommeil. Par exemple, en classe ou même au milieu d’un repas. Ces épisodes d’endormissement soudains et marqués sont anormaux chez l’enfant.
Un autre symptôme important est la présence de crises de cataplexie. La cataplexie se caractérise par une chute soudaine du tonus musculaire en réponse à une émotion, comme le rire, la colère ou la surprise, généralement provoquée par une émotion intense. Ces crises peuvent affecter tous les muscles, entraînant la chute de l’enfant au sol. Cela se manifeste principalement par une faiblesse au niveau des jambes, mais peut également toucher d’autres parties du corps.
Parfois, les muscles du visage et de la mâchoire peuvent être atteints. Ce qui se traduit par une déformation légère de la mâchoire en raison du manque de tonus de musculaire autour de la bouche. Les crises de cataplexie durent généralement quelques secondes seulement. Pendant ces épisodes, l’enfant reste conscient, ce qui différencie la cataplexie des crises d’épilepsie où la conscience est altérée.
Ensuite, il existe deux autres signes à prendre en compte. Tout d’abord, il y a les hallucinations hypnagogiques, qui se produisent au moment de l’endormissement. Lorsque l’enfant s’endort seul dans sa chambre, il peut avoir l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre présent, entendre des respirations étranges ou voir des choses anormales.
Le dernier signe est la paralysie du sommeil, qui peut survenir pendant quelques secondes au moment du réveil. L’enfant ressent une impression de paralysie des quatre membres, mais cela ne dure que quelques secondes. Cependant, ces deux derniers signes ne sont pas toujours présents.
Une maladie déclenchée par un stress important
Quelles sont les causes de cette maladie ?
La narcolepsie est une maladie auto-immune d’origine génétique. Elle peut se déclencher à la suite d’un stress important, qu’il soit physique, émotionnel ou psychologique. Par exemple, la puberté, qui représente une période de bouleversements majeurs pour l’organisme, peut être un déclencheur fréquent de la maladie, d’où son apparition à l’adolescence. D’autres déclencheurs peuvent inclure des infections graves, une légère dépression, des traumatismes crâniens… Ainsi, ces facteurs active l’expression du gène responsable.
Quels sont les risques associés à cette maladie chez un enfant ?
Les conséquences de cette maladie peuvent être préjudiciables pour un enfant. Tout d’abord, il y a le risque de retard scolaire. Si la maladie n’est pas diagnostiquée et prise en charge, l’enfant peut avoir des difficultés à suivre en classe, à comprendre les leçons, même s’il ne dort pas pendant les cours. Cela entraîne des lacunes académiques et compromet ses chances de réussite scolaire, ainsi que son développement professionnel ultérieur.
Un autre danger concerne la sécurité de l’enfant. Comme mentionné précédemment, la narcolepsie provoque des épisodes soudains de somnolence, même dans des situations à risque comme la conduite d’un véhicule ou la participation à des activités potentiellement dangereuses. Ces épisodes de somnolence augmentent donc le risque d’accidents et de blessures chez l’enfant.
Il est donc crucial de diagnostiquer et de traiter cette maladie au plus tôt afin de minimiser ces dangers potentiels et de lui offrir les meilleures conditions pour son épanouissement personnel et sa sécurité.
Les difficultés de reconnaissance de la narcolepsie infantile
Quels sont les moyens utilisés pour diagnostiquer cette maladie ?
Le diagnostic formel de la narcolepsie chez l’enfant peut durer six ans. Lorsqu’un enfant présente des épisodes de somnolence pendant la journée, il n’est pas nécessairement attribué à la narcolepsie. Cela peut être considéré comme un aspect normal de la croissance, de la difficulté à s’endormir le soir ou le manque de sommeil pendant la nuit. L’idée d’une maladie sous-jacente n’est pas envisagée de manière appropriée.
En cas de doute concernant la narcolepsie, des examens spécifiques sont effectués après une consultation. Ces examens sont appelés polysomnographie, et ils sont réalisés dans un centre du sommeil. Lors de cet examen, le sommeil de l’enfant est enregistré afin de détecter les caractéristiques de la narcolepsie.
Polysomnographie, comment ça marche ?
La polysomnographie permet de reconnaître la narcolepsie en identifiant la quantité et la survenue rapide du sommeil paradoxal après l’endormissement, alors qu’il faut minimum soixante-dix minutes pour entrer dans un sommeil paradoxal. L’enfant atteint de cette maladie passera rapidement dans ce sommeil quelques minutes seulement après s’être endormi.
En plus de l’examen de nuit, des tests diurnes sont également réalisés. L’enfant est placé dans un environnement propice au sommeil, et on lui demande de ne pas lutter contre le sommeil. On observe alors l’apparition rapide du sommeil paradoxal, qui normalement ne devrait pas se produire dans la journée.
À SAVOIR
Les médicaments utilisés pour traiter la narcolepsie chez les enfants sont les mêmes que ceux utilisés pour les adultes, mais ils sont administrés à des doses spécifiques. Les doses sont ajustées pour être plus légères en fonction de leur âge.