quelles sont les idées reçues autour de la nutrition ?
Beaucoup de préjugés existent autour de l’alimentation. ©Pixabay

La nutrition est souvent mise à toutes les sauces et véhicule bien des idées reçues. Alors, les carottes donnent le teint rose ? Le poisson favorise-t-il la mémoire et le gingembre est-il aphrodisiaque ? La rédaction lance la chasse au pipeau et démêle le vrai du faux.

1 – Le lait, ça fait grandir

VRAI ! Mais à nuancer : en matière de nutrition, le calcium contenu dans le lait de vache fortifie notre capital osseux et favorise ainsi la croissance jusqu’à l’âge adulte. Mais au même titre que le brocoli, le chou ou les fruits secs, bien moins riches en protéines. Gare à ne pas tomber dans l’excès, d’autant que la communauté scientifique multiplie les études vouées à révéler l’impact d’une forte consommation de lait sur certaines pathologies.

Le chiffre : 1200 mg/jour, comme l’apport nutritionnel conseillé (ANC) en calcium dont a besoin un adolescent (900 pour un adulte).
L’avis de Marine Bel Hadj-Berthaud : “Le lait est source de calcium (120 mg pour 100 ml de lait soit un verre). Le calcium permet la minéralisation/solidité/rigidité de l’os, mais aussi la contraction et décontraction musculaire. Les besoins en calcium sont différents chez les adultes que chez les enfants. Les adultes ont besoin de 900 mg et 1200 vers 55 ans (prévention ostéoporose) alors que les enfants ont besoins de 900 (7/9 ans) jusqu’à 1200 pendant l’adolescence. Dès l’âge de 6-7 ans, l’enzyme qui permet de digérer le lait (la lactase) disparaît de notre organisme, et à l’âge adulte une très grande majorité de la population ne supporte plus le lait. Des effets de ballonnement se font ressentir, et peuvent aller jusqu’aux diarrhées, et les impacts inhérents aux aliments mal digérés apparaissent également: problèmes ORL, cutanés. C’est l’intolérance au lactose.Une fois la croissance terminée, le calcium ne sert plus à la croissance des os mais à son entretien (solidité) afin de diminuer les risques de fractures.”

2 – L’huile est moins grasse que le beurre

L'huile d'olive, un produit de nutrition à consommer avec modération
Vantée pour ses mérites, l’huile d’olive est pourtant plus grasse que le beurre… ©Pixabay

FAUX ! N’en déplaise aux adeptes du régime méditerranéen, grand consommateur d’huile d’olive, cette dernière, composée à 100% de lipides, est tout bonnement la plus calorique des matières grasses. Chaque aliment ayant ses propriétés nutritionnelles, le mieux reste de varier les apports, entre beurre, huile d’olive et huiles végétales (tournesol, colza…).
Le chiffre : 82%, comme la contenance du beurre en lipides, le reste étant surtout composé d’eau (16%), de protéines, minéraux, glucides…
L’avis de Marine Bel Hadj-Berthaud: ”L’huile comprend 100% de lipides et le beurre 83%. Mais la répartition en Acide Gras (AG) est différente. L’huile est effectivement plus grasse que le beurre mais a une meilleure répartition en AG, qui sont de plus de meilleure qualité que ceux du beurre. L’association des deux dans une alimentation équilibrée, variée et en quantité raisonnable permet donc d’équilibrer les acides gras.

3 – La bière favorise la montée de lait

VRAI ! Aussi étonnant que ce soit pour nos sociétés aujourd’hui prévenues des dangers de l’alcool, c’est l’une des vertus cachées de la bière. Elle contient en effet du malt d’orge, dont les molécules accentuent la sécrétion de prolactine, comme l’a démontré une étude de l’Université de… Munich. Mieux vaut donc privilégier une bière sans alcool, voire la seule levure de bière.
Le chiffre : 1950, comme la date jusqu’à laquelle certains brasseurs produisaient de la bière spéciale pour nourrices.

4 – Les épinards sont riches en fer

La nutrition et les épinards font l'objet de bien des croyances erronées
Et oui, Popeye nous ment depuis toujours, mais par omission! ©DR

FAUX ! 2,7 mg de fer pour 100 grammes d’épinards, au lieu de 27 mg. Une simple virgule mal placée, au XIXeme siècle, a suffi à donner naissance à cette fausse légende, colportée ensuite par le mythe Popeye. Les haricots, les lentilles, et surtout les huîtres ou encore le boudin noir, contiennent ainsi bien plus de cet oligoélément indispensable pour l’organisme.
LE CHIFFRE : 24 mg/jour, comme l’apport en fer dont a besoin une femme enceinte (contre 9 pour un homme adulte).
L’avis de Marine Bel Hadj-Berthaud : ”En matière de nutrition les légumes les plus riches sont les petits pois, le persil, les lentilles, le pissenlit, le pourpier, les haricots blancs et rouges. De plus, le fer contenu dans les légumes et autre aliments d’origine végétale, appelé le fer non héminique est moins bien absorbé que le fer héminique contenu dans les aliments d’origine animale”.

5 – Le gingembre est aphrodisiaque

FAUX ! Si Pline l’ancien en faisait déjà état, si l’usage du gingembre est cité dans le Kâmasûtra, ses propriétés aphrodisiaques n’ont jamais été avérées par une quelconque étude scientifique. En revanche, sa consommation sous de multiples formes (poudre, sirop, frais…) est reconnue pour ses vertus antinauséeuses. Certains habitants de la planète s’en servent aussi pour soigner leurs rhumatismes.
Le chiffre : 10, comme la dose en grammes de gingembre frais recommandée par l’OMS pour le traitement des nausées durant la grossesse.

6 – Les carottes donnent le teint rose

La nutrition en carottes donne bonne mine !
Les carottes, le bon plan bronzage! ©Pixabay

VRAI ! Ce légume est celui qui contient le plus de bêta-carotène, comme son nom le suggère. Et l’une des propriétés de ce pigment végétal, en plus d’être pourvoyeur en vitamine A, est d’activer la synthèse de la mélanine, qui protège la peau du soleil en accentuant le bronzage. Gare à l’excès, qui vous ferait passer d’un teint halé (plus que rose) à un teint clairement orangé.
Le chiffre : 530, comme le nombre de variétés de carottes recensées en Europe.
L’avis de Marine Bel Hadj-Berthaud : ”C’est un pigment dont la couleur peut varier du jaune à l’orange. Il est présent dans certains végétaux comme la carotte, il favorise la synthèse de la mélanine. Certains aliments aident et accélèrent le bronzage : ils contiennent de la vitamine A. Le carotène permet un bronzage harmonieux car il s’accumule surtout dans la couche cornée et les cellules adipeuses de la peau.

7 – Sauter un repas fait maigrir

FAUX ! Et à nuancer. Les avis des spécialistes sont partagés sur cette question du rythme de nutrition. L’effet peut en effet s’avérer inverse et entrainer une prise de poids. Si l’on compense avec excès lors du repas suivant, bien sûr, mais aussi parce que tout dérèglement de l’équilibre alimentaire a des conséquences sur le long terme. Conclusion ? Le corps aime la régularité et la faim est comme la satiété un signal à respecter.
Le chiffre : 55%, comme l’élévation du risque de surpoids en cas de repas sauté.
L’avis de Marine Bel Hadj-Berthaud : ‘‘Des repas consommés à petites et régulières intervalles permettront de faire fonctionner votre métabolisme. Sauter un repas ralentira ce métabolisme et l’empêcher de bruler les calories. Il se met en état d’alerte et se met à stocker sous forme de graisse une grande partie des repas ingurgités. Ainsi, au lieu de faire perdre de poids, sauter un repas permet au contraire d’emmagasiner un surplus de graisse et donc un surplus de poids. Mieux vaut donc manger à tous les repas en quantité modérée que de les sauter.”

8 – Une pomme par jour éloigne le docteur

VRAI ! En réalité, ce mythe est en partie infondé : si les mangeurs de pommes consultent tout autant que les autres, ils consomment moins de médicaments, selon une étude du JAMA Internal Medicine traitant de la nutrition. Ce qui n’enlève rien aux bienfaits de la pomme, dont la richesse en antioxydants a des effets protecteurs contre l’asthme, les maladies cardiovasculaires, l’apparition de certains cancers et même le vieillissement.
Le chiffre : 1, comme le rang de la pomme au classement des fruits les plus consommés en France, devant l’orange et la banane.

9 – Le poisson est bon pour la mémoire

FAUX ! Aucun aliment n’a d’effet booster sur la mémoire. Le poisson contient bien du phosphore, mais pas plus que les œufs, le fromage ou la viande. Il est en revanche scientifiquement prouvé que l’apport en oméga-3 lié à la consommation de poissons gras joue un rôle bénéfique dans la prévention de la maladie d’Alzheimer.
Le chiffre : 2, comme le nombre de fois par semaine où il est recommandé de consommer du poisson.
L’avis de Marine Bel Hadj-Berthaud : ‘‘Si le poisson ne participe pas directement à la stimulation de la mémoire, ses bénéfices sur le cerveau sont bien réels. En effet, les poissons et en particulier les poissons gras (maquereau, le saumon ou le hareng) sont sources d’oméga-3. Ils ont donc des rôles dans la peau, la vision (rétine), le système nerveux, sont anti-inflammatoire et jouent un rôle positif dans le ralentissement du déclin cognitif”.

10 – Le sel est mauvais pour la santé

La nutrition exige un apport de sel, mais avec modération
Si l’on ne peut s’en passer, gare à l’excès de sel!©Pixabay

FAUX ! Accidents cardio-vasculaires, hypertension… Le sel, beaucoup trop présent dans notre alimentation, a de lourdes conséquences sur la santé lorsqu’il est consommé avec excès. Mais à dose normale, pour une bonne nutrition, le sodium est essentiel pour l’organisme : il favorise notamment l’hydratation et, incidemment, le bon fonctionnement des reins. Tout est donc, encore une fois, dans la mesure.
Le chiffre : 3,95 gr, comme la consommation moyenne de sel dans le monde pour un adulte, quand l’OMS recommande 2 gr.
L’avis de Marine Bel Hadj-Berthaud : ”Le sel est nécessaire au fonctionnement de l’organisme. Les minéraux qu’il contient, le sodium et le chlorure, participent par exemple à la transmission des signaux nerveux ou encore à la contraction musculaire. Les insuffisances d’apports en sel sont extrêmement rares. L’excès de consommation de sel est aujourd’hui reconnu comme un des facteurs de risque d’hypertension artérielle et de maladies cardio-vasculaires, ainsi que d’autres maladies, dont le cancer de l’estomac. Une consommation excessive pourrait favoriser l’élimination urinaire du calcium et favoriser ainsi l’ostéoporose, une maladie provoquant la fragilisation des os et pouvant favoriser l’apparition de fractures.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

3 Commentaires

  1. Tout est bon à savoir, mais je pense que selon les organismes, les réactions ne sont pas identiques pour tous ce qui est bon pour l’un n’est pas forcement bon pour l’autre, il y a aussi la tète qu’il ne faut pas négliger qui est pour une grande part dans les actions du corps humain.
    je pense en particulier aux personnes qui ont vécu dans les camps de concentrations, “force de caractère, souffrance, volonté” qui sait
    les personnes qui travaillent dans la restauration ou dans les métiers de la nuit.
    Enfin pour finir je prends le cas de Darksasuke63 qui n’a pas mangé pendant une année je la crois sur parole avec, je pense une mauvaise interprétation de “j’ai pas mangé pendant une année entière” mais j’aurais bien voulu voir les résultats de sa prise de sang ?
    Un grand merci pour vos articles.
    respectueusement PP

    • Désolé pour l’utilisation du mot “organismes” qui n’est pas approprié dans mon texte ci-dessus mais “les organes du corps humain”.
      merci pour votre compression .

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