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L'obésite touche 8 millions de personnes en France. Un chiffre en augmentation. ©shurkin_son/Freepik

Malbouffe, omniprésence des écrans, télétravail… Les modes de vie évoluent, mais pas forcément d’une manière bénéfique pour l’organisme. Alors que le fléau de la sédentarité concerne de plus en plus de Français de toutes classes d’âges, l’obésité progresse. Un enjeu de santé publique qui touche aujourd’hui 8 millions de Français. Comment y faire face ? Faut-il s’en alarmer ? Les réponses du Pr Emmanuel Disse, chef de service nutrition à l’hôpital Lyon Sud, invité de l’émission Votre Santé, sur BFM Lyon.

Il y a deux fois plus de personnes obèses et en excès de poids en France qu’il y a 25 ans. Un constat alarmant, tant les conséquences d’une telle épidémie sont néfastes pour la santé.

En 2020, 17% des adultes souffraient ainsi d’obésité, avec à la clé un risque accru de nombreuses pathologies cardiovasculaires et autres, complications physiques et d’inévitables conséquences sur le plan psychologique, tant les personnes en surpoids se retrouvent, trop souvent, au ban d’une société qui a encore du mal à considérer l’obésité comme une maladie. La surcharge pondérale ne laisse personne indemne, et la lutte contre l’embonpoint et l’excès de poids peut aussi apporter son lot de désillusions.

Quels sont aujourd’hui les moyens de lutter contre la progression de l’obésité ? Une question au coeur de l’émission Votre Santé du jeudi 7 avril sur BFM Lyon, durant laquelle Élodie Poyade et Pascal Auclair, rédacteur en chef du groupe Ma Santé, recevaient le Pr Emmanuel Disse, chef du service nutrition de l’hôpital Lyon Sud, siège du Centre Intégré de l’Obésité aux Hospices Civils de Lyon, un des cinq centres de référence en France.

À quel moment considère-t-on qu’une personne est obèse ?

Pour le mesurer, on utilise un marqueur simple utilisable par tous : l’indice de masse corporelle (IMC). Il s’agit d’un reflet de la masse grasse présente dans le corps. Cet indice est assez simple à calculer : le poids en kilogrammes que l’on va diviser par la taille en mètre. À diviser de nouveau par la taille en mètre. Il existe plusieurs applications smartphones permettant de calculer son IMC.
L’Organisation mondiale de la santé a fixé un seuil : 30.
À partir de 30, on présente une obésité et au delà de 35, on présente une obésité dit de grade 2, ou sévère. À partir d’un IMC de 40, elle est très sévère, on dit même morbide.

L’IMC permet donc de faire la différence entre une personne obèse ou en surpoids ?

Le surpoids correspond à un indice de masse corporelle compris entre 25 et 30. Cela a permis de faire la différence entre le surpoids et l’obésité. À partir de 30, on passe dans la catégorie des patients atteints d’obésité, et il y a un risque de développer des pathologies notamment cardiovasculaires, et un surisque de mortalité par rapport à un patient donc l’indice de masse corporelle est en dessous de 30.

L’obésité “de plus en plus sévère en France”

On dit que la France a un retard par rapport aux États-Unis concernant la lutte contre l’obésité. Pourtant, la population américaine est de plus en plus obèse. Observe-t-on aussi une accélération de l’obésité en France?

Entre 1997 et aujourd’hui, la prévalence de l’obésité chez les adultes a doublé. Il ne faut toutefois pas être trop pessimiste ou alarmiste. Lorsque l’on regarde les deux dernières enquêtes de 2012 puis de 2020, la prévalence de l’obésité n’a finalement pas beaucoup progressé. Ce qui a évolué, en revanche, est la sévérité de l’obésité. Les formes les plus sévères, notamment les IMC au dessus de 40, qui donnent notamment accès à la chirurgie de l’obésité, passent de 1% en 2012 à 2% de la population en 2020. Donc on a peut-être pas beaucoup plus de personnes en obésité mais celle-ci est de plus en plus sévère en France.

On dit que l’obésité est une maladie sociale. Cela veut-il dire qu’une personne est plus touchée qu’une autre en fonction de son mode de vie, voire de ses origines ?

L’idée est de ne pas être culpabilisant. Mais lorsque l’on regarde les études et les enquêtes épidémiologiques, on voit qu’en fonction des revenus et du niveau d’éducation, il y a d’importantes différences de risque de présenter une obésité à l’âge adulte. Pour donner un ordre d’idée, chez les personnes qui ont un niveau d’éducation qui s’arrête à l’école primaire, le risque d’obésité est multiplié par quatre par rapport à celles dont le niveau d’études est le plus élevé. Soit 25% chez ces personnes contre 7% des plus éduquées. L’écart s’est donc multiplié par quatre entre les “foyers les plus riches” et les “foyers les plus pauvres”, qui gagnent moins de 900 euros par mois.

Obésité : la génétique également en cause ?

Quelles sont les principales causes de l’obésité ?

L’alimentation et la sédentarité sont des facteurs favorisants. Mais ce sont des éléments que l’on peut en partie remettre en cause. Car si l’on regarde la corpulence de nos parents, par rapport à nous, on constate qu’il y a un facteur génétique. Cela est également le cas pour la taille. En ayant des parents petits, on a peu de chance d’être très grand. Le processus est un peu le même concernant le poids. On se rend compte également que quel que soit l’âge des personnes en obésité, la courbe du poids évolue au fil du temps. On le voit notamment chez les tout-petits. Les nourrissons, à 18 mois, ne vont pas dans les fastfood. Pour autant, leur corpulence monte. Il existe donc des facteurs d’environnement également qui doivent contribuer probablement à l’obésité que l’on ne maîtrise pas. L’accès à l’activité physique et à une nourriture plutôt saine, bien sûr, mais aussi l’environnement. Les polluants, que l’on ne maîtrise pas, doivent notamment jouer un rôle dans l’augmentation de la prévalence de l’obésité, en France.

Quels sont les risques : les incidences de l’obésité sur l’organisme ?

À partir d’un IMC à 30, voire même de 25, les risques sont multiples. Il peuvent être métaboliques, avant tout de l’hypertension artérielle, puisqu’il s’agit de la première complication de l’obésité. Il y a également l’apnée du sommeil qui va entraîner la nécessité d’avoir une machine pour dormir et également le diabète. Le risque d’être diabétique est augmenté par trois lorsque l’on est porteur d’une obésité. D’autres pathologies telles que la goute ou encore l’insuffisance rénale sont augmentées quand on est atteint d’obésité. À plus long terme, si une personne présente une obésité depuis 20 à 30 ans, il y a un surisque de cancer. Les cancers du côlon, du sein et du rein sont fortement augmentés par l’obésité.

Quels conseils pourriez-vous donner à des parents qui ont des enfants en surpoids pour ne pas basculer dans l’obésité ? Quelles sont les bonnes pratiques au quotidien ?

La bonne pratique est d’avoir une vie saine. Cela passe par le fait de porter une attention particulière à ce que l’on met dans son caddie. Avoir des produits les moins transformés possible est une bonne manière d’éviter d’avoir une alimentation trop riche. Cela passe également par le fait de maintenir une activité physique, au quotidien. Faire une activité sportive doit être aussi normale que se laver les dents.

À SAVOIR
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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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