Il est grincheux et se frotte l’oreille. Et s’il souffrait d’une otite ? Face à cette infection, souvent (très) douloureuse, les tout petits sont en première ligne. Pourquoi ? Et surtout, comment les soulager ? Les explications et les conseils du Dr Anne Coffre, ORL pédiatrique au CHU de Grenoble.
Le plus souvent, le point de départ est un nez qui coule, une gorge qui pique. Un banal rhume. Puis les microbes prennent la direction de l’oreille moyenne, située juste derrière le tympan. Du liquide s’accumule, provoquant une infection. C’est l’otite moyenne aiguë.
Si les tout petits sont autant touchés, c’est à cause de leur trompe d’Eustache. Ce conduit étroit relie, sur environ 3,7cm, l’arrière du nez à l’oreille moyenne. « Chez les jeunes enfants, elle est plus courte, et a une position plus horizontale que celle des adultes », décrit le Dr Anne Coffre, ORL pédiatrique au CHU de Grenoble. « Cela facilite grandement le passage des microbes vers les oreilles. »
En cause, un système immunitaire immature
« Les 6-18 mois sont ceux qui ont, de loin, le plus d’épisodes d’otite. Cette infection se fait ensuite moins fréquente jusqu’à 6-7 ans, puis beaucoup plus rare au-delà. » Si les tout petits sont autant touchés, ce n’est pas seulement à cause de leur trompe d’Eustache. Leur système immunitaire, encore en construction, ne leur apporte pas une protection optimale.
Ceux qui vont à la crèche sont aussi plus à risque que ceux gardés à domicile car les virus et bactéries se transmettent d’un copain à l’autre. Or, si l’otite ne « s’attrape pas », et n’est pas contagieuse, le rhume -ou rhinopharyngite- l’est. Prévenir l’otite, c’est donc d’abord protéger son enfant du rhume. En se lavant régulièrement les mains à l’eau et au savon. En lui débouchant le nez dès qu’il est enrhumé. Et en évitant à tout prix de fumer à côté de lui, car c’est prouvé, le tabagisme passif favorise les infections ORL chez les petits.
Il y a otite et otite
Il faut faire la différence entre otite moyenne aiguë et otite séreuse. Les deux touchent l’oreille moyenne. L’otite moyenne aiguë est une infection virale ou bactérienne. « Le premier symptôme, c’est la douleur », note le Dr Anne Coffre. « Il peut aussi y avoir de la fièvre, de la fatigue, des frissons, ou une irritabilité. » Elle guérit le plus souvent en 5 à 10 jours, avec ou sans traitement.
Quand l’obstruction de la trompe d’Eustache s’éternise, on parle d’otite séreuse. Elle s’accompagne de la présence d’un liquide derrière le tympan. À la différence de l’otite moyenne aiguë, elle n’entraîne pas de douleur, ni de fièvre. Son diagnostic est donc souvent tardif. « L’otite séreuse passe le plus souvent inaperçue, car cette accumulation de liquide derrière le tympan est non douloureux », confirme le Dr Anne Coffre. Elle doit être traitée lorsqu’elle entraîne une perte d’audition. Cela permettra d’éviter que l’enfant ne prenne du retard à l’école, tout simplement parce qu’il n’entend pas bien sa maîtresse.
Les antibiotiques, c’est pas automatique !
« Chez les moins de 2 ans, on traite quasi systématiquement l’otite moyenne aiguë avec des antibiotiques, pendant 8 à 10 jours. À l’inverse, chez les plus de 2 ans, on donne des antibiotiques uniquement si l’enfant a très mal, ou si la fièvre est très élevée. Sinon, on préfère patienter -48 à 72 heures- pour voir l’évolution. Souvent, ça passe tout seul. »
On veillera simplement au confort de l’enfant, en traitant la douleur et la fièvre, avec du paracétamol ou de l’ibuprofène. La dose doit être adaptée au poids de l’enfant. Il faut éviter de prendre l’avion pendant la phase aiguë de l’otite.
En cas d’otites à répétition, « des aérateurs transtympaniques, surnommés yoyos ou diabolos, peuvent être posés sous anesthésie générale. » Ces petits drains insérés dans le tympan vont jouer le rôle de la trompe d’Eustache, pour aider le liquide à s’écouler à l’extérieur de l’oreille. « Ils finiront par tomber tout seuls, au bout de quelques mois. »
Sauf avis médical, il ne faut pas donner d’aspirine à un enfant. Cela risque de provoquer une maladie certes rare, mais très grave : le syndrome de Reye, qui associe atteintes cérébrale et hépatique.
L’otite est rarement grave, mais gare aux complications !
Dans l’immense majorité des cas, une otite est bénigne. Mais si les complications sont extrêmement rares, elles sont potentiellement graves : méningite, mastoïdite (une infection de la mastoïde, l’os situé à l’arrière de l’oreille), thrombophlébite du sinus latéral (une forme rare d’accident vasculaire cérébral)…
« C’est pour cette raison qu’il faut surveiller de très près un enfant ayant une otite », insiste le Dr Anne Coffre. Et donc consulter votre généraliste ou votre pédiatre dès les premiers symptômes. Et à nouveau s’ils persistent au-delà de deux à trois jours. À bon entendeur…
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À SAVOIR
L’otite externe « a une place à part dans la famille des otites. Il s’agit d’une infection de la peau du conduit auditif externe, très douloureuse, qui survient surtout en été, après une baignade en piscine, dans un lac ou à la mer. » Dans ces bouillons de culture, bactéries et champignons prolifèrent, et créent une inflammation. « Elle se traite par antibiotiques locaux, sous forme de gouttes. »