Les jouets en plastique peuvent contenir des substances toxiques.
À l'heure du règne du plastique, soyez vigiants : certains jouets peuvent contenir des substances nocives à long terme, comme les phtalates. ©Freepik

Ils sont invisibles, mais omniprésents : dans les aliments que nous mangeons, l’air que nous respirons, les vêtements que nous portons, les jouets que nous mettons au pied du sapin… Voici quelques pistes pour protéger nos bouts de chou de ces substances toxiques.

« Une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous) populations ». C’est ainsi que l’OMS définit un perturbateur endocrinien. Il s’agit donc de substances pouvant dérégler nos hormones.

Partout sur la planète, des chercheurs travaillent sans relâche pour établir une liste de plus en plus précise de ces perturbateurs endocriniens, et connaître précisément leurs effets sur notre santé. Tâche titanesque.

Si de nombreuses inconnues demeurent, ce dont nous sommes sûrs, c’est que les perturbateurs endocriniens sont présents dans nos organismes. « Et il y a des périodes de la vie où ils ont un plus haut pouvoir de nuisance : la période in utero, l’enfance et la puberté, notamment », explique le Pr Valérie Sautou, chef du pôle Pharmacie au CHU de Clermont Ferrand. « Ces substances peuvent nuire, même à faible dose d’exposition », alerte-t-elle.

Que leur reproche-t-on ? Entre autres, d’être responsables de pubertés précoces chez les jeunes filles, de diminuer la fertilité des hommes, d’être un facteur de risque de diabète, d’obésité, de troubles neurocomportementaux…

Perturbateurs endocriniens : les enfants en première ligne

Ils se nomment phtalates, composés perfluorés, bisphénols, éthers de glycol, parabènes, retardateurs de flammes… Sur les 100.000 produits chimiques qui nous entourent, environ 1000 seraient des perturbateurs endocriniens. Coupables le plus souvent suspectés, parfois avérés, comme le bisphénol A qui a été interdit dans les biberons. Nous y sommes de plus en plus exposés, dans les aliments, les jouets, les produits cosmétiques ou ménagers, les meubles…

Les éviter totalement est utopique. Mais il est possible de réduire notre exposition, et celle des tout petits, les plus vulnérables. Une étude de Santé publique France confirmait en 2019 que ces polluants étaient présents dans l’organisme de tous les Français, mais que les niveaux d’imprégnation étaient plus élevés chez les enfants. Pour les protéger, inutile de tout changer. Mais quelques gestes simples peuvent faire la différence.

Perturbateurs endocriniens : et si on anticipait ?

Quand le ventre de la future maman s’arrondit, il est d’usage d’aller acheter des meubles pour préparer la chambre du futur héritier. « Si possible, mieux vaut faire cette virée shopping au moins trois mois avant la naissance », préconise le Pr Sautou. « Cela laisse le temps d’aérer, pour laisser le temps aux polluants présents sur les meubles (colle, vernis, laque…) de s’évaporer. Acheter des meubles d’occasion peut aussi être judicieux, car ils ont déjà eu le temps de rejeter une bonne partie de leurs polluants ».

Aérer, le conseil vaut pour tout le logement. « Il faut le faire, au minimum quinze minutes par jour », recommande le Pr Sautou. Car tout le monde ne le sait pas, mais l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur… Enceinte, « il faut aussi éviter rouge à lèvres, vernis à ongles ou teintures pour les cheveux » pour protéger le petit être en construction.

Dans la cuisine, le danger rôde

« Certes, le bisphénol A est désormais interdit dans les biberons. Mais ils ont parfois été remplacés par d’autres substances potentiellement toxiques. Mieux vaut donc privilégier les biberons en verre à ceux en plastique ». De même, on évitera de faire réchauffer au micro-ondes des plats dans des récipients en plastique, car avec la chaleur les molécules toxiques migrent vers les aliments.

« Mieux vaut aussi éviter les poêles anti-adhésives, car elles peuvent contenir des composés perfluorés. Si on en a, il faut les jeter quand elles sont rayées ». À remplacer par des poêles et casseroles en fonte ou inox.

Au supermarché, mieux vaut choisir les produits les plus bruts possibles, les moins transformés. Lisez les étiquettes, et ne mettez dans votre panier les produits qu’avec la liste d’ingrédients la plus courte possible. Pour éviter les pesticides, mieux vaut manger bio. Il est aussi préférable, si possible, de passer plus de temps derrière les fourneaux, pour éviter à son enfant les plats industriels ultratransformés, leurs additifs et conservateurs. Les petits pots pour bébés, très surveillés, sont eux sans risque.

La fin du tout plastique

Certains jouets en plastique peuvent contenir des phtalates. S’il est compliqué de s’en passer complètement, on peut essayer de les limiter. Dans tous les cas, on pense à rincer les jouets neufs, pour les libérer d’une partie de leurs polluants.

Les vêtements doivent eux aussi être lavés avant d’être portés pour la première fois. Les matières naturelles (coton, laine, lin…) sont à privilégier.

« Pour nettoyer bébé, mieux vaut, si possible, abandonner les lingettes, et choisir un liniment, en ayant vérifié qu’il n’ait pas une liste à rallonge d’ingrédients ».

Quant à l’entretien de la maison, « il faut aller à la simplicité. Rien de tel que le vinaigre blanc ou le bicarbonate de soude, et une éponge et de l’eau pour enlever la poussière ». Les recettes de grand-mère remises au goût du jour.

À SAVOIR

« La charte des villes et territoires sans perturbateurs endocriniens ». En signant ce document le 4 octobre 2021 aux côtés d’André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé, le maire de Lyon Grégory Doucet a réaffirmé la volonté de la ville de lutter contre ces substances toxiques pour notre santé. Le top départ d’un plan d’actions sera donné « en 2022 ». Parmi les mesures déjà identifiées, « la suppression des matières plastiques dans les restaurants scolaires, ou la formation des agents municipaux afin qu’ils puissent spontanément mettre en œuvre les bonnes pratiques (achats, aération des locaux, techniques de nettoyage…) ».

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