Marisol Touraine, ministre de la santé, présente ce mardi un plan pour promouvoir la vaccination en France. Une problématique au cœur de la campagne Immuniser Lyon lancé au printemps dernier dans le Rhône. Une initiative qui pourrait faire école…
La vaccination n’a plus la cote en France. Un constat inquiétant confirmé par les derniers chiffres de l’Institut national de veille sanitaire. Selon une enquête de l’InVS menée sur les deux dernières années et révélée par Europe 1, la couverture vaccinale dans notre pays aurait baissé d’environ 5% chez les bébés de 0 à 9 mois. Une statistique d’autant plus alarmante que, jusqu’à présent, les enfants en bas âge faisaient l’objet d’une couverture vaccinale presque optimum, plus de 90% présentant un carnet de vaccination à jour.
Effets secondaires et manque de stock
Certains vaccins ont été plus impacts que d’autres par ce recul significatif. C’est notamment le cas de l’hexavalent (protection conjuguée contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite), soit les trois vaccins obligatoires en France, mais aussi la protection contre l’hépatite B, la coqueluche et un type de méningite. Ce phénomène de rejet s’explique à la fois par les récentes campagnes anti-vaccinales menées par le professeur Joyeux, quelques rares cas d’effets secondaires et un manque de stocks pour certains vaccins. Le manque de lisibilité dans la politique vaccinale française (confusion entre vaccins obligatoires et vaccins facultatifs) est également montrée du doigt par le Haut conseil de la santé publique (HSCP).
« La montée d’interrogations, de doutes, parfois même de suspicions, aboutit à fragiliser la parole publique. Répondre à la défiance est aujourd’hui un enjeu de société« , souligne Marisol Touraine, qui a annoncé plusieurs initiatives originales, dont le lancement d’une consultation citoyenne, sorte de « Grand Débat national », et la mise en ligne d’un site officiel dédié à la vaccination (carnet de vaccination électronique). En attendant, dans ce contexte, l’initiative engagée depuis quelques mois à Lyon ne manque pas de susciter l’intérêt du ministre de la Santé comme de nombreux acteurs de la santé publique en France.
« Pour moi, c’est fait ! »
La cité du Rhône a lancé en juin dernier une vaste campagne de sensibilisation à la vaccination en fédérant tous les opérateurs, publics ou privés, pour soutenir ce « geste qui sauve » auprès du grand public comme des professionnels de la santé. Quelques figures lyonnaises, dont le footballeur Alexandre Lacazette, l’actrice Mimie Mathy ou le cuisinier Mathieu Viannay, ainsi que de nombreux anonymes, ont prêté leur image et lancé ce slogan « Pour moi, c’est fait ! » afin de soutenir cette cause à travers une large campagne d’affichage dans toute la ville.
Depuis cet automne, Immuniser.Lyon a complété son action d’information et de sensibilisation à la vaccination auprès de toutes les générations en se dotant de nouveaux relais de communication. « Une trentaine d’opérations ont déjà été menées. Une quarantaine sont en cours de réalisation », explique Anne-Sophie Ronnaux-Baron, présidente du comité de pilotage d’Immuniser Lyon. Outre la mise en ligne d’un site dédié à cette opération, plus de 150 000 documents (flyers, dépliants, posters…) ont été ou vont être diffusés avant la fin de la campagne pour promouvoir la vaccination sur différentes manifestations publiques, dans les crèches, les centres sociaux, les clubs sportifs, les EPHAD, les écoles…
Vaccination, « ne pas baisser la garde »
« Nous sommes confrontés en permanence à des maladies infectieuses qui provoquent des pathologies parfois graves, souvent contagieuses. La vaccination permet de nous en protéger tout en diminuant leur impact et leur prolifération dans la population. Si les grandes épidémies que l’on a connu jusqu’au milieu du XXe siècle ont disparu, c’est notamment grâce aux campagnes de vaccination menées par nos aînés. Malgré tout, certaines maladies infectieuses comme le tétanos, la diphtérie et la polio existent toujours. Il est donc essentiel que tous les enfants soient bien vaccinés contre ces agents infectieux. Il ne faut surtout pas baisser le garde ! », rappelle le professeur Bruno Lina, professeur de virologie et expert en matière de vaccination.
Immuniser Lyon, initiative pionnière en France et même en Europe, affiche déjà des résultats très encourageants, au point de susciter un vif intérêt dans les pays limitrophes. « Certaines villes européennes dont Berlin ont été convaincues de la pertinence de la campagne », confie Céline Faurie-Gauthier, conseillère municipale déléguée aux hôpitaux et à la prévention santé. La campagne devrait prendre fin en mai prochain. Il sera temps, alors, de tirer un bilan définitif de cette initiative suivie attentivement en haut lieu…
A savoir
En France, hors cas des personnes exposées à un risque particulier ou certaines professions, certaines vaccinations sont obligatoires, d’autres sont simplement recommandées. Les vaccinations obligatoires sont contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, ainsi que contre la fièvre jaune pour toutes les personnes résidant en Guyane. Les vaccinations recommandées concernent certaines maladies (coqueluche, rubéole, rougeole, oreillons, varicelle), les infections invasives à haemophilus influenzae de type B, à pneumocoque, à méningocoque C, les infections à papillomavirus humains (pour les jeunes filles entre 11 et 14 ans) ainsi que les hépatites B et A pour les professionnels exposés à un risque de contamination. (source: service public)