La pollution a baissé l’an dernier en Auvergne-Rhône-Alpes. Selon l’observatoire Atmo, l’air s’est bonifié, avec pour la première fois des seuils inférieurs aux standards européens en termes de pollution aux particules fines. Une tendance positive à nuancer, face à l’ampleur de l’enjeu sanitaire et économique.
Contrairement aux idées reçues, on respire de mieux en mieux en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est ce que démontre une étude de l’observatoire agréé Atmo, qui vient de publier les résultats 2017 relatifs à la qualité de l’air dans la région.
Depuis 2007, la présence des particules fines (PM 10 et PM 2,5), l’un des principaux polluants atmosphériques, a ainsi diminué respectivement de 34% et 55% en moyenne dans la région. Ces résultats ne sont pas seulement liés aux conditions météorologiques favorables enregistrées l’année dernière (peu d’épisodes anticycloniques) mais aussi aux efforts menés par l’ensemble des acteurs, de l’Etat aux collectivités en passant par le monde économique et le grand public : démarches de réduction des émissions de CO2 dans les entreprises, recours aux transports en commun ou au covoiturage, réduction des émissions de chauffage au bois… Les actions, collectives ou individuelles, finissent bel et bien par porter leurs fruits.
« L’année 2017 marque également un tournant historique à pérenniser. Il s’agit de la première année au cours de laquelle aucun dépassement de la valeur réglementaire française et européenne (annuelle et journalière) n’est mesuré pour les particules PM10 dans la région », confie Atmo dans son rapport annuel.
La pollution atmosphérique persiste
Ces bons résultats ne doivent toutefois pas masquer une réalité : un polluant comme le dioxyde d’azote (NO2), qui se concentre sur les zones à fort trafic routier, continue d’être pointé du doigt. Les grandes métropoles (Lyon, Grenoble, Valence, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Chambéry, Annecy, Annemasse), mais aussi des territoires bien identifiés comme l’agglomération de Moulins (Nationale 7) ou la Vallée du Rhône (Drôme et Ardèche) affichent des valeurs beaucoup trop élevées, avec « près de 40 000 personnes exposées à des dépassements de la valeur limite annuelle ».
Concernant l’ozone (O3), les territoires les plus touchés se situent en zone montagneuse (Haute-Savoie, Isère) et dans les secteurs aux températures les plus élevées (Drôme, Ardèche).
Globalement, les seuils fixés par l’OMS continuent d’être dépassés, même pour ce qui est des particules fines. Et plus de 2 millions d’habitants restent soumis à une exposition au-delà des seuils réglementaires, selon les polluants.
Des enjeux sanitaires et économiques
C’est un fait clairement démontré, la mauvaise qualité de l’air a des conséquences irréversibles sur la santé publique (voir ci-dessous). Mais l’enjeu sanitaire, source de préoccupation majeure pour les pouvoirs publics, n’est pas le seul. L’attractivité même de la région dépend de ce facteur clé, comme le résume l’observatoire Atmo : « la promotion de zones de bonne qualité de l’air constitue un avantage touristique. De même, l’amélioration de la qualité de l’air est source de développement économique et d’innovations technologiques dans la région. Préserver l’air c’est aussi protéger une production agricole artisanale particulièrement riche et des espaces naturels remarquables ; la formation d’ozone en été est en effet particulièrement néfaste pour la végétation ».
Plus grand centre urbain de la région, Lyon fait partie des zones les plus concernées par la dégradation de la qualité de l’air, du fait notamment de la concentration de trafic, et plus rarement de poussières désertiques. Une problématique que la Métropole de Lyon a prit à bras le corps à travers un programme d’actions destinées à préserver l’air et offrir un cadre de vie plus sain à ses habitants. Ce Plan Oxygène s’articule autour de cinq axes majeurs (transport, mobilité, logement, activités économiques et planification urbaine) et se traduit par une série d’actions concrètes : élargissement de l’offre de transports en commun, incitation au covoiturage, développement des voies cyclables, réduction de la vitesse sur le périphérique, requalification en boulevard urbain de l’A6/A7, aide à la rénovation thermique des logements, réalisation d’audits énergétiques d’entreprises, incitation aux énergies renouvelables et récupérables, etc.
Si le chemin est encore long, le cap est résolument vert.
À SAVOIR
Chaque année, en France, la pollution atmosphérique provoque la mort de près de 50 000 personnes. Elle est selon l’OMS la première cause de décès environnementale dans le monde. Elle est également à l’origine de nombreuses pathologies telles que les cancers, maladies cardiovasculaires, troubles respiratoires et neurologiques, etc.
très bon article