L'air intérieur est souvent plus pollué que celui de l'extérieur.
Vivre dans son logement, où l'air est parfois plus pollué qu'à l'extérieur en raison de sources de pollution méconnues, nécessite de prendre quelques précautions. ©Shutterstock

Alors que nous n’avons jamais passé autant de temps chez nous, entre télétravail et confinements, la quête d’un habitat propre et sain est devenue un enjeu de santé publique. Car entre produits du quotidien polluants, matériaux de construction dangereux ou systèmes de ventilation défectueux, le danger rôde entre nos murs. Tour d’horizon des bonnes pratiques à adopter pour préserver son environnement intérieur, avec le concours de Nicolas Grenetier, ingénieur du génie sanitaire à l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes.

Home sweet home, vraiment ? Nous passons habituellement 80% de notre temps à l’intérieur, du domicile à l’école en passant par le lieu de travail. Ce taux, variable en fonction des cas, est même monté jusqu’à 95% durant le confinement du printemps dernier. Mais en ce temps d’épidémie où la notion de refuge n’a jamais revêtu autant de sens, le danger peut pourtant bel et bien venir… de l’intérieur.

L’air de nos logements, contrairement à une idée reçue particulièrement tenace, est en effet souvent plus pollué que l’air extérieur. Et les expositions croisées à de multiples substances (allergènes, produits chimiques ou biologiques, chauffage, tabac…) peuvent avoir de lourdes incidences pour la santé.

La vigilance s’impose, selon les autorités sanitaires, qui insistent sur l’application de mesures simples pour limiter les expositions et conserver un environnement intérieur sain. Avec un premier réflexe à adopter, même en période de froid : « aérez régulièrement ! Deux fois par jour durant dix à quinze minutes, en été comme en hiver », selon Nicolas Grenetier, ingénieur du génie sanitaire à l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes. « L’aération fait d’ailleurs partie des mesures barrières recommandées pour lutter contre le virus de la Covid-19 ».

Produits ménagers : le danger se cache dans les placards

Les produits d’entretien mais aussi de décoration peuvent contenir des substances hautement toxiques. C’est le cas de certains désinfectants et détartrants, des sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles ou encore des bougies parfumées qui se répandent dans l’air.

Le danger : une exposition prolongée peut avoir des incidences graduées sur la santé : irritations de la peau ou des yeux, allergies cutanées ou respiratoires, somnolence, vertige, mais aussi à plus long terme puberté précoce, maladies chroniques, cancers…

Que faire : changez vos pratiques en excluant certains articles de votre logis (bougies parfumées par exemple). Consultez soigneusement les étiquettes de vos produits ménagers et optez pour des articles ‘’propres’’.

Le conseil : « Essayez de changer vos habitudes de ménage en utilisant des techniques ou produits d’entretien alternatifs, plus simples et moins polluants : nettoyage à la microfibre imprégnée d’eau, à la vapeur, utilisation de vinaigre d’alcool, bicarbonate de soude ou savon noir ».

Ventilation : de l’air pur au vent mauvais

Outre l’aération, la ventilation est le meilleur moyen d’éliminer les concentrations de polluants en espaces clos. Il est donc essentiel de vérifier le bon fonctionnement des systèmes de ventilation de votre logement. Mais également de ne pas en altérer la bonne marche.

Le danger : Outre une dégradation de sa qualité, un air qui circule mal favorise les problèmes d’humidité, générateurs de moisissures, mais aussi d’affections respiratoires (asthme, bronchites, rhinites…)

Que faire ? Il est essentiel de veiller à ce que les orifices dédiés, parfois comblés par soucis d’économie de chauffage, soient bien dégagés. Ne positionnez pas non plus de meubles devant une bouche de ventilation.

Le conseil : « Ne laissez rien au hasard pour lutter contre l’humidité. Mettez un couvercle sur votre casserole ou branchez la hotte pour éviter les émissions de vapeur d’eau ».

Aménagements : ‘’Rénover, c’est aussi pour mieux respirer’’.

Le slogan résume tout l’enjeu sanitaire en cas de travaux, qu’il s’agisse de rénovation profonde ou de simple bricolage. Les produits utilisés (peintures, colles, etc.), les matériaux démolis mais aussi les matières nouvelles (revêtements sol et murs, tapis, meubles…) doivent être sélectionnés et déballés avec soin.

Le danger : les produits et matériaux de construction sont susceptibles de contenir des substances nocives pour la santé. Quant aux emballages des meubles et matériaux neufs, ils favorisent l’accumulation de molécules polluantes et néfastes.

Que faire : aérez le chantier, et privilégiez les produits et matériaux classés A+. Cette étiquette ‘’émissions dans l’air intérieur’’ est garante de labels éco-responsables.

Le conseil : « patientez quelques jours avant d’investir des pièces tout juste repeintes et déballez vos meubles neufs dans une pièce aérée ».

Monoxyde de carbone : le fléau de l’hiver

C’est quoi ? Un gaz très toxique émis dans l’air principalement par des appareils de combustion défectueux (chaudière, poêle, insert, cuisinière…) durant la période dite ‘’de chauffe’’, entre octobre et mars.

Le danger : invisible et incolore, le gaz est indétectable sans appareil spécifique. L’intoxication accidentelle, potentiellement rapide, se manifeste à travers des maux de tête, de la fatigue, des nausées… Elle peut être mortelle (une centaine de décès chaque année en France).

Que faire ? En cas de suspicion, aérez le logement, stoppez l’appareil de combustion soupçonné d’en être à l’origine, évacuez les lieux et appelez les secours (SAMU 15 ou pompiers 18).

Le conseil : « Faites vérifier vos appareils au gaz et vos conduits de fumée une fois par an, si possible à l’automne avant leur remise en route ».

Radon : l’ennemi du sous-sol

C’est quoi ? Le radon est un gaz radioactif naturel contenu dans le sous-sol granitique, très présent dans le Massif Central et dans l’arc alpin. S’il se dilue en extérieur, le radon passe du sous-sol aux habitats à l’étanchéité médiocre (bâti ancien notamment). Il peut alors s’accumuler dans des pièces de vie mal aérées.

Le danger : Le gaz est inodore, incolore et donc très difficile à détecter. Le risque principal est celui d’une exposition lente et prolongée. Qui peut contribuer après plusieurs années à la survenue du cancer du poumon.

Que faire ? Une mesure à l’aide d’un dosimètre, déposé à votre domicile pendant deux mois, peut vous permettre de savoir votre habitation est exposée.

Le conseil : « Consultez le site de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire pour connaître le potentiel d’exposition de votre commune. Après, l’aération de votre logement est le meilleur moyen d’éviter l’accumulation de radon ». 

Plomb : gare aux vieilles peintures

C’est quoi ? Le plomb était autrefois utilisé pour accélérer le séchage des peintures. Mais son usage est interdit en France depuis 1949. Une exposition importante est susceptible de provoquer une série de séquelles (retards de développement physique et mental, lésions nerveuses, etc.) communément regroupées sous le terme de saturnisme.

Le danger : il survient lorsque trois critères sont réunis : un logement ancien (avant 1949), des peintures écaillées et la fréquentation des locaux par de jeunes enfants. Les publics à risque sont en effet les tous petits, qui portent facilement leurs doigts exposés à la bouche, et les femmes enceintes (transmission au fœtus).

Que faire ? L’objectif est de rendre le plomb inaccessible et donc inoffensif. Préférez le recouvrement par un matériau de votre choix (papier peint, toile de verre…), selon l’usage de la pièce, à la simple application d’une peinture et évitez le décapage qui nécessite d’importante précautions pour ne pas s’exposer.

Le conseil : « en cas de suspicion, alertez l’ARS ou la mairie. Un diagnostic gratuit sera réalisé pour évaluer le risque et déterminer les mesures à prendre ».

Amiante : une menace latente

C’est quoi ? L’amiante est un matériau longtemps utilisé dans la construction pour sa forte résistance à la chaleur. Sa toxicité et son incidence sur la santé (cancers, fibroses…) en ont fait la deuxième cause de maladies professionnelles et ont conduit à son interdiction en 1997.

Le danger : L’amiante est dangereux surtout sous sa forme friable, lorsque le matériau est dégradé et libère des fibres invisibles. Il expose donc principalement les professionnels lors des chantiers de démolition ou rénovation. Mais l’amiante non friable ne présente pas de menace lorsque le matériau est en bon état.

Que faire ? Un repérage précis doit donc être réalisé systématiquement dans les bâtiments construits avant 1997. La vigilance est aussi de mise pour de simples travaux de bricolage.

Le conseil : « En cas de rénovation de votre logement, faites réaliser les travaux sur matériaux amiantés par des professionnels spécifiquement formés. »

À SAVOIR

L’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place un dispositif de conseillers chargés d’expertiser le logement des personnes souffrant de maladies chroniques respiratoires (asthme, allergies, bronchites, etc.) Sollicité sur prescription médicale, ce réseau de Conseillers en environnement intérieur (CEI) évalue la qualité environnementale de l’habitat concerné, pointe les éléments pouvant favoriser une aggravation de la pathologie et délivre les conseils susceptibles de faire baisser l’exposition aux substances polluantes.

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