Gastro-entérites, bronchiolites, angines… Après une longue accalmie, les maladies virales sont de retour chez les enfants et dans les salles d’attente des pédiatres. En cause : le retour des contacts à l’école et l’abandon de nombreux gestes barrières, tant chez les petits que les grands. Alors que les experts redoutent un hiver particulièrement difficile sur le front des virus pédiatriques, zoom sur ce retour épidémique et les bons gestes pour protéger les plus jeunes avec le professeur Yves Gillet, chef de services adjoint des urgences pédiatriques de l’hôpital Femme-mère-enfant à Lyon, invité de l’émission Votre Santé.
Les gestes barrières et la distanciation sociale n’ont pas uniquement permis de contrer la virulence de l’épidémie de la Covid-19. De nombreuses autres maladies virales, aux modes de transmissions similaires, ont également été endormies. Le retour à l’école, la réouverture des établissements et des activités extra-scolaires ont toutefois changé la donne. On assiste à une recrudescence des épidémies virales, en particulier chez les enfants dont le système immunitaire, encore prématuré, est mis à rude épreuve.
Quelles sont ces infections ? Comment s’en prémunir ? Le professeur Yves Gillet, chef de service adjoint aux urgences pédiatriques de l’Hôpital Femme Mère Enfant, à Lyon, a répondu aux questions d’Elodie Poyade et de Pascal Auclair, rédacteur en chef du groupe Ma Santé, dans l’émission Votre Santé de ce jeudi 5 octobre, sur BFM Lyon.
Retour à l’école : c’est aussi la rentrée des virus !
Comment expliquer la recrudescence des maladies virales chez les enfants ces dernières semaines ?
Il est possible qu’en raison des fermetures des établissements scolaires et des crèches les enfants puissent faire face à une dette immunitaire. Les enfants étant moins en contact avec les virus habituels, ils sont potentiellement plus à risque de les attraper une fois ensemble. À cette période de l’année, il est toutefois normal qu’il y ait une hausse de maladies virales, mais cette hausse est peut-être plus marquée cette année.
Quelles sont les infections actuelles les plus fréquentes chez les enfants ?
Les infections sont celles que l’on rencontre habituellement à cette période de l’année, telles que des rhino-pharyngites ou des bronchites. On commence toutefois à avoir des cas de bronchiolites, plus précocement que les années précédentes.
En général, quelles sont les maladies les plus contagieuses chez les enfants ?
Il existe des maladies extrêmement contagieuses pour lesquelles une prévention vaccinale est en place (rougeole, coqueluche, rubéole…). Dans les maladies courantes, on retrouve notamment la bronchiolite, les gastro-entérites, la grippe… Il faut savoir qu’un même virus peut se manifester de façon différente selon les enfants, avec des symptômes divers. Dans la plupart des cas, il s’agit de virus respiratoires qui se transmettent comme la Covid-19 : par le contact, la salive, les aérosols…
Maladies virales : “on s’attend à un hiver compliqué”
Pensez-vous qu’il y aura plus de cas cet hiver par rapport aux années précédentes ?
On s’attend à un hiver compliqué pour deux raisons. La première est le côté imprévisible de la situation. Les prévisions que nous faisons habituellement, notamment pour les cas de bronchiolites, sont les mêmes chaque année. Cette année en revanche, ces prévisions ne sont pas applicables en raison des nombreuses perturbations qui ont eu lieu.
La seconde raison est liée à la dette immunitaire des enfants, moins protégés qu’habituellement face à ces virus. On craint une épidémie inhabituelle et potentiellement de grande ampleur.
Pour éviter cette situation, les gestes barrières ne devraient-ils pas devenir obligatoires à l’école, quelle que soit l’évolution de la crise sanitaire ?
Il est difficile d’imposer ces mesures barrières mais elles pourraient en effet être efficaces. Le virus de la bronchiolite par exemple, se transmet de la même manière que celui de la Covid-19. L’application des mêmes gestes barrières, efficaces contre la Covid-19, devrait l’être pour ce virus. On pourrait ainsi conseiller de limiter les déplacements des tout-petits de moins de 3 mois. C’est-à-dire ne pas les emmener dans les centres commerciaux ou dans les transports en commun, par exemple. Se laver régulièrement les mains et porter un masque lorsque l’on est malade. Et enfin, respecter la distanciation sociale. Ces mesures pourraient en effet, diminuer le risque de bronchiolite chez les tout-petits, plus à risque de développer des formes graves.
Vaccination Covid-19 : “inutile chez les tout-petits”
Le vaccin contre la Covid-19 pourrait-il être efficace contre d’autres virus ?
La réponse est non. Le vaccin cible une unique protéine, S, spécifique au coronavirus. Cette protéine ne se trouve sur aucun autre virus. Il n’y donc aucune raison que le vaccin soit efficace sur d’autres virus comme la grippe ou la bronchiolite. La vaccination contre la Covid-19 ne protège donc contre aucun autre virus, contrairement au masque.
La vaccination contre la Covid-19 est actuellement autorisée à partir de 12 ans. Pensez-vous qu’elle pourrait être étendue aux plus petits ?
Les enfants de moins de 12 ans ne sont clairement pas la priorité face à la Covid-19. Il est beaucoup plus important et utile de se concentrer sur les adultes qui ne sont toujours pas vaccinés. Les tout-petits ne sont en effet que peu transmetteurs de ce virus. Il est donc inutile de chercher à les protéger.
Risque-t-on d’assister à l’arrivée de nouveaux virus, avec l’asepsie grandissante du monde actuel ?
Il y aura d’autres pandémies avec d’autres virus. On ne sait toutefois pas encore quand cela se produira ni s’il s’agira de coronavirus, de la grippe ou autre. Ce n’est toutefois pas lié avec l’asepsie du monde actuel. Cela est au contraire lié aux contacts, aux échanges, aux voyages… Ces virus ne seront toutefois pas forcément plus virulents.
À SAVOIR
Pour protéger les plus petits, il est recommandé : de limiter les contacts et les collectivités, de se laver régulièrement les mains et de limiter les contacts avec les enfants un peu plus grands en leur demandant éventuellement de porter un masque.