La sclérose en plaques n'est pas toujours synonyme de fauteuil roulant
La sclérose en plaques conduit parfois le malade à se déplacer en fauteuil roulant ©DR

Maladie très invalidante mais encore méconnue, la sclérose en plaques est aujourd’hui la première cause de handicap non traumatique chez l’adulte jeune. Qu’est-ce que la sclérose en plaques ? Quels sont les symptômes ? Peut-on avoir un enfant ? Les réponses du docteur Olivier Casez, médecin responsable de l’hôpital de jour de Neurologie du CHU de Grenoble.

La sclérose en plaques a pour origine un dérèglement du système immunitaire

Qu’est-ce que la sclérose en plaques ?

Il s’agit d’une maladie qui touche le système nerveux central, en l’occurrence le cerveau et la moelle épinière. Cette maladie a pour origine un dérèglement du système immunitaire ; on parle de maladie auto-immune. En clair, le système de défense censé protéger l’organisme des agressions extérieures se retourne contre ses propres tissus, ici le système nerveux, induisant des perturbations motrices, sensitives et cognitives.

Concrètement, comment se traduit la sclérose en plaques ?

Les symptômes surviennent sous la forme de « poussées inflammatoires » : ils apparaissent et s’intensifient sur des périodes allant généralement de trois à dix jours. Cela peut prendre la forme de troubles de la sensibilité, des picotements, des sensations de brûlures, des problèmes d’équilibre, de motricité avec une faiblesse voire une paralysie de certains membres. La maladie peut aussi se manifester par une diminution de la vision d’un œil qui va souvent être accompagnée de douleurs à la mobilisation des yeux. Une fois installés, ces symptômes durent quelques semaines et se mettent à diminuer pour disparaître plus ou moins complètement. Il existe d’autres symptômes plus sournois : une fatigue générale, des problèmes d’attention, de concentration. On parlera de forme rémittente de la maladie. Plus rarement, la maladie se manifeste différemment, plus lentement. En effet, 10 à 15% des patients ne constatent pas ces « poussées » inflammatoires mais plutôt une installation insidieuse, progressive de la maladie, une moindre endurance à la marche, un moins bon contrôle des jambes qui va s’aggraver avec le temps. On parlera ici de forme progressive de la maladie.

Connaître les symptômes de la sclérose en plaques

A quel âge assiste-t-on généralement aux premiers symptômes de la sclérose en plaques ?

Cette maladie touche en priorité des sujets jeunes, entre 20 et 40 ans. Cette tranche d’âge représente 80% des patients lors des premiers symptômes. On peut aussi observer un début très précoce de la maladie chez des adolescents. 10% des patients ont entre 40 et 60 ans. En revanche, la sclérose en plaques se déclare très rarement après 60 ans.

Les femmes sont-elles plus touchées que les hommes par la sclérose en plaques ?

Oui, très clairement. Les femmes sont deux à trois fois plus touchées par la maladie que les hommes. Cette asymétrie de l’évolution de la sclérose en plaques s’est accélérée au cours des dernières décennies.

Comment explique-t-on cette extrême « féminisation » de la maladie ?

Le principal responsable de l’accentuation de la proportion des femmes dans cette maladie, serait l’augmentation du tabagisme féminin qui participerait et aggraverait cette irritation du système immunitaire. Bref, les hommes ne sont pas à l’abri mais ils sont deux fois moins touchés que les femmes.

La sclérose est-elle une maladie génétique ?

Il existe des formes qualifiées de familiale de la maladie. En effet, environ 10% des patients vont avoir un membre de leur famille ayant déjà développé la sclérose en plaques. Cela dit, on ne peut pas parler de maladie génétique. Il y a plus de 100 gènes qui sont impliqués et qui peuvent soit limiter soit en accentuer le risque de développer la maladie. Mais les gènes ne font pas tout. Ils ne sont responsables que d’un terrain qui peut prédisposer à développer la maladie. Ainsi, dans le cas de vrais jumeaux (qui ont exactement le même patrimoine génétique), si un des jumeaux est porteur d’une sclérose en plaques, le risque de voir la maladie chez l’autre frère s’élève à 20 à 25%. Il y a donc nécessairement des facteurs externes qui viennent déclencher cette pathologie.

Sclérose en plaques et maternité

La sclérose en plaques est-elle une maladie transmissible ?

La maladie n’est pas héréditaire, nous venons de le voir mais, effectivement, un patient qui est atteint de sclérose en plaques aura un risque un peu plus élevé d’avoir un enfant touché par la maladie par rapport à la population générale. Mais ce risque est très limité, de l’ordre de 1 à 1,5%.

On peut donc envisager d’avoir des enfants malgré la maladie ?

Bien sûr ! Jusqu’au début des années 90, certains médecins déconseillaient fortement aux femmes touchées par la sclérose en plaques d’avoir des enfants, tout comme on leur déconseillait de faire du sport ,voire de travailler, autant d’activités soupçonnées d’aggraver la maladie. C’était une erreur. On peut donc envisager d’avoir des enfants !
Pendant la grossesse, la femme bénéficie d’une sorte période de tolérance immunitaire. Les hormones féminines pourraient jouer un rôle en mettant en sommeil la maladie par leur effet sur le système immunitaire. Dans les trois mois suivant l’accouchement, un rebond de la maladie est souvent observé, contrastant avec les 9 mois précédents restés souvent calmes. Après la naissance, la maladie ne fait que reprendre l’évolution qu’elle avait avant. Bref, je conseille presque au contraire d’avoir des enfants. Certains praticiens conseillent également d’allaiter l’enfant pour prolonger le climat hormonal protecteur de la grossesse. Ce qui est sûr, c’est que la maladie en elle même ne doit pas être un frein à un projet de grossesse.

A SAVOIR

La sclérose en plaques touche 2,5 millions de personnes dans le monde et environ100 000 en France. Les trois quarts des malades sont des femmes. En moyenne, 5 000 nouveaux cas de sclérose en plaques sont détectés chaque année en France, soit 14 nouvelles personnes diagnostiquées chaque jour.

Article précédentHôpitaux: les futurs médecins privilégient Nantes et les HCL (Lyon)
Article suivantLyon: des bons d’achat pour convaincre les futures mamans d’arrêter de fumer !
Avatar photo
Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici