Fièvre, fatigue, courbatures, maux de tête… Un vacciné sur dix souffre d’effets secondaires des vaccins Pfizer et Moderna, en particulier à l’injection de la seconde dose. Comment l’expliquer ? Ces réactions sont-elles normales ? Faut-il espacer les doses de vaccin pour les éviter ? Eléments de réponses avec le Dr Morgane Bomsel, immunologiste au CNRS à Lyon et spécialiste dans la réponse immunitaire contre la Covid-19.
Comme partout en France, trois Auverhonalpins sur cinq ont reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid-19. Soit la majorité de la population. Mais un sur deux seulement s’est vu injecter sa seconde dose des vaccins Pfizer ou Moderna. Une étape difficile pour certains, du fait d’effets secondaires plus ou moins virulents.
À l’exception de quelques rares cas plus sévères, la majorité de ces effets secondaires s’assimilent à des symptômes grippaux, globalement bénins. Fatigue, fièvre, maux de tête, céphalées, douleurs musculaires et articulaires ou encore frissons… Ces troubles sont enregistrés dans le rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament comme très fréquents. Ils toucheraient ainsi plus d’une personne sur dix. Mais pourquoi ces réactions sont-elles plus fréquentes après l’injection de la deuxième dose de vaccin ? Les explications du Dr Morgane Bomsel, immunologiste et chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à Lyon.
Pourquoi y a t-il plus d’effets secondaires à l’injection de la seconde dose ?
La première dose de vaccin sert à indiquer au système immunitaire la marche à suivre pour se protéger du virus. Il s’agit du démarrage de la réponse immunitaire. La seconde dose permet de stimuler cette réponse. De faire travailler les anticorps. Avoir des effets secondaires est donc un signe que les anticorps fonctionnent bien. Ce n’est pas une réaction rare. C’est le cas pour tous les vaccins. Attention toutefois, avoir pas ou peu d’effets secondaires ne veut pas dire que le vaccin ne marche pas !
Délai entre deux doses : quel impact sur les effets secondaires ?
Comment expliquer que certaines personnes, notamment les jeunes, ont d’importants effets secondaires et d’autres aucun ?
Cela dépend de l’état physique de chacun, de son état de santé générale et de la constitution de ses cellules immunitaires. Les personnes jeunes par exemple, réagissent plus car leur système immunitaire est sans doute plus robuste. Les réponses immunitaires sont différentes par rapport à l’âge mais pas toujours ! J’ai vu des personnes de la même tranche d’âge et en bonne santé qui développaient des effets complètement différents. Allant parfois du simple au double voire même dix fois plus élevés. Mais il faut bien noter qu’il n’y a aucune corrélation entre l’efficacité du vaccin et la présence ou non d’effets secondaires.
Le délai minimum entre les deux doses est de 21 jours : faudrait-il espacer encore plus les deux doses pour atténuer les effets secondaires ?
Au contraire. Si la deuxième dose est injectée trop tôt, il y aurait sans doute moins d’effets secondaires, mais parce que la réponse immunitaire ne serait peut-être pas assez développée. Il faut la laisser se développer mais la stimuler pour plus d’efficacité. Rappelons que ces délais ont été validés par les études des laboratoires fabricants. Le délai recommandé devrait donc être étudié pour une réponse immunitaire optimale.
Infection à la Covid-19 : la cause des effets secondaires du vaccin ?
Certains malades de la Covid-19 sont asymptômatiques et ont contracté le virus sans le savoir. L’injection d’une deuxième dose de vaccin constitue donc une troisième stimuli du système immunitaire. Cela a t-il un rapport avec la virulence des effets secondaires ?
C’est possible. Cela pourrait avoir un lien. La question se pose par exemple pour les jeunes médecins ou étudiants en médecine qui avaient au départ été vaccinés avec l’AstraZeneca. Certains ont développé des effets secondaires forts, même dès la première dose. Ils avaient peut-être déjà été infectés auparavant par la Covid-19, sans s’en rendre compte. Cela pourrait être étudié et mesuré en fonction de ceux qui ont déjà été infectés, par exemple. Mais la priorité face à la situation actuelle n’est pas là. Il y a déjà eu beaucoup de principes de précaution avec les recommandations pour les vaccins selon les âges par rapport aux éventuels risques. Même si les réactions sont différentes à l’échelle individuelle.
Vaccin et infection au SARS-CoV-2, quelle différence dans la réponse immunitaire ?
La nature de la réponse immunitaire est différente. Lors d’une infection, le corps développe une réaction contre tous les composants du virus de la Covid-19. Le vaccin est différent. Il propose une protection de la protéine, en surface. Malgré tout, le vaccin peut être utile pour les personnes qui ont déjà été infectées mais pas forcément nécessaire. Cela dépend des individus et de leur réponse immunitaire. Pour certains, celle-ci peut être trop diminuée pour assurer une protection contre le virus. Pour d’autres, cela n’est peut-être pas nécessaire.
Ne faudrait-il pas réaliser un test sérologique avant, pour savoir si on a déjà été infecté pour adapter le nombre de doses ?
Idéalement oui. Mais en pratique, c’est très compliqué. Il semble difficile de tester tout le monde avant de les vacciner, l’objectif étant de vacciner le maximum de personnes en peu de temps. Avant de faire une troisième dose en revanche, il faudrait faire le test à titre individuel pour déterminer si c’est réellement nécessaire.
À savoir
Les vaccinations s’intensifient en Auvergne-Rhône-Alpes depuis la mise en place du pass sanitaire. Au 22 juillet, près de 4 679 000 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19. Plus de 3 900 000 sont complètement vaccinées, avec le nombre total de doses recommandées.
Très pertinent les réponses aux questions au sujet du vaccin et effets secondaires, cependant on ne parle pas des effets sévères du vaccin et comment faire dans ces cas ?