Bien dormir lorsque l'on vieillit est avant tout une question de comportement.
Ce sont les bons dormeurs, et non les grands dormeurs, qui améliorent leur espérance de vie. ©Shutterstock

Nuits agitées, siestes intempestives, troubles nocturnes… Si bien dormir peut aider à devenir centenaire, le sommeil des séniors fait son lit sur une nuée d’idées reçues. Le Dr Bertrand de la Gisclais, médecin du sommeil à Annecy, démêle le vrai du faux.

Le sommeil s’altère-t-il avec l’âge ?

Sur le plan quantitatif, non ! Avec l’âge, le temps de sommeil dont nous avons besoin diminue. L’altération de la quantité du sommeil relève donc d’une simple évolution physiologique. À partir de 20 ans, on perd un quart d’heure à une demi-heure de sommeil par décennie. S’il y a toujours des exceptions, 80% des gens obéissent à cette loi physiologique.

Comment s’accommoder de cette évolution de l’horloge biologique ?

Le sujet âgé a moins besoin de dormir, mais a paradoxalement plus de temps à lui. Une fois à la retraite, il est donc indispensable de bien remplir ses soirées et d’éviter les grasses matinées. Il faut se coucher le plus tard possible et s’organiser pour être occupé dès le matin. Sans quoi on prend le risque de se réveiller en milieu de nuit et de ne plus arriver à se rendormir. J’ai eu l’occasion de le vérifier en EHPAD, où l’on couche les résidents beaucoup trop tôt. S’ils commençaient leur nuit vers 23 heures au lieu de 20 heures, le personnel serait bien moins sollicité en pleine nuit !

La sieste, ennemi du repos nocturne

Un sujet âgé ne se fatigue-t-il pas plus vite ?

Si, mais il ne faut pas confondre fatigue et besoin de sommeil. Le sénior a-t-il réellement besoin de faire une sieste ? Il prend le risque de grignoter son temps de sommeil et de moins bien dormir la nuit. Il s’agit avant tout d’une question de comportement. C’est un pli à prendre dès le début, car il est très difficile pour une personne âgée de changer ses habitudes. Et les somnifères ne sont pas le bon remède : la question à se poser est ‘’que doit-on faire pour bien dormir’’, surtout pas ‘’que doit-on prendre pour bien dormir’’ !

Le vieillissement a-t-il des effets directs sur le sommeil ?

Certains facteurs jouent un rôle : la baisse de forme influe sur la sensation de fatigue, l’inactivité favorise la somnolence, et donc la sieste… Dans la journée, le manque d’activités physiques et sociales, ou encore la vue et l’ouïe qui baissent, sont autant de stimulants en moins. C’est une évidence : plus on est actif, mieux on dort.

La recrudescence de maladies a-t-elle un impact sur le sommeil ?

Toute maladie, notamment lorsqu’elle génère des douleurs, a un impact sur la qualité du repos. C’est vrai à tous les âges, mais les séniors sont plus emprunts à développer des pathologies. Leur sommeil peut donc en être plus facilement déstabilisé.

À l’inverse, le manque de sommeil favorise-t-il les maladies ?

Le manque de sommeil chronique conduit à de la comorbidité, autrement dit à d’autres maladies liées à la première. En clair, la fatigue va favoriser l’apparition de pathologies et donc avoir des répercussions sur notre espérance de vie.

Gare à l’apnée du sommeil

Existe-il des troubles du sommeil propres aux séniors ?

Oui, l’apnée du sommeil, principalement. Le ronflement augmente avec l’âge, notamment chez la femme après la ménopause. Les séniors sont donc plus sujets aux apnées nocturnes. Ces pauses respiratoires, en le fragmentant, altèrent la qualité du sommeil. Outre la fatigue, les apnées peuvent avoir des répercussions sur la santé, principalement cardiovasculaires (troubles cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, hypertension…)

La mélatonine est-elle un vrai remède au mauvais sommeil des séniors ?

On constater une baisse de la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil naturellement créé par l’organisme, chez les sujets âgés. Cela ne signifie pas pour autant que tous les séniors soient concernés. En tout cas, les études révèlent une efficacité de la mélatonine en médicament pour réduire l’insomnie chez le sujet âgé, soit directement en compensant la perte de sécrétion, soit ç travers un simple effet placebo. Le résultat reste aléatoire : la mélatonine, dont les dosages sont compliqués et coûteux, peut aussi n’avoir aucune utilité…

Faut-il bien dormir pour devenir centenaire ?

Bien dormir, oui, et non beaucoup dormir. L’idéal est d’avoir un minimum vital de sommeil tout au long de sa vie. Il est faux de dire que les grands dormeurs ont une bonne espérance de vie. Il s’agit d’abord d’une question de respect de son quota : il faut avant tout dormir selon ses besoins.

Retrouvez la liste de tous les médecins du sommeil de votre région sur www.conseil-national.medecin.fr

À SAVOIR

Les conseils pour bien dormir après 65 ans :
– Ne passez pas plus de temps que nécessaire au lit
– Ne confondez pas fatigue et besoin de sommeil
– Continuez à faire du sport et de l’activité physique
– Exposez-vous à la lumière naturelle
– Veillez à une alimentation saine : pas d’excitants (alcool, café, thé…), repas léger le soir…
– Ne regardez pas d’écran le soir
– Évitez les somnifères et l’automédication (certains médicaments favorisent les troubles du sommeil)

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Ma Santé

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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