L'absence d'orgasme n'est pas une fatalité.
Une femme sur dix serait concernée par l'absence d'orgasme, soit depuis toujours, soit de manière soudaine. ©Shutterstock

Après les troubles du désir, l’anorgasmie est le deuxième motif de consultation d’un sexologue. Mais ce trouble très fréquent chez les femmes n’est problématique que lorsqu’il est mal vécu. Si c’est le cas ? On vous montre le chemin à emprunter pour (re)trouver la jouissance.

« L’anorgasmie, c’est l’absence d’orgasme au cours de l’acte sexuel », explique le Dr Corinne Robert, médecin généraliste et sexologue à Grenoble. De 5 à 10% des femmes seraient concernées. Elle est dite primaire quand les femmes n’ont jamais connu l’orgasme depuis le début de leur vie sexuelle, secondaire quand elles en ont eu, avant que cela ne s’arrête. L’anorgasmie est ”situationnelle” quand, par exemple, la femme va jouir avec un homme, mais pas un autre, ou qu’elle ne parvient pas à l’orgasme dans une situation particulière (après un deuil, par exemple). Elle est ”généralisée” quand l’orgasme n’est jamais là, quel que soit le contexte.

« On considère qu’il faut plus de 6 mois sans orgasme pour pouvoir poser le diagnostic », précise le Dr Corinne Robert. « Attention, si on a un orgasme uniquement clitoridien, on ne peut pas parler d’anorgasmie. Et il est important de préciser que 70% des femmes n’ont pas d’orgasme par la pénétration seule. » Rien d’étonnant à cela. Contrairement au vagin, qui n’est pas très innervé, « le clitoris compte 8000 terminaisons nerveuses, et n’a qu’une seule fonction : le plaisir. »

Orgasme : les mille et un obstacles au plaisir

« L’anorgasmie est souvent multifactorielle. Il y a les facteurs qui dépendant du partenaire, comme une dysfonction érectile. Cela peut aussi venir de conflits dans le couple. » Les causes organiques (kystes de l’ovaire, infections urinaires…) sont assez rares, mais possibles.

Une difficulté à atteindre la jouissance peut aussi venir « d’une fatigue persistante, de modifications hormonales pendant la grossesse, de certains médicaments comme les antidépresseurs, de douleurs pendant les rapports, de la peur d’une grossesse ou d’une infection sexuellement transmissible, de causes psychologiques (anxiété, dépression, burn out…), de troubles de l’image corporelle… » Cela peut aussi être le résultat d’un blocage lié à une éducation trop stricte. Et bien sûr, il peut être compliqué d’entretenir la flamme dans un ”vieux” couple.

Pas d’orgasme ? Ne surtout pas culpabiliser

« Il y a aujourd’hui beaucoup de culpabilisation des femmes qui n’atteignent pas ce plaisir intense », déplore le Dr Robert. Dans de nombreux magazines, l’orgasme est devenu le Graal à atteindre. « C’est une nouvelle injonction, cela crée presque une nouvelle contrainte. »

Or, absence d’orgasme n’est pas toujours synonyme d’absence de plaisir. Quand il n’y a pas de frustration, il n’y a pas de problème. Par ailleurs, « la probabilité d’atteindre l’orgasme augmente avec l’âge et l’expérience », rassure le Dr Robert. « La sexualité, ce n’est pas inné ! » Mais quand cela devient une source de souffrance, entraîne de la frustration, et une baisse de confiance en soi, il ne faut alors pas hésiter à consulter son médecin généraliste, pour identifier l’origine du problème. Un sexologue peut aussi aider à trouver des solutions, si le problème est d’origine psychologique.

Jouir, cela s’apprend !

Il n’y a malheureusement pas de baguette magique qui permettrait d’atteindre l’orgasme sur commande. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de solutions. Bien au contraire !

« Il faut déjà prévenir les femmes que l’orgasme, cela s’apprend ! » Il faut commencer par connaître son corps, savoir ce que l’on aime, grâce à la masturbation. « Apprendre à contracter son périnée pour le muscler permet aussi de renforcer les sensations. Tout ne vient pas du partenaire. » Pour avoir du plaisir à deux, il faut déjà en avoir seule.

« En cas de sécheresse vaginale, il faut la contrer avec des lubrifiants. » Parfois, le mode de contraception peut bloquer l’accès à la jouissance. N’hésitez pas à en parler avec votre gynécologue, pour évoquer des alternatives.

« Il y a aussi, souvent, un travail à faire pour apprendre à lâcher prise, à s’abandonner. Car c’est un fait, plus on a peur de ne pas y arriver, moins on y arrive. » Autrement dit, il ne faut pas faire de cet objectif une obsession. Il faut vivre pleinement le moment, être dans l’ici et maintenant, et pas spectatrice de ses propres ébats, pour arriver à lâcher prise. L’hypnose ou la sophrologie sont d’excellents outils pour atteindre cet objectif.

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À SAVOIR

C’est plus rare, mais ce trouble existe aussi chez ces messieurs. L’éjaculation peut ainsi se produire sans orgasme. Les causes sont là encore très nombreuses : la prise de certains médicaments, une maladie neurologique, une difficulté à lâcher prise, une éducation trop rigide… Consulter un urologue andrologue ou un sexologue est alors important pour retrouver le chemin du plaisir…

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