L'idéal ? En parler de manière spontanée et non intrusive ! ©Pixabay

En matière de sexualité, parler de la “première fois” à ses enfants est source d’interrogations, voire d’anxiété, pour les parents. Quel est le bon moment ? Quels mots employer ? Comment m’assurer qu’il se protégera bien le jour J ? La sexologue et conseillère conjugale lyonnaise Jeanne-Marie Vidon répond à vos questions.

Faut-il laisser son enfant parler en premier de sexualité, ou au contraire prendre les devants et aborder soi-même le sujet ?

C’est difficile car les parents sont parfois impatients d’en parler, de peur de ne pas en discuter assez tôt avec leur enfant. Mais il faut faire attention à ne pas être trop intrusif en abordant le sujet, car l’enfant n’est pas toujours prêt à en parler. Certains adolescents ne sont pas du tout matures et pubères, et n’en sont même pas au stade du premier baiser. A l’inverse, certains garçons ont déjà de la moustache, et certaines filles sont formées et attirent le regard des garçons. Il se passe des choses dans leur corps. Le plus important est avant tout d’observer ses enfants pour essayer de comprendre où ils en sont dans leur sexualité.

Vers quel âge les interrogations arrivent-elles en général chez les ados ?

On sait que les jeunes sont de plus en plus confrontés aux images pornographiques, mais entre voir des images et être capable d’en parler, il y a une différence. On ne peut pas vraiment parler d’âge, il n’y a pas de généralité.  Comme évoqué ci-dessus, cela dépend de la vitesse à laquelle le corps change, en général c’est dans la période du collège (autour de la 4ème), quand la puberté débute.

Est-ce que selon que l’on a une fille ou un garçon, que l’on est un père ou une mère, le discours sera différent ?

Oui sûrement, mais c’est avant tout la qualité du lien entre le parent et l’enfant qui compte. Globalement, un père parlera plus facilement avec son fils, mais certains papas sont aussi très proches de leurs filles, notamment avec l’explosion des gardes partagées.

N’oubliez jamais que la sexualité demeure un sujet léger !

Est-ce qu’il est préférable d’en parler seul à seul ou que les deux parents soient là ?

Non, il n’est pas nécessaire de convoquer un conseil de famille ! C’est un sujet important, mais pas gravissime, attention à ne pas rendre cette première fois inquiétante. Il faut faire comprendre à son enfant qu’il doit être responsable de ce qu’il vit, de comment il le vit et avec qui il le vit. Il faut en parler avec spontanéité, autour d’une émission éventuellement ou pendant un moment privilégié avec l’enfant.

Si l’on ne se sent pas à l’aise en tant que parent pour parler de sexualité, mais que l’enfant est demandeur, comment faire pour s’ouvrir malgré tout à cette discussion ?

C’est une grande chance et une preuve qu’il existe une belle relation si l’enfant vient spontanément solliciter ses parents. Il faut alors le laisser poser ses questions et l’écouter au maximum. Si le parent n’est pas à l’aise, il faut d’abord qu’il commence par remercier l’enfant de sa confiance. Il peut alors lui proposer de rencontrer un gynéco ou d’aller dans un centre de planification s’il ne se sent pas à l’aise pour répondre à toutes ses questions.

Ne soyez pas intrusif

Certains parents glissent directement un sachet de capotes à leur enfant dans leur valise s’il part par exemple en colonie de vacances. Est-ce maladroit ou au contraire efficace ?

C’est maladroit et cela peut être brutal et intrusif. Mieux vaut en parler avec son enfant et lui indiquer où il peut s’en procurer. Mais le parent n’a pas à décider du moment où son enfant va avoir une sexualité.

Si l’on a une fille, faut-il lui proposer un rendez-vous chez le(la) gynécologue en vue de la prise éventuelle de la pilule ? Faut-il pour cela attendre qu’elle ait un copain « régulier » ? 

Avant de prendre rendez-vous, il faut avoir discuté de sexualité. La maman explique à quoi sert le gynécologue, ce que sa fille peut trouver dans cette première consultation. Avant de parler de pilule, il y a aussi l’appréhension de la première fois, de la douleur, de la grossesse, des maladies. Le mieux est que la mère donne les coordonnées d’un gynécologue, et que la fille décide de son premier rendez-vous. Elle peut ensuite y aller seule ou avec sa maman.

Parlez d’abord de la relation amoureuse

Quel type de langage adopter pour parler de sexualité à ses enfants ?

Je conseille d’avoir le langage le plus simple possible, de ne pas mettre de termes trop forts. Un enfant de 13, 14 ans n’a pas la même sexualité qu’un jeune de 25 ans.  Avant même de parler de la sexualité et de ses dangers, il faut déjà parler de relation amoureuse. Parler du respect, du bonheur d’être amoureux, de toutes les émotions. Ensuite, le parent pourra parler des baisers, des caresses, de la première fois, et enfin de l’importance de bien se protéger.

Quels conseils peut-on donner à ses enfants pour qu’ils vivent une sexualité épanouie et protégée ?

Encore faut-il que les parents aient eux-mêmes une sexualité épanouie ! Pour une partie de la population, il est difficile d’en parler. Il faut leur dire que la tendresse, la spontanéité, la sensualité, l’amour et la confiance sont les piliers de cette sexualité. Qu’il est important que leur enfant puisse exprimer ce qu’il ressent à son partenaire, ce dont il a envie et ce qu’il n’aime pas.  Qu’il a le droit de dire non si c’est trop tôt. Que la sexualité ne se résume pas à la pénétration, que c’est une belle découverte de soi, de l’autre accompagnée d’une plénitude de sensations corporelles.  Les parents peuvent évoquer avec eux la responsabilité de ce moment, et que pour bien vivre cette première fois et les autres également, il est important de ne pas oublier la notion du respect de soi et de l’autre.
Et bien évidemment, la sexualité est un temps de plaisir, mais c’est aussi un temps important qui peut avoir des conséquences, et des conséquences plus ou moins graves. Les parents doivent toujours rappeler la nécessité de l’utilisation du préservatif tant pour éviter les maladies sexuellement transmissibles que les grossesses non désirées.  Et de fait, plus les jeunes seront préparés à vivre ce moment, plus ils pourront le vivre sereinement.

A SAVOIR

En matière de sexualité, les principales sources d’information pour les adolescents sont les partenaires (27%) et le amis (26%). Les parents ne viennent qu’en quatrième position (13%) derrière l’école (21%). Les temps changent mais le dialogue parents-enfants demeure complexe, surtout lorsqu’ils s’agit de parler de sexualité…

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Journaliste indépendante depuis 2013, Paulina Jonquières d'Oriola s'est longtemps spécialisée dans la rédaction d'articles santé : psycho, sexualité, santé animale... Une fine plume au service de l'info santé !

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