évolution de la sexualité en confinement
Sexe et confinement font-ils vraiment bon ménage ? ©Yanalya / Freepik

Le confinement joue-t-il un rôle sur la sexualité ? Certains indicateurs témoignent en tout cas de grands bouleversements dans l’intimité des couples, mis à l’épreuve par l’épidémie de Covid-19. Entre hausse flagrante de la vente de sex-toys et… baisse de l’activité sexuelle, ou encore gestion de la libido dans un contexte stressant et intérêts de la pratique masturbatoire, décryptage d’une situation hors norme avec Sophie Ramirez, sexologue et sexothérapeute à Valence.

Depuis le 28 octobre dernier, la sexualité des Français est à nouveau rythmée par le confinement et le contexte épidémique. Une période hors norme, durant laquelle le désir s’exprime différemment. Usage des sex-toys, complicité du couple, évolution de la libido… Coup de projecteur sur une sexualité en pleine ébullition, avec le concours de Sophie Ramirez, sexothérapeute et thérapeute de couple à Valence.

Produits érotiques : les adultes jouent aussi pendant le confinement

Au téléphone, on nous le glisse discrètement : « Clairement, les ventes de sex-toys ont explosé. Nous avons une hausse d’activité beaucoup plus importante depuis le reconfinement ! » Cette boutique érotique située dans le centre de Lyon souhaite néanmoins rester discrète pour le respect de ses clients. L’illustration d’une sexualité revigorée pendant le confinement ? 

Pour Sophie Ramirez, sexothérapeute et thérapeute de couple dans la Drôme, le sex-toy et la sexualité plus généralement restent encore des « sujets plus que tabou en France ». Mais au fil des années, les pratiques se démocratisent. Effectivement, la hausse significative de ce marché de l’érotisme semble s’inscrire dans la continuité de ces dernières années. Un sondage Ifop révélait en 2017 qu’un quart des Français a recours à un accessoire sexuel. Le confinement n’est donc pas un accélérateur de ces usages sexuels mais s’inscrit plutôt dans une continuité des années précédentes.

En revanche, l’augmentation du chiffre d’affaires des boutiques érotiques peut s’expliquer par le fait que les Français ont plus de temps libre et, par extension, plus de temps pour explorer leur sexualité notamment grâce à tout l’arsenal érotique. Toutefois, le jouet sexuel reste un moyen de se faire plaisir, confiné(e) ou non.

Ainsi, l’augmentation du chiffre d’affaires des boutiques érotiques lors du confinement s’expliquerait plus par un gain de temps libre plutôt qu’une envie soudaine d’essayer de nouveaux horizons.

“Le sex-toy doit rester un détail dans la diversité de notre sexualité”

« Le jouet érotique peut être une excellente manière de mieux se connaître. Dans le cas où la sexualité est riche de base, le sex-toy peut rajouter du fun » complète Sophie Ramirez. « Mais il faut faire attention à ne pas en devenir dépendant. Cela doit rester un détail dans la diversité de notre sexualité ! ». En effet, le jouet sexuel reste un objet et ne doit pas prendre une place trop importante. Si l’appareil devient une condition obligatoire au plaisir de son utilisateur, cela peut risquer de compliquer les relations sexuelles avec un partenaire où le jouet serait absent, voire de se substituer à une compétence sexuelle.

Le confinement, potentiel révélateur de notre sexualité

Que ce soit en couple ou en solitaire, le confinement joue sur le moral. Une étude IFOP révélait en mai dernier que les Français connaissaient une baisse d’activité sexuelle lors du premier confinement. Alors, pourquoi les boutiques érotiques connaissent un regain d’activité alors même que la sexualité semble au plus mal ? Chaque situation est unique, répond Sophie Ramirez. 

« Cela dépend de comment nous construisons notre sexualité et le rapport à celle-ci. C’est ce qui fait la différence entre chaque individu et chaque couple. Comment concevions-nous la sexualité avant le confinement ? Comme un devoir conjugal ? Ou bien une activité complice ? Ou encore comme du romantisme ? » Tout semble donc se jouer sur la représentation que nous avons du sexe. « Le confinement peut exacerber tout ce que nous avons bâti auparavant » affirme Sophie Ramirez. 

Lorsque le confinement se vit comme une épreuve difficile au niveau de l’intimité du couple, c’est que celle-ci était déjà peut-être compliquée auparavant. La triste preuve en est la hausse de 15% des signalements en ligne de violences conjugales depuis le reconfinement, selon Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté. Autre illustration, l’augmentation du nombre de divorce, sitôt l’automne venu. Mais au contraire, si la relation intime entre deux partenaires était déjà au beau fixe avant le confinement, le contexte pourrait se révéler être une véritable opportunité pour continuer à “sexplorer“.

Mieux comprendre la libido ou « appétit sexuel » 

Dans la construction de la complicité au niveau intime, se trouve la libido. C’est bien connu, celle-ci peut se révéler capricieuse. Parfois mal comprise, elle correspond tout simplement au désir sexuel. « On peut comparer la libido à l’appétit” décrit la sexothérapeute. “Telle une énergie, une appétence sexuelle, elle est fluctuante et plus ou moins fragile – ou au contraire bien ancré. Elle se respecte, s’entretient et se chouchoute !” 

Chaque personne a sa propre libido et les envies ne sont pas les mêmes selon chacun. Premier critère d’influence : le facteur hormonal. « La conception que l’on a de la sexualité peut différer d’un genre à l’autre, que l’on soit un homme ou une femme » précise Sophie Ramirez. « Mais on retrouve aussi un autre critère, celui de la construction psychologique, où là encore, nous n’allons pas construire le désir et l’appétit de la même manière selon nos vécus et notre éducation. » 

La libido peut aussi être impacté par plusieurs facteurs identifiables. Le stress et l’anxiété ne seront pas favorables. Tout comme une mauvaise hygiène de vie peut jouer fortement sur la libido ainsi que les maladies comme la dépression ou le cancer par exemple.

Comment éviter que la différence de libido devienne une source de conflits lors d’un confinement à deux ? Les solutions sont le dialogue et la compréhension. « Si l’un des amoureux est à trois sur l’échelle du désir et que l’autre est à huit, on ne va pas demander ni à l’un ni à l’autre de baisser ou de monter son désir ! » Un juste milieu pourrait alors être trouvé. Notamment sur un terrain plus proche, comme la sensualité ou l’érotisme qui permettrait de renforcer la complicité du couple d’amants.

En couple, c’est l’heure de la (re)découverte ? Cinq conseils pour allier sexualité et confinement

Pour maintenir (ou relancer) le désir, le confinement est une période rêvée pour cela. « Une opportunité pour cultiver ce qui nous est cher » affirme Sophie Ramirez qui délivre cinq conseils pour Ma Santé. 

Cinq conseils pour maintenir (ou relancer) la sexualité durant le confinement.
Cinq conseils pour maintenir (ou relancer) la sexualité durant le confinement. © Benjamin Noël – Canva

La masturbation aide-t-elle à mieux vivre le confinement ?

Les grands perdants du mariage confinement-sexualité seraient-ils les célibataires ? L’absence de relations sexuelles peut être une vraie source de souffrance pour les célibataires. « De manière générale, le confinement a un impact de santé mentale, notamment en terme d’’angoisse. Encore une fois, nous ne sommes pas tous égaux face à cela » rajoute Sophie Ramirez. Impossibilité de faire de nouvelles rencontres, interdiction de se déplacer pour retrouver son/sa partenaire, crainte d’un contact physique dû au virus, … Les célibataires semblent bien seuls dans ce contexte sanitaire.

Une idée reçue restait celle d’une augmentation extrême de la consommation des sites pour adultes pendant les deux confinements. Force est de constater que les chiffres viennent contredire cette pensée. Le mois de novembre n’a « pas connu de changement particulier concernant le comportement des consommateurs en terme de trafic sur nos sites » confirme le service presse de PornHub France, leader mondial de la pornographie en ligne. La masturbation n’a d’ailleurs pas obligatoirement besoin du recours aux images. L’imagination peut suffire. « Dans notre sexualité personnel en dehors de tout contexte religieux, social ou culturel, on peut trouver la masturbation et l’imaginaire érotique. En “sexplorant”, on pose les bases d’une sexualité plus riche lorsque l’on décidera de la partager avec des partenaires” décrit Sophie Ramirez.

Les avantages de la masturbation

La masturbation peut permettre de relâcher la tension et la frustration sexuelle. Elle peut ainsi participer à mieux vivre le confinement si celui-ci est source de stress. Cette pratique libère les « hormones du bonheur », notamment celle de la dopamine ou de l’ocytocine. Elles favorisent le relaxation musculaire et permettent au corps de se détendre. Se faire plaisir a l’avantage de participer à mieux connaître son corps et à mesurer son excitation. Par exemple, cela peut aider les hommes à mieux maitriser l’éjaculation précoce ou leur érection. Côté femmes, la masturbation permet d’explorer leur anatomie, notamment le clitoris ou le vagin.

En somme, le confinement – en solitaire ou en couple – est l’occasion idéale pour faire le point sur sa sexualité. Masturbation, érotisme, relations sexuelles, … Tous les moyens sont bons pour favoriser la découverte de son corps et celui de son complice !

À SAVOIR

Sexualité rime avec volonté ! Le confinement n’excuse rien : si vous êtes victime de violences sexuelles, vous n’êtes pas seul(e). Le 39 19 est un numéro d’écoute national pour les femmes victimes de violences conjugales. Vous pouvez aussi vous rendre dans une pharmacie pour demander de l’aide, votre situation sera prioritaire. 

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