Qui contacter en cas de blessure sur les pistes ? Quelles précautions prendre ? Quels gestes à éviter ? Jean-Baptiste Delay, président de l’association des médecins de montagne et praticien dans la station des Carroz, en Haute-Savoie, explique les bonnes pratiques à adopter en cas d’accident à ski.
1/ Appeler les bonnes personnes
Il convient d’appeler les secours de pistes : faites descendre quelqu’un qui préviendra les remontées mécaniques. Ils ont des radios et préviendront les pisteurs. Sinon, souvent, sur le forfait est inscrit le numéro à appeler. Evitez de téléphoner au 17 de la gendarmerie ou au 18 des pompiers, vous vous retrouveriez avec un hélicoptère pour une entorse du genou, ou ils vous renverraient vers le service des pistes.
2/ Ne pas craindre d’aller voir le médecin de station
La loi montagne indique que si la personne n’est pas en mesure de se relever, elle sera descendue dans l’établissement le plus proche. Soit un cabinet medical, sauf si la désertification fait qu’il n’y en a pas. Or si la pose de plâtres constitue 50% de notre activité, nous avons aussi une expertise. Je vois plus de genoux qu’un chirugien orthopédiste. Nous avons du matériel de traumatologie, sommes souvent correspondants Samu, nous avons de grosses compétences et du matériel. Et oui, nous pouvons aussi faire des radios !
3/ Ne pas aggraver la blessure
Si le blessé est mobile, attention : cela peut être dommageable à long terme de le bouger. Exemple : une rupture de ligament croisé fait très mal sur le coup, puis plus rien. Pour peu que le genou ne soit pas instable, on peut finir de skier, rentrer, voir son généraliste de ville qui va diagnostiquer un épanchement de synovie et prescrire des anti inflammatoires qui vont augmenter l’épanchement. Or si on l’examine par rapport au genou opposé, on verra que le ligament est rompu. C’est typique, on voit ça dix fois par an. Sauf que derrière, le genou s’abîme et à 45 ans, certains skieurs prient pour avoir une prothèse. Ce constat est aussi valable pour le pouce.
4/Blessé inconscient : n’en faites pas trop !
Si le blessé n’est pas mobile et a pris un choc à la tête : le casque de ski se retire plus aisément qu’un casque de moto et le risque est moindre. Toutefois, mieux vaut ne pas toucher la personne et attendre les pisteurs. Il n’y a pas d’urgence à retirer le casque. Ne touchez pas la personne, ne la tirez pas par les bras sinon vous pourriez aggraver une lésion rachidienne. Mettez les skis en croix, protégez le périmètre et donnez l’alerte. Ne retirez pas non plus les chaussures : elles servent de plâtre et vous risqueriez de faire mal pour rien. De plus, le pisteur ne sera pas content de devoir descendre quelqu’un en chaussettes qui risque d’avoir encore plus froid…
5/ Pas de constat, mais…
De plus en plus de collisions sont répertoriées en gendarmerie par les services des pistes. Il convient de prendre les coordonnées des tiers et, quand il y en a, des témoins éventuels. Cela sort un peu de ma compétence mais il arrive que des protagonistes s’engueulent au cabinet. D’ailleurs, sur la feuille de soins, il est désormais demandé si l’accident a été causé par un tiers. Je laisse remplir les gens…
Consultez la liste de tous les médecins de montagne sur www.conseil-national.medecin.fr
A savoir
Selon une récente enquête sur l’accidentologie des sports d’hiver, plus de 150 000 blessures sont enregistrées chaque année sur les pistes de ski françaises, dont près de 30% d’entorses du genou (essentiellement des ruptures du ligament croisé antérieur), 14,5% de lésions de l’épaule et 7,5% de factures du poignet. Malgré une forte progression du port du casque, le tiers des blessures à la tête, dont les traumatismes crâniens, ont été occasionnées lors de collisions. Ces collisions représentent 11% des accidents sur les pistes.