Suivi post-natalité : un « projet d’avenir » en Auvergne-Rhône-Alpes : une nouvelle charte ville-hôpital
Suivi post-natalité : un « projet d’avenir » en Auvergne-Rhône-Alpes : une nouvelle charte ville-hôpital © Freepik

Conséquence du Covid-19, les séjours en maternités ont été raccourcis, avec à la clé de légitimes inquiétudes liées à l’organisation du retour au domicile et du suivi post-natal. À Lyon, un réseau libéral s’est formé pour accompagner les nouvelles mamans, avec la sage-femme comme rôle-clé. Testé pendant deux mois au Médipôle Lyon-Villeurbanne, l’initiative a fait ses preuves. Elle pourrait être pérennisée et étendue dans la région. Le point avec Marie-Pierre Royer, présidente de l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) Sages-Femmes, en Auvergne-Rhône-Alpes.

Les conséquences de la crise du coronavirus se font chaque jour plus nombreuses. En plus d’une baisse de natalité inquiétante de 15 à 20%, le contexte sanitaire a rendu difficile le suivi post-natalité et le séjour en maternité après l’accouchement. « Dans les services de maternités, nous avons recensé sur la région quelques cas graves en réanimation lors de la première vague. Mais malgré tout, les autres femmes devaient écourter leur séjour pour réduire les risques de contamination. L’hôpital était considéré comme un lieu de cluster », explique Marie-Pierre Royer. Sage-femme à Villeurbanne, elle préside l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) Sages-Femmes, en Auvergne-Rhône-Alpes. En temps normal, les nouvelles mamans sortent de la maternité au bout de trois jours, quatre en cas de césarienne. Lors de la crise sanitaire, les délais ont été raccourcis d’un jour.

Pour pallier aux sorties précoces des maternités, l’URPS Sages-Femmes a mis en place durant l’été une coordination ville-hôpital avec le Médipôle, centre hospitalier privé situé à Villeurbanne. Un essai de deux mois auquel a participé l’association des sages-femmes du Rhône. « Cette coordination a permis de rassurer les praticiens hospitaliers qui s’inquiétaient de voir partir plus tôt que prévu les mamans. Cela a permis de mettre en lien soixante patientes avec la sage-femme de leur quartier. L’objectif était de préserver l’accompagnement et le suivi médical post-natal », détaille Marie-Pierre Royer.

 

Une initiative partie de WhatsApp

À partir de 2014, la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) du Rhône mettait en place le programme retour d’accompagnement à domicile (PRADO). Des agents de la sécurité sociale rencontraient des patients dans les services maternités pour trouver une sage-femme à celles qui n’en disposaient pas. « C’est essentiel d’avoir un suivi post-natalité. Lorsque le bébé naît, plusieurs choses sont à surveiller par la médecine de ville. Notamment le bon rétablissement de la maman, la surveillance du bébé, et surtout l’accompagnement à la parentalité … », explique Marie-Pierre Royer.

Mais début 2020, durant le premier confinement de mars, « le PRADO s’est arrêté ». En cause : la crise sanitaire qui aurait accéléré une décision « car les agents de la CPAM ont été détournés vers le tracing pour la Covid » selon Marie-Pierre Royer. Pour faire face à la situation du printemps où les patientes sortaient précocement sans avoir de sages-femmes les accompagnant, un réseau s’est mis en place rapidement. « Ce groupe a été créée à l’initiative de quelques collègues libérales qui a attiré ensuite deux cents sages-femmes sur WhatsApp pour s’organiser de manière informelle. L’objectif était de répondre aux besoins des patients, comme les consultations, IVG médicamenteuses, … », rappelle Marie-Pierre Royer.

Sur leurs temps libres, les sages-femmes ont tenus à maintenir un lien entre les patientes et permettre la continuité du suivi médical. Vers la fin du premier confinement, les sages-femmes du groupe WhatsApp accompagnée par Marie-Pierre Royer font part d’une envie d’officialiser le groupe informel. « Nous souhaitions monter une organisation concrète, avec des chartes afin de paraître plus crédible. » Ainsi, début mai, vingt-cinq femmes se divisent des objectifs pour mettre en place une charte. Une expérimentation grandeur nature a eu lieu durant l’été avec le Médipôle de Villeurbanne.

 

Création d’une charte ville-hôpital pour le suivi post-natalité

L’idée principale de la charte ville-hôpital permet une pluridisciplinarité autour du sujet.  « Cela permet une grande concertation pluri professionnelle de la périnatalité autour de ces prises en charge particulières, que sont les réseaux de périnatalité, l’URPS Médecins pédiatres, gynécologues et généralistes. Et également les praticiens médicaux sociaux de la protection Maternelle et Infantile », explique Marie-Pierre Royer.

Le projet tourne autour de trois axes. Celui de promouvoir le rôle de la sage-femme référente dès le début afin d’anticiper au mieux la sortie de la maternité avec la distribution et la promotion d’une affiche qui permet aux patients de trouver une sage-femme proche de son domicile. « Cette idée a été présenté au réseau de périnatalité Aurore qui représente 23 maternités dans la région. Ils ont trouvé cela très pertinent pour la sécurisation de la prise en charge », rajoute Marie-Pierre Royer.

La charte ville-hôpital, fort de son alliance pluri professionnelle, permet ainsi de clarifier le parcours de la maternité. Plus précisément, la mise en place du projet permet d’abord le suivi classique, selon Marie-Pierre Royer. Mais également « des consultations non programmées après la sortie avec les médecins libéraux afin d’éviter les passages aux urgences. » 

 

Placer la sage-femme au cœur du suivi post-natalité

L’un des atouts de cette nouvelle charte est l’inclusion de nombreux professionnels de santé. « Dans cette charte, nous incluons tout le monde : les libéraux et les praticiens. Cela sert également à clarifier le parcours du patient, ce qui permet de sécuriser le tout ». Une clarification jugée utile. En effet, selon Marie-Pierre Royer, la sage-femme n’est pas constamment bien identifié dans le parcours des soins.

Pourtant, l’offre de soins possible par la sage-femme est fortement appréciée par les mamans. Selon des données de la CPAM du Rhône, en 2019, les retours sont positifs à 99%. D’où vient alors ce manque de reconnaissance, du moins de perception, de la place de la sage-femme ? Une méconnaissance du sujet et certains a priori. « Les médecins praticiens ont un manque de confiance envers la médecine de ville, et pas uniquement sur les sages-femmes. Lorsqu’un nourrisson sort dans les quarante-huit heures de la maternité, il faut une visite obligatoire dans les dix jours. Les pédiatres hospitaliers craignent que les généralistes n’aient pas une formation suffisante en pédiatrie. Afin de lever ces freins, la charte prévoit une formation à la prise en charge du nouveau-né », constate Marie-Pierre Royer.

Cette charte démystifie ainsi certaines idées reçues et de rétablir un lien de confiance entre tous les professionnels de santé. Le projet met en place actuellement une campagne de communication avec la distribution d’affiches à venir. 

 

 Des retours positifs pour un projet qui vise le long terme

D’un point de vue général, cette nouvelle coordination améliore le suivi post-natalité. Selon Marie-Pierre Royer, « cette expérimentation est très intéressante pour les usagers de la santé qui bénéficient de ce service d’accompagnement par une sage-femme libérale à domicile dès le premier jour de la sortie de la maternité. »

Après plusieurs mois d’expérimentations à Médipôle, les retours sont positifs toujours selon Marie-Pierre Royer. « Médipôle souhaite faire perdurer cette expérience. Du côté des libéraux, nous retrouvons une grande satisfaction grâce à l’amélioration de la communication avec les hôpitaux. » Le bilan révèle les difficultés du projet encore au stade embryonnaire. « Notre permanence de soins n’est pas organisée car elle n’est pas financée. Le coût de la coordination a été fait bénévolement durant deux mois par les sages-femmes. Cela a pu créer des lacunes dans l’organisation, comme des collègues qui ne répondaient plus présents… »

Le souhait global est celui de poursuivre le projet. Mais également de le promouvoir dans les autres réseaux de périnatalité de la région. Dans ce sens, l’URPS Sages-Femmes a sollicité le 17 novembre dernier un financement de 34 600 euros. Une demande adressée auprès de la Fondation de France, un organisme privé. Pour le moment, « pas de réponse. Mais nous souhaitons faire perdurer cette organisation. Et la développer dans la région Auvergne-Rhône-Alpes » conclut Marie-Pierre Royer.

 

À SAVOIR

Créée en 2012, L’URPS SAGES-FEMMES RECENSE 929 PRATICIENNES LIBÉRALES. Une Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) MET en place Des politiques de santé.

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